Contribution à la compréhension du drame que connait le département du Pool

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 »Le diviseur commun du Congo s’appelle Sassou, son clan et ses amis politiques qui n’ont aucun respect pour l’être humain.

L’histoire qui s’écrit sous nos yeux concernant les tueries en masse perpétrées par le pouvoir sanguinaire de Denis Sassou Nguesso, me contraint en tant que humaniste de donner quelques indications en ma possession.

L’acteur officiellement indiqué par le pouvoir est le pasteur NTUMI. J’ai ma connaissance de l’homme. Il s’est présenté à moi dans les années 90 alors que j’habitais le Centre de ville de Brazzaville comme un pasteur qui encadrait les malades mentaux d’autant plus que mon propre cousin, ingénieur agronome, se trouvait parmi ses malades. J’ai même modestement participé à son effort d »organisation. C’est ainsi que plus tard, il décidera d’aller construire un centre de rééducation de ses malades par le travail dans sa région, le Pool.

Quand la guerre de 1997 qui opposait Sassou à Lissouba commence, me trouvant à Bacongo, fuyant l’offensive des cobras dans la région, j’ai quelque peu assisté au commencement de cette guerre du pool. Mettant moi-même replié à «17 km » pour éviter cette offensive, j’ai vu les premiers déraillements. J’ai vu les cobras se ruer sur des jeunes qui étaient là sans armes. Tout avait l’apparence de règlements de comptes entre des gens qui se connaissaient bien. J’ai vu les premières réactions des populations qui y vivaient et qui disaient en « lari » qu’ils ne comprenaient pas cette sorte d’assaut contre les innocents. Elles disaient en substance que « lorsque le père meure, le nouveau mari de maman, on l’appelle papa ». Pour ces populations, Kolelas les ayant abandonné, celles ci acceptaient l’arrivée de Sassou qui pour elles, même s’il avait la réputation de courir derrière l’argent et les femmes, il les a toujours laissé tranquilles sous Sassou.

Fort de ce message, j’ai écrit en tant que humaniste mais aussi, en tant que fils du nord, pourquoi pas, à Sassou qui est du nord comme moi pour lui dire que cette guerre qui apparaissait à tout point de vue comme une pacification à travers la région du Pool, ne se justifiait pas, étant donné qu’il avait gagné et que les populations avaient accepté sa victoire.

Dans cette lettre, je lui présentais les conséquences prévisibles d’une telle manière de faire. La lettre existe. Elle est manuscrite et Sassou l’avait bien reçu…
Mais le phénomène Ntumi, pasteur de son état, a été créé du fait de cette violence contre laquelle les originaires du Pool ont dû s’organiser pour résister.
Donc, c’est au départ une résistance à l’arbitraire et à la violence des vainqueurs. On oublie souvent que c »est cette violence organisée qui a produit cette désolation illustrée par les nombreux disparus du Beach.

Qui, logiquement, accepterait qu’on vienne violenter, assassiner, piller, déstabiliser son espace vital, celui de ses aïeux. En tout cas, pas Sassou qui, pour moins que ça, il le sait, a dû se révolter du pouvoir des Kouyous parce que ceux-ci ne tenaient pas compte de lui, compagnon de Ngouabi pour la prise du pouvoir en 1968, et de son environnement qui était une lisière impraticable. D’où ce qui apparaît aujourd’hui comme une revanche en faisant d’Oyo la nouvelle capitale du Congo qui ne dit pas son nom.

Ntumi a été celui là qui a arrêté l’offensive militaire des cobras, angolais, tchadiens et autres mercenaires mobilisés pour la prise du pouvoir. Sassou en bon tacticien a dû passer un accord de paix, « la paix des braves ». Il l’a même nommé au gouvernement et lui a donné des moyens de subsistance.
Face à une telle victoire d’une simple résistance, Ntumi a pris conscience de sa force et s’est organisé en conséquence avec des moyens adéquats. Cette force s’est enracinée grâce aussi à la compréhension, l’acceptation et l’action de quelques fils du Pool et des proches politiques et militaires de Sassou jusqu’à ce que certaines complémentarités s’expriment en élection de l’oncle de Sassou, Emmanuel Yoka, comme député de Vindza. Ils ne peuvent pas nous dire le contraire aujourd’hui.

Une force parallèle, paramilitaire, ne peut pas s’implanter dans une région sans conséquences pour les vies humaines. En tant qu’humaniste et fils de ce pays, je ne pouvais pas accepter cette superposition de forces armées dans une région de mon pays. J’ai appelé Ntumi pour lui demander le sens de cet accord qui me paraissait nettement ambiguë. La réponse indirecte était qu’on ne pouvait « laisser le terrain libre à Sassou qui tout simplement jouait à cache cache ».
Cet accord avec Sassou a causé beaucoup de malheurs, beaucoup de douleurs du côté du peuple qui finalement l’a assimilé à Sassou et ne fait pas de différence entre Ntumi et Sassou. Beaucoup pensent que Ntumi agit en complicité avec Sassou pour maltraiter les habitants de sa région.

Comme si ce n’était pas suffisant, les cadres de la région, dévoués à Sassou, sollicitent d’une manière tout à fait perfide, l’implication du peuple dans la recherche de Ntumi, afin que Sassou en termine avec lui. A chaque fois, c’est le pauvre peuple de la région qui paye. L’histoire demain, ne retiendra pas cette version. La version qui va traverser les siècles c’est celle de Monsieur Sassou, originaire du nord du Congo, qui se serait organisé avec ses frères du nord pour aller causer des malheurs au Pool aux fins de conserver un pouvoir du nord qui dure bientôt 50 ans.

C’est par rapport à l’histoire que je me permets aujourd’hui de donner mon point de vue :

La première question qu’il faut se poser aujourd’hui, c’est celle de savoir pourquoi deux alliés hier en sont aujourd’hui à une division militarisée aux conséquences multiples pour les pauvres populations. Ntumi que je n’approuve pas forcément dans toutes ses actions dit clairement que « c’est parce qu’il a refusé de soutenir Sassou aux dernières élections que celui veut se venger, l’arrêter, le juger sinon le tuer ». Comme il a l’habitude de faire, il a divisé Ntumi et son cadet qu’il a armé pour s’opposer à Ntumi. Les Mokoko, Tsourou, Boukadia, Paulin Makaya etc.. payent aujourd’hui ce refus de collaboration avec Sassou. Celui-ci n’accepte pas et n’acceptera jamais que le peuple l’ait désavoué et disqualifié au premier tour des élections qu’il a lui même organisées au profit des deux candidats de l’opposition venus en tête, le général Mokoko et Parfait Kolelas. C’est pour cela aussi qu’il le fait payer à tout le peuple du Congo, au nord, à l’ouest, au sud et à l’est par les menaces et les exactions de toutes sortes;

La seconde question que l’on peut soulever est celle de savoir pourquoi les cadres, les intellectuels, considérés comme la lumière dans tous les pays, ceux qui éclairent le pays, montrent le chemin, se comportent aujourd’hui comme des aveugles. Toute cette compréhension que l’on fait à l’égard de Sassou par les intellectuels de tout bord ne s’explique pas et ne se justifie pas.

A mon humble avis, Sassou Nguesso s’est disqualifié lui même en violant tous les textes qui soutenaient son pouvoir et surtout, il a été rejeté par le suffrage universel. Monsieur Sassou n’est plus le président du Congo. Toutes les violences perpétrées contre le peuple sont des agissements d’un dictateur, d’un tyran qui a été vomis par son peuple.

Ntumi ne peut pas être seulement perçu comme celui qui fait du mal au peuple. C’est aussi un résistant et il a toujours été un résistant.

Ceux qui pensent que ce sont les gens du nord qui se sont organisés pour massacrer les gens du Pool et pourquoi pas tout le sud du pays, s’ils le font par ignorance qu’ils sachent qu’il n’y a pas un nord politique organisé pour donner la mort aux gens du sud ; s’ils le font par mauvaise foi, l’histoire aussi reconnaîtra qu’au Congo, il n’ y a pas des raisons d’une division ethnique, spirituelle ou simplement géographique des congolais. Le peuple congolais réuni toutes les conditions pour être un peuple uni. Le diviseur commun du Congo s’appelle Sassou, son clan et ses amis politiques qui n’ont aucun respect pour l’être humain.

 

Jean-joseph William Otta

 

6 thoughts on “Contribution à la compréhension du drame que connait le département du Pool

  1. AUX CONGOLAIS DE TOUJOURS NOTER QUE SASSOU NGUESSO ASSASSINE ET MASSACRE AU POOL DEPUIS PLUS DE 40 ANS, SOUVENT LES GENS L’IGNORENT. DE PLUS, LA CONCEPTION DE CE QUE SASSOU NGUESSO OEUVRE CRIMINELLEMENT, VIENT DES RÉSEAUX FRANÇAIS. CAR, LA FRANCE A TOUT FAIT POUR BLOQUER LES SANCTIONS DE L’OIF , L’UE, ETC… CONTRE LE DICTATEUR. LA FRANCE A AUSSI BLOQUÉ LES ÉVALUATIONS DE LA COMMISSION DES NATIONS UNIES SUR LES DROITS L’HOMME, SOUVENT LES POLITICIENS DE PARIS NE FONT JAMAIS ATTENTION À CES DÉTAILS IMPORTANTS POUR COMPRENDRE LE SOUTIEN DE LA FRANCE À LA POLITIQUE MACABRE DE SASSOU NGUESSO.
    LES DOSSIERS DES BMA ET AUTRES NE SERONT JAMAIS FINALISÉS PAR LES TRIBUNAUX EN FRANCE TANT QUE SASSOU NGUESSO SERA AU POUVOIR. SIMPLEMENT PARCE QUE LES RÉSEAUX FRANÇAIS S’EN SERVENT POUR MANIPULER LE TYRAN QUI DOIT SUIVRE LEUR LIGNE NEO-COLONIALISTE…..
    CE QUI EST TRISTE C’EST LE FAIT QUE SASSOU NGUESSO A RÉUSSI À COOPTER MÊME L’ÉGLISE CATHOLIQUE QUI S’EST PROMENÉE PARTOUT AVEC UN RAPPORT D’UN SEUL MORT DANS LA RÉGION DU POOL, SANS HONTE NI GÈNE. ALORS QUE PARTOUT PAR LEUR RÔLE SOCIAL, LES CATHOLIQUES CONTRIBUENT AU TRIOMPHE DE LA JUSTICE., NOUS LE VOYONS EN RD CONGO, GABON, BURKINA, ETC… AU CONGO-BRAZZAVILLE L’EGLISE DE MGR BATANTOU, MGR ERNEST KOMBO ET DU CARDINAL EMILE BIAYENDA N’EXISTE PLUS…
    SEULE LA CREATION DU CARDINAL PORTELLA MBUYU POURRA SAUVER L’EGLISE AU CONGO-BRAZZAVILLE.
    SI VOUS CHERCHEZ À COMPRENDRE COMMENT SASSOU NGUESSO A NEUTRALISÉ LES CARDINAL EMILE BIAYENDA, MASSAMBA-DÉBAT, LES NDOUDI GANGA, SAMBA DIA NKOUMBI, ETC.. COMMENT IL A ASSASSINÉ PIERRE ANGA ET POURQUOI CE DERNIER S’EST REBELLÉ À LUI; COMMENT IL A NEUTRALISÉ SES PROPRES AMIS, LIEUTENANTS ET COLLABORATEURS COMME LES BARTHELEMY KIKADIDI, BOUISSA MATOKO, XAVIER KATALI, ADOUA BLAISE, WILLY MANTSANGA, ETC.. SI VOUS ALLEZ AUSSI CHERCHER À COMPRENDRE LES MASSACRES DES DISPARUS DU BEACH, ALORS, IL SERA ANORMAL POUR UN CONGOLAIS SÉRIEUX DE S’AFFICHER COMME UN SUPORTER DE SASSOU NGUESSO.

  2. POUR COMPRENDRE L’ACTUEL DRAME DE LA REGION DU POOL IL FAUT CONNAITRE LES DEUX ASPECTS SUIVANTS:
    1*/ NOUS SOMMES EN 1997, POURTANT SASSOU NGUESSO S’EST BIEN INSTALLÉ APRES SON COUP D’ETAT CONTRE LE PRESIDENT PASCAL LISSOUBA AVEC L’AIDE DE CHIRAC ET PASQUA, IL FAUT RECHERCHER LE RÔLE DU CAPITAINE KAMAR ET DE ENOCK NGOMA DANS LA REGION DU POOL, CES DEUX ENVOYÉS DU PCT ONT FAIT QUOI?????
    2*/ ENSUITE, PLUSTARD, IL FAUT RECHERCHER ET SAVOIR QUI AVAIT MASSACRÉ LES RÉLIGIEUX CATHOLIQUES, ORTHODOXES, SALUTISTES, KIMBANGUISTES ET PROTESTANTS À MINDOULI, ET, POURQUOI CELA ???
    SI VOUS NE CONNAISSEZ PAS LES RÉALITÉS DE CES DEUX ASPECTS, ALORS VOUS NE COMPRENDREZ RIEN DE CES PLANS MACABRES DE SASSOU NGUESSO DANS LA REGION DU POOL…

  3. CONGO : DE LA CHUTE DU TYRAN SASSOU A LA TRANSITION POLITIQUE ET LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE.

    ANTHROPOLOGIE, MATIÈRE GRISE, TRADITION, CULTURE SOCIÉTÉ ET PROBLÉMATIQUES DE CIVILISATIONS NOUVELLES SUR DIFFÉRENTES ÉCHELLES SOCIÉTALES…

    La maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » attribuée à Antoine Laurent Lavoisier, est simplement la reformulation d’une phrase du philosophe grec Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau et puis ». Explications http://congo-objectif2050.over-blog.com/2016/10/congo-de-la-chute-du-tyran-sassou-a-la-transition-politique-et-la-republique-federale.html

  4. Colombie : Juan Manuel Santos, Président Colombien, nouveau Prix Nobel de la paix

    L’attitude conciliante du Président Colombien Juan Manuel Santos, le tout nouveau Prix Nobel de la paix, devrait faire réfléchir, qu’on ne gagne pas la paix par les armes.
    Le nouveau prix Nobel, ancien chef de guerre, a fini par imposer la paix dans un pays en guerre depuis plus de 50 ans. Un faucon devenu une colombe.
    Le Nobel de la paix a été décerné à Juan Manuel Santos pour son engagement à clore le conflit armé avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC). Il a signé avec le chef des FARC, Timoléon Jiménez, alias Timochenko, un accord, le 26 septembre dernier, pour clore une confrontation de cinquante-deux ans, qui a impliqué d’autres acteurs armés, et a fait plus de 260 000 morts.
    Une cinglante leçon donnée à Monsieur SASSOU et à tous ceux qui pensent que la crise du Pool trouvera la solution par les armes. Ce n’est pas en bombardant par hélicoptères les positions du Pasteur NTUMI que l’on parviendra à pacifier le Pool. Par ces méthodes, l’on peut gagner des batailles, mais pas la guerre, aussi longtemps que les problèmes de fond ne seront pas résolus.
    La solution d’une paix véritable et définitive dans le Pool réside dans la négociation autour d’une table entre les différentes forces en présence.
    Le chemin de la paix ne sera pas un tapis de roses, chacun devra abandonner ses égos, comme l’a si bien compris Juan Manuel Santos, le Président Colombien.

  5. OUI ! Le Gouvernement a totalement raison , car accepter un dialogue avec l’opposition serait interprété comme cautionner leur violence. Cette opposition dite radicale n’est pas républicaine et surtout pas patriotique. On les voit à l’oeuvre par l’intermédiaire de Ntumi dans le pool. Avec des gens comme Okombi Bowao Kifouissa , Tiassé Masséngo et autres… , je ne vois pas de quoi on peut discuter avec des délinquants ? Leur dialogue n’est possible qu’avec les juges , les avocats et la police judiciaire .

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