Pourquoi j’ai attaqué l’Ambassade du Congo-Brazzaville à Paris

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Paris Match a rencontré un des trois auteurs de l’attaque à la voiture bélier du 22 juin 2016 contre l’ambassade du Congo-Brazzaville à Paris

Non-professionnel, il a commis l’impair de laisser des empreintes derrière lui, Herold, 24 ans, a été appréhendé par la police le 6 septembre 2016 sur son lieu de travail, un supermarché à Anthony, dans les Hauts-de-Seine. Ses collègues ne se doutaient pas alors que le jeune homme était un activiste, ayant participé à une opération commando à caractère subversif. Il y a laissé sa voiture et son job.

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Jugé en comparution immédiate, il reconnaît les faits: «j’ai attaqué l’ambassade, j’étais le chauffeur et c’était ma voiture. J’ai forcé la porte. Puis ça a duré deux minutes, on a lancé des cocktails Molotov et on est reparti en courant.»

Bilan: des dégâts matériel, et aucun blessé. Aujourd’hui, Herold se confie sur ses motivations: «on a fait ça pour interpeller les Français, pour leur demander de changer leur politique !» Herold s’interrompt puis lâche, dépité: «mettez des dictateurs si vous voulez, mais au moins changez-les!» Au motif politique, s’ajoute une expérience personnelle. Depuis son enfance, il nourrit une haine contre le Parti congolais du Travail (PCT).

«Mon père travaillait avec Pierre Ngolo, ancien secrétaire général du PCT, raconte le jeune homme. Quand il est mort, ils nous ont abandonnés. On a dit à ma mère qu’il y avait plein de veuves et qu’elle n’avait droit à rien. On a vécu dans la misère parce qu’on n’avait pas les bons passe-droits, ni les bonnes relations.»

Lorsqu’on a entendu que Sassou voulait changer la constitution, on a tout compris. »

«On est arrivé en France en 2012, j’avais 20 ans. Je ne voulais pas que les Congolais vivent ce que j’ai vécu, je voulais libérer ce pays», raconte Herold. Il entre dans un cercle d’activistes et commence à participer à des manifestations où il rencontre Donald «Imperator». Cet ancien gérant d’une bibliothèque de Pointe-Noire a gardé souvenirs douloureux de la guerre civile: une mère battue devant lui, des cousins abattus et lui un pistolet collé sur la tempe à 15 ans.

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«On savait qu’il allait couper l’électricité, encercler les opposants. On savait qu’avec lui personne d’autre ne pouvait gagner.

Malgré cela, on a voulu y croire. J’ai pleuré le jour où on a annoncé les résultats. Personne ne disait rien, François Hollande, le président français, n’a rien dit. On s’est senti abandonnés et on est partis à la confrontation.»

Le discours des opposants se radicalise. «Arrivé au pouvoir par un coup d’état en 1997, Denis Sassou-Nguesso ne lâchera rien par les urnes», nous expliquent plusieurs opposants rencontrés à Paris. Le cercle autour du président sortant s’est réduit, de nombreux conseillers l’ont lâchés. Restent ses plus proches, sa famille qui tient les clefs de l’économie dont son fils Denis Christel poursuivi par la justice australienne. Cela ressemble à une fin de règne, mais comme un vieux lion, Sassou s’accroche.

Le spectacle est peu réjouissant pour les Congolais, mais il y a pire: des vagues de répression dans le Sud de Brazza, des opposants emprisonnés et les bombardements dans le Pool. Herold rejoint le groupe des «Mouvement des combattants congolais à Paris». Il gagne le surnom de «petit maître». «On nous appelle les résistants combattants de Brazzaville», dit-il. Guy Mafimba, un représentant de l’opposant André Okombi Salissa, les encourage ouvertement à agir ces jeunes qu’il qualifie de résistants. Il compare le «Congo Libre» à la «France libre» du général de Gaulle.

« Brazzaville était capitale de la France libre, aujourd’hui Paris est la capitale du Congo libre »

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Le groupe de «résistants» se contente d’abord de piéger les responsables politiques en déplacement à Paris en leur envoyant des œufs et de la farine. «Notre objectif est de leur faire sentir qu’ils ne sont pas tranquilles quand ils viennent à Paris.»

Dans l’organisation, Donald dit «Imperator» joue le rôle de tuteur. Ensemble, ils décident de porter un coup aux représentants d’un pays qu’ils n’appellent plus le Congo, mais «Sassouland». Trois jeunes «combattants» vont constituer l’équipe: outre le jeune Herold, Bran dit «Mendela» un ancien enfant-soldat qui vit au Havre et Faye.

Devant les juges, l’avocat défendra le geste politique, celui de résistants face à l’oppresseur. Il y aurait été question de la France sous Vichy, des actes de sabotages organisés par la résistance aujourd’hui vantés dans les livres d’histoires. Herold n’a pas d’antécédents judiciaires, il écopera d’une peine minimale. Bran va être condamné à une peine de prison ferme à cause d’un antécédent, Faye est jugé aujourd’hui, mardi 18 octobre à la 6ème chambre du Palais de Justice de Paris.

En attendant que ces amis retrouvent leur liberté, Herald pointe au commissariat chaque semaine et cherche un nouvel emploi. Son rêve: rentrer un jour chez lui dans un Congo qui aura fermé le chapitre du «Sassouland».

François de Labarre (Paris Match)

9 thoughts on “Pourquoi j’ai attaqué l’Ambassade du Congo-Brazzaville à Paris

  1. Dieu est du côté de la raison avec Hérold, Donald, Fave, Youss, Mokoko, Mapingou, Toungamani, Miayoukou et bien d’autres compatriotes, la dictature de Mpila sera vaincu, elle agonise, l’agonie de l’éléphant étant lente, c’est la fin

    1. Chè(e)r(e)s compatriote(s),

      Le Militant de la Résistance félicite nos amis de la Diaspora en général, Les Combattants et Les Indignés du 242 en particulier de rendre ainsi honneur à nos héros en se battant à leur tour là où ils sont pour la défense de nos territoires, de nos populations et de nos valeurs contre les criminels néo-colonisateurs et de leurs valets locaux.

      Le Militant de la Résistance invite la Diaspora à la mobilisation pour soutenir tant matériellement que moralement nos héros Les combattants de la liberté qui luttent déjà avec succès dans l’Hexagone. Nos amis de la Résistance emprisonnés dans les geôles de la Françafrique ont besoin de votre bonne volonté pour assurer leur défense, pour les aider en poursuivant la lutte. Notre peuple est avec vous et attend votre retour triomphal au Congo dès la chute du régime moribond de SASSOU. VIVE LA RESISTANCE ! VIVE LE CONGO LIBRE !

  2. Le terroriste d’Etat ou du terrorisme d’État consiste en l’utilisation de la terreur armée, policière, et judiciaire exercée sur sa propre population par l’autorité suprême de fait ou de droit.

    Le terrorisme d’état se résume: les arrestations arbitraires, la torture, les actes de barbarie, les tribunaux expéditifs, les emprisonnements sans foi ni loi, les disparitions suspectes et les exécutions hors-procès sont cités comme pratiques courantes de terrorisme d’État, souvent utilisées pour terroriser les populations par les régimes politiques tyranniques et ou dictatoriaux. http://congo-objectif2050.over-blog.com/2016/10/le-dictateur-sassou-a-t-il-industrialise-le-terrorisme-d-etat-au-congo-brazza-et-pourquoi-faire.html

  3. L’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen datant de 1789 devant ici être rappelé: «La communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme: tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi» – la juridiction applicable ici est celle du monde libre et non celle des institutions illégales et illégitimes affidées au régime tyrannique et sanguinaire du dictateur Monsieur Sassou Nguesso. http://congo-objectif2050.over-blog.com/2016/10/le-dictateur-sassou-a-t-il-industrialise-le-terrorisme-d-etat-au-congo-brazza-et-pourquoi-faire.html

  4. L’article 11 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen datant de 1789 devant ici être rappelé: «La communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme: tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi» – la juridiction applicable ici est celle du monde libre et non celle des institutions illégales et illégitimes affidées au régime tyrannique et sanguinaire du dictateur Monsieur Sassou Nguesso. https://www.youtube.com/watch?v=7Pp-vOYm3xI

  5. il faut compter sur vous meme et non sur la france , et vous avez voulu semer le desordre en croyant que la france devrait intervenir pour vous comme elle l’a fait au Bourkina . ne vivez jamais par comparaison mes amis le congo est souverain et c’est au congolais de resoudre leurs problemes si vous faites votre opoosition il faut la faire au congo et non à l’etranger , maintenant que tu sera jugé pour ton Ambassade brulée tu dis qoi ??à suivre

  6. il faut que les congolais se ressaisissent les gars comme les mouambe n’auront pas de place au Congo libéré. je vous assure que certains n’ont pas encore connu l’exil ou le désert d’agadeze ou de ténéré. Même si moungalla ndoundou refuse le dialogue on a vu en face ceux qui n’étaient pour le dialogue on fini par crier à longueur de journée dialogue dialogue. Aujourd’hui ceux qui disent NON au dialogue ne savent pas comment ils seront encore les députés de demain. il faut demander à yoka comment yoka yokele encore demain dans sa localité, de même comment Firmin Ayessa expliquera aux Makoua la prison de son aîné général, la liste est longue une chance pour eux ils sont toujours nommés et non élus exemple de HUGUES à GAMBOMA, OSSIALA à Talangai, KIKI à OYO . Comment le PCT qui n’a pas peur de la democratie ne peut pas assurer une transparence dans les élections comme celles de 1992?

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