Une escroquerie politique à l’opposition congolaise

J’ai lu avec une attention particulière le communiqué de presse relatif à la réunion de prise de contact du conseil des présidents des partis politiques de l’opposition qui s’est tenue à Brazzaville le 04 mai 2018 au siège de l’UPADS. Cette réunion  présidée par Pascal TSATY MABIALA a connu la présence  de quinze (15) partis politiques dont le parti républicain libéral (PRL) de FILLA  saint EUDES.

L’opposition politique congolaise ne doit être pas un supplétif du pouvoir en place mais elle est et doit être une force politique qui s’oppose à celui-ci  et se bat pour une alternance démocratique. Elle devrait apporter le débat contradictoire sur les enjeux nationaux et faire des contres propositions. Comme disait l’écrivain AMBROSE  BIERCE,  «  l’opposition est le parti politique qui empêche le gouvernement d’aller battre la campagne avec incohérence, en lui coupant les jarrets ».

La question que je me suis permis de me poser est celle de savoir si FILA Saint EUDES ministre du gouvernement depuis 2016 est- il  un opposant pour que son parti politique prenne part à ladite réunion ?

Tout le monde sait que FILA Saint EUDES a toujours travaillé pour le pouvoir en place. Déjà, en  2009 alors que Mathias NDZON s’était retiré de l’élection présidentielle parce que les conditions d’une élection libre et transparente n’étaient pas réunies, FILA Saint EUDES accompagna le président Denis SASSOU NGUESSO à cette élection dont le résultat était connu d’avance. Depuis, Il fut nommé sénateur et président de la commission économie et finances de la haute chambre du parlement par la volonté du pouvoir.il fut nommé depuis 2016 ministre de l’enseignement technique et professionnel, de la formation qualifiante et de l’emploi, toujours par la volonté du chef de l’Etat. Alors que la vraie opposition politique posait des conditions et avait boycotté le dialogue de SIBITI pour se retrouver à DIATA, il alla pieds et mains liés avec son groupe du COPAR participer à ce dialogue qui avait entériné le changement de la constitution du 20 janvier 2002 dont les effets positifs se font toujours attendre si ce n’est un recul démocratique observé depuis que cette mascarade fut organisée. Comment dans ces conditions peut-il se prévaloir de la qualité d’opposant au pouvoir de Brazzaville? Est-il rentré dans le gouvernement dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale ? A cette dernière question, la réponse est non.

J’ai encore en mémoire la dernière élection législative qui s’est déroulée le 16 juillet 2017.A cette élection le ministre NICK FILA Saint EUDES était candidat à la députation dans la circonscription électorale de la commune de KINKALA .Le scénario de cette élection avait carrément confirmé l’appartenance de NICK FILA Saint EUDES à la majorité présidentielle  .En effet alors que celui-ci  était opposé au deuxième tour à Fidèle KANZA de l’UDH-YUKI lors d’une élection qui s’est tenue le 30 juillet 2017, tous les candidats de la majorité présidentielle avaient demandé à leurs électeurs de porter leurs voix sur le candidat FILA Saint EUDES .Même Carole Andréa SASSOU NGUESSO ,fille du chef de l’Etat ,arrivée en troisième position avait demandé à ceux qui l’avait soutenu de voter pour  FILA Saint EUDES. Toute la force publique ainsi que l’administration étaient mobilisées pour la cause de FILA Saint EUDES. Quel est donc cet opposant qui bénéficie du soutien du pouvoir alors qu’il était opposé à un candidat de l’UDH-YUKI ?

Quelle action politique digne d’une opposition, le parti de FILA Saint EUDES a t-il déjà mené dans notre pays depuis que le président SASSOU NGUESSO est revenu au pouvoir ? Quel amendement de grande portée le suppléant de  FILA saint EUDES  a-t-il déjà fait à l’assemblée nationale depuis août 2017?

Comment un ministre qui vante à chaque occasion les mérites du chef de l’Etat et qui  se dit être << fier de jouer un rôle dans la concrétisation des ambitions du président Denis SASSOU NGUESSO de résorber le chômage des jeunes a travers la formation qualifiante >> peut-il se définir encore comme un opposant  à ce même président de la République ?

La participation du parti de FILA Saint EUDES aux réunions de l’opposition pose le problème de la crédibilité de notre opposition et  relève d’une escroquerie politique dont l’effet politique escompté est surement l’affaiblissement pur et simple de ladite opposition. Cette escroquerie politique est trop flagrante et ne peut donc passer comme une lettre à la poste.

En politique, il faut baser ses actions sur des principes pour ne pas aller dans tous les sens sans véritable repère. Quand on est avec le pouvoir, il faut avoir la clairvoyance mais surtout le courage d’assumer ses choix et non se camoufler en pratiquant la politique de l’Autruche. On ne peut pas en même temps être à la majorité présidentielle de façon officieuse et à l’opposition en même temps.

Nous devons refuser de dérouler le tapis rouge à ceux qui mangent à toutes les tables, qui font le vagabondage politique et sont maitres dans la compromission et l’allégeance absolue au pouvoir en place à Brazzaville.

L’opposition ne doit pas être un ramassis d’homme politiques incapables d’assumer leurs actes, de dire clairement de quel coté ils se situent exactement. C’est pourquoi, je loue en passant la lucidité, le courage  mais aussi l’attitude de ceux  qui ont clairement fait le choix de soutenir le président Denis SASSOU NGUESSO et ne se cachent pas contrairement à certains qui se réclament de l’opposition sans vraiment faire de l’opposition.

Nous devons prendre nos responsabilités en n’associant plus, ceux qui se comportent comme des chauves-souris à l’instar du  ministre  FILA Saint EUDES, des activités de l’opposition car ce dernier est plus proche du pouvoir en place que de l’opposition. Continuer à l’associer c’est envoyer un message comme quoi nous adhérons à sa façon de faire de la politique. Sa place est à la mouvance présidentielle et non à une opposition qui se veut responsable.

Que dire de Michel MBOUSSI NGOUARI, Bonaventure BOUDZIKA, Jean EBINA et de Chris Antoine WALEMBEAUD (excusé) tous, membres de la  convention des partis républicains (COPAR) comme FILA Saint EUDES ? Ces responsables politiques  sont-ils vraiment des opposants? Si oui, en quoi le sont –ils ? Si non, que font ils donc dans les réunions de l’opposition ? En réalité, la  COPAR est loin de se comporter comme un groupement des partis de l’opposition et apparait beaucoup plus comme un  cheval de Troie du pouvoir pour  saborder la vraie opposition.

Une opposition politique qu’elle soit parlementaire ou pas doit statuer sur les programmes, les politiques et la conduite du gouvernement en place. Elle doit veiller à ce que les points de vue divergents sur la politique du parti au pouvoir soient exprimés et défendus sur la place publique.

L’opposition ne se décrète pas, elle se manifeste sur le terrain par des propositions. On n’a pas besoin d’une opposition qui serait une auxiliaire de la majorité présidentielle, une opposition qui va baigner dans la traitrise, la compromission et sera encartée au pouvoir de Brazzaville, une opposition plus prompte à aller  à la mangeoire qu’à jouer son rôle.

L’opposition que nous voulons doit être une sorte de contre-pouvoir qui va travailler sans relâche pour incarner la possibilité d’une alternance démocratique et pacifique dans notre pays. Elle doit être le porte étendard d’une population congolaise qui aspire à la paix, au développement et au changement au sommet de l’Etat congolais.

Pour le Congo de demain et pour la consolidation de la démocratie dans notre pays, on a besoin d’une opposition qui se bat pour que le pouvoir actuellement en place au Congo Brazzaville nous débarrasse  le plancher.

Henri blaise NZONZA

2 thoughts on “Une escroquerie politique à l’opposition congolaise

  1. Difficile de s’opposer à sassou quand on est beau père de son fils,selon la rumeur kiki aurait un enfant avec la fille de fila,,,Difficile aussi pour tsatsy mabiala de s’opposer à sassou car il a été nommé par ce dernier.IL est difficile à l’opposition de s’affirmer dans un pays en état de siége et de coup d’état permanent.La grave erreur de l’opposition c’est d’avoir négligé l »option militaire contrairement à sassou qui est surarmé grace à l »argent du pétrole.Ni mokoko ni okombi ni kinfoussia des habitués d’armes ni tsatsy mabiala ni bowao anciens ministres de la défense n’ont prévu un plan B militaire connaissant sassou.Sassou continue sa diversion avec ses procès de mokoko,okombi,makaya et gagne du temps pour installer son fils kiki par la force des armes en 2020;ces procès ne motivent pas le peuple affamé,sans salaire,sans bourse ni pension de paralyser le pays par une grève générale que craint sassou.

  2. IMMUNITÉ JURIDICTIONNELLE DE J3M MOKOKO SANS VALEUR ET D’AILLEURS D’AUTRES DISSIDENTS ET POURQUOI ?
    LE PEUPLE BANTOU CONGOLAIS N’EST-IL APPARU ET N’A T-IL EXISTÉ QUE PENDANT LA DICTATURE DE SASSOU ET DES NGUESSO?
    IMMUNITÉ JURIDICTIONNELLE DE J3M MOKOKO SANS VALEUR ET D’AILLEURS D’AUTRES DISSIDENTS ET POURQUOI ?
    Le préalable pour l’immunité juridictionnelle reste la servitude volontaire ou involontaire à la dictature de Sassou et des Nguessos. A défaut et dans 99,97% de cas, l’immunité juridictionnelle des dissidents, résistants, adversaires et concurrents à la dictature de Sassou et des Nguessos n’a aucune valeur juridique. Par conséquent, les situations juridictionnelles d’Okombi Salissa, de Jean Marie Michel Mokoko et de bien d’autres, viennent des cas d’école pendant cette dictature (Isidore AYA TONGA). https://www.youtube.com/watch?v=RYc48AlPt28&feature=youtu.be

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