Le Congo-Brazzaville à la croisée des chemins de son histoire

Le Congo vit depuis son indépendance des heures sombres surtout sur le plan politique où la violence est devenue le moyen le plus prisé pour accéder au pouvoir.

Après une expérience ratée de démocratisation du pays, le malheur nous poursuit. Ainsi à ce jour nous sommes incapables de gérer la chose publique pour le bien du peuple. Les intérêts personnels égoïstes surtout tribalistes ont primé sur la gouvernance. Les effets de cette malgouvernance qui consiste à exclure nombreux d’entre-nous de la gestion publique a atteint ses limites. Nous avons doublement échoué. Ceux qui ont mal géré le pays car aux affaires, et ceux qui sont partis du pays pourchassés par la dictature et enfin d’autres à un moment de leur vie pour un avenir meilleur à l’étranger. Nous sommes tous d’accord pour dire maintenant que notre pays ne peut plus continuer dans cette direction. Nous devons penser la république comme un héritage de gloire et de regrets. Ce sera notre devoir de mémoire. L’erreur est humaine mais persister dans l’erreur c’est diabolique.

Les incivilités politiques qui ont consisté au changement de la constitution, au hold-up électoral ont fini par mettre par terre ce que nous avons jusque-là tenté paisiblement de construire pour notre pacte républicain. Le déficit abyssal de la dette publique a fini par nous achever. Nous sommes à la croisée des chemins de notre histoire pour voir quelle voie nous allons suivre pour sortir notre pays de la mauvaise passe dans laquelle il se trouve. Le choix que nous allons faire sera déterminant pour le type de société que nous voulons bâtir. La guerre qui réveille la sauvagerie de l’homme n’a jamais été une solution pour résoudre les problèmes d’une nation. La violence engendre la violence, les représailles engendrent les représailles.

Il y a actuellement un débat dans notre société congolaise, ce qui est sain, sur les différentes stratégies de sortie de crise à adopter. Ceux qui veulent un départ sans condition de notre tyran par une révolution populaire en faisant descendre le peuple dans la rue. Le pouvoir est dans la rue dans une démocratie mais pas dans une dictature qui usera toujours d’une force disproportionnée pour arriver à ses fins. Force est de constater que le peuple congolais est traumatisé, échaudé par les différentes guerres civiles qui se sont succédées dans ce pays et le non-respect des engagements des Hommes politiques. Il ne veut plus servir de chair à canon face à cette dictature qui a décidé d’acheter des armes, de mettre en place une milice privée, au lieu de s’occuper du peuple. Le Congo est devenu un état policier dans lequel toutes les libertés fondamentales sont systématiquement bafouées sans que la communauté internationale ne s’en émeuve. La guerre civile du Pool, avec tous ses morts et ses déplacés, se déroule dans l’indifférence générale. Au lieu d’apporter une solution à tous ces maux, le prince d’Edou préfère voler au secours de la Libye en préconisant des solutions qu’il est incapable d’appliquer pour notre pays. C’est ça notre drame dans lequel la hiérarchie des normes est bouleversée.

Je suis de ceux qui pensent qu’il faille aller de l’avant en assumant notre passé tout en espérant un avenir meilleur que ce nous avons vécu jusqu’à ce jour. Dans notre monde civilisé les vertus du dialogue ne doivent pas être sous estimées. Même en diplomatie, la guerre n’est que la dernière option à envisager quand le dialogue a échoué. Notre rêve républicain est de réconcilier tous les Congolais afin que les promesses d’une vie meilleure soient tenues. Etre Congolais ne se définit pas par rapport à notre lieu de naissance, mais parce que nous partageons en commun plus de choses que ce qui nous divise. L’identité tribaliste nous éloigne des questions sociales, culturelles, économiques auxquelles nous n’avons apporté aucune solution à ce jour. Les démagogues se servent de cette théorie pour pouvoir ethniciser le débat et nous diviser. Il faut rassembler le pays car il sombre dans le chaos. Nous ne pouvons continuer à vivre dans le cadre d’un avenir menaçant mais prometteur.

C’est ainsi qu’avec certains d‘entre-nous et non des moindres, nous avons pris le pari d’un dialogue politique inclusif afin de solder cette page sombre qui n’honore personne. Loin s’en faut, ce ne sera pas un dialogue sans condition. Nous devrions nous réapproprier notre pays pour ne pas être exclu de facto de la gestion publique. Nous ne prétendons pas avoir raison contre tout le monde, mais le contexte nous oblige à surmonter nos rancœurs et nos peurs.

Nous avons nos voix à faire valoir, des solutions pérennes de sortie de crise et un nouveau cadre juridique pour la bonne gouvernance à proposer. Cela ne pourra se faire qu’autour d’une concertation entre tous les Congolais. Nous avons tous le même objectif mais les moyens d’y arriver divergent. Nos positions ne peuvent être figées comme dans du marbre. Le statu quo c’est la mort, le changement c’est la vie. Une troisième voie est possible dans notre convergence des luttes. C’est de la discussion que jaillira la lumière dont à urgemment besoin notre peuple lassé de nos querelles inutiles. Le débat est lancé. Le dialogue véritable suppose la reconnaissance de l’autre à la fois dans son identité et dans son altérité.

Nous sommes le camp de la paix qui suppose faire des concessions mais pas des compromissions car il n’y aura pas la victoire d’un camp sur un autre. La politique c’est l’art du compromis, c’est l’art du dialogue qui privilégie le pragmatisme à l’idéologie. Il nous revient en ces temps cruciaux que traverse notre pays de se déterminer individuellement afin de faire le choix que nous estimons juste pour notre nation. J’entends cette colère qui monte, qui a un sens politique, mais qui ne saurait être la haine de l’autre.

C’est Jacques Lacan qui écrivait : « Le dialogue parait en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité ». Des victimes d’hier ne devenons pas les bourreaux d’aujourd’hui.

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

4 thoughts on “Le Congo-Brazzaville à la croisée des chemins de son histoire

  1. Le saviez-vous que depuis la fin de la conférence nationale souveraine de 1991 jusqu’à nos jours – le Congolais s’est déstructuré, désorganisé, déclassé, décivilisé et déshumanisé tant au niveau des mentalités, des habitudes, des comportements qu’au niveau des valeurs immorales – qui sont celles de l’indignité politique, sociale, culturelle, civile et militaire.
    Alors pourquoi vouloir organiser une nouvelle conférence nationale souveraine – dans cet environnement qui, vraisemblablement est de plus en plus tribal, ethnocentrique, égocentrique, liberticide, antidémocratique, antisocial et surtout criminogène de masse sur différentes échelles nationales? Explications sincères et justes congolaises !!! https://www.youtube.com/watch?v=J3sU5F-osWU

Répondre à L’APRES SASSOU A DEJA COMMENCE ET UNE AUTRE FRANCAFRIQUE EST POSSIBLE ET POURQUOI? Annuler la réponse.