Congo-Brazzaville : La déscolarisation accélérée des enfants du Pool

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Depuis son retour par la force en 1998  au pouvoir, Mr Sassou n’avait pas seulement pour ambition de se venger de tous ceux qui l’ont destitué politiquement mais il en avait une autre plus subtile mais bien plus dangereuse : réduire la capacité d’instruction des enfants des régions du Sud en général et particulièrement du Pool. Si la montée de la déscolarisation des enfants du Pool peut être saisie comme un symptôme de rupture du pacte républicain dans une école désenchantée, il sied d’aller chercher les causes dans les politiques mises en place par le pouvoir envers les enfants du Pool.

Durant les années 80, Brazzaville, Pointe-Noire et la région du Pool étaient les régions pourvoyeurs de 58% des élèves, lycéens et étudiants dans les institutions scolaires de la république (les références sont là pour en témoigner, il suffit de les consulter). L’école qui devrait être un lieu cardinal de la citoyenneté, un lieu historiquement conçu pour la construction unitaire de la citoyenneté congolaise devrait logiquement être épargnée des conceptions d’allégeance particulière ou des soubresauts politiques.

C’est ainsi que l’école du Congo s’est construite depuis la nuit des temps : Un lieu fondateur d’hétérogénéité croissante des publics scolarisés et ce, à tous les niveaux de l’enseignement. Quel que soit la région où l’on vient, quel que soit la commune ou l’ethnie qu’on appartienne, l’école était le moteur fédérateur construisant l’âme de l’appartenance au sein d’une même nation appelée « Congo ».

Le Congo jadis berceau d’alphabétisation en Afrique subsaharienne accuse aujourd’hui un déficit très inquiétant en matière de scolarité des jeunes enfants. Pendant que la scolarisation continue à progresser dans le monde, au Congo, on invente une insertion par sélection ethnique. On favorise des visions politiques rétrogrades et la perdition des jeunes dans certaines régions du Congo, tout particulièrement le Pool.

En effet, depuis 1998, les jeunes enfants ressortissants du Pool vivent une déscolarisation flagrante due non pas par une quelconque restriction culturelle mais bien par une volonté politique qui fait que ces enfants sont empêchés d’aller à l’école de peur d’être fauchés par une balle ou un obus. La région du Pool est transformée ces dernières années en terrain d’entraînement à balle réelle sur fond des règlements de compte politique prenant en otage les enfants.

En 2013, le rapport de l’UNESCO annonçait que le taux net de déscolarisation en primaire est passé de 23% à 89 % entre 1998 et 2013 et de 19% à 91 % au secondaire pour les enfants issus du département du POOL. Cela relève non seulement d’une situation préoccupante mais plutôt catastrophique.

Les situations de guerres récurrentes dans le pool initiées par les pouvoirs politiques sont particulièrement traumatisantes pour les enfants. Leur scolarité est alors compromise et les risques pour leur survie et leur développement augmentent.

Est-il nécessaire de rappeler que les premières victimes de ces guerres à répétitions dans le Pool sont par définition les enfants qui sont plus vulnérables. L’enfant du Pool est au cœur d’un traquenard politique dont les conséquences sont multiples et variées tant sur l’éducation et sur la santé.

Depuis le 04 Avril 2016, certaines écoles qui étaient à peine réhabilitées ont été de nouveau détruites ou utilisées par des groupes armés. Les enseignants affectés dans ce département hésitent de s’y rendre dénonçant l’insécurité due a des groupements militaires. Pire, à défaut d’avoir des enseignants pour leur transmettre le savoir, ces enfants sont victimes des violences physiques ou domestiques, des mutilations, le recrutement par des groupes armés sans compter évidemment la mort au quotidien.

La responsabilité des pouvoirs politiques est engagée dans l’exposition des enfants au conflit sans compter l’impact immédiat et à long terme. C’est ce qui se vérifie aujourd’hui sur le terrain. Ces enfants ont du mal à se construire. Pas besoin d’être un génie pour ne pas se rendre compte que ces enfants longtemps exposés à la violence deviennent des fanatiques de la violence. Lorsque l’on force un enfant à commettre des atrocités, surtout envers sa propre communauté ou sa famille, on le coupe à jamais de cette communauté. On le rend plus influençable et dépendant des adultes qui abusent de lui.

Aujourd’hui, dans le Pool c’est la stratégie de destruction mis en place par le pouvoir depuis 1998 qui suit son cours. Lorsqu’on se retrouve avec des enfants âgés entre 4 ans et 24 ans qui n’ont connu que la guerre, la perte de leurs proches et la déscolarisation, le risque d’en faire des « épaves de la société » est grand. Car l’opportunité de faire des choix d’adultes leur est inconnue. Dans leur perception de la société, le chaos est la réponse approprié à tout conflit.

Grande est notre incompréhension devant cette propension à vouloir bombarder le POOL à chaque divergence politique. Les enfants du Pool seraient-ils les enfants mal aimés du Congo ? Ou simplement serait-il,  comme certaines langues le disent aujourd’hui ouvertement victime de leur dévouement à l’éducation «  qu’il faut réduire la puissance du Pool en coupant l’arbre à la racine ».

La rentrée scolaire s’est effectuée dans toutes les régions du Congo à l’exception du POOL , pourquoi les enfants du POOL doivent-ils subir cette « discrimination » ? Pourquoi les enfants du POOL ou d’autres régions du sud ne bénéficient pas des mêmes installations ou moyens comme ceux d’OYO qui s’exercent déjà dès l’âge de 6 ans à l’outil informatique?

Comment comprendre que dans certaines régions du Congo on privilégie les besoins d’aide alimentaire, de santé, de nutrition, d’eau salubre, d’abris et de réseaux d’assainissement adéquats, le soutien psychosocial, l’éducation, la recherche et la réunification des familles et dans le Pool on privilégie l’école de la barbarie, l’école de la drogue, l’école du viol et du vol, l’école du maniement des armes…. ?

La politique du Chaos en cours dans le Pool est en contradiction avec la vision mondiale de l’éducation telle qu’elle est stipulée ici par l’UNESCO : « L’éducation de base, au sens de la présente définition, couvre des notions telles que l’éducation fondamentale, élémentaire ou primaire/secondaire. Elle est assurée à tous sans discrimination aucune, ni exclusion, fondée notamment sur le genre, l’ethnie, la nationalité, l’origine, la condition économique, sociale ou physique, la langue, la religion, l’opinion politique ou autres, l’appartenance à une minorité…Elle développe la capacité à la compréhension, à l’esprit critique, et inculque le respect des droits de l’homme et des valeurs humaines, la solidarité, la tolérance, une citoyenneté démocratique, le sens de la justice et de l’équité » . (1)

En bombardant avec un arsenal militaire les installations scolaires, le pouvoir de Brazzaville qui contribue à l’émiettement de l’éducation qui devrait-il pas permettre à des enfants économiquement et socialement marginalisés de sortir de la pauvreté et d’être des citoyens à part entière ? Ou crée-t-il sciemment un fossé éducatif entre enfants d’un même pays ?

Comment peut-on priver ces enfants du POOL d’un droit reconnu comme fondamental et universel ?

 

Ainsi, j’accuse Mr SASSOU :

De ne pas :

  • Favoriser l’épanouissement de la personnalité de l’enfant du POOL et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités ;
  • Favoriser l’éducation à l’enfant du POOL le respect des droits de l’homme  et des libertés, et des principes consacrés dans la Charte des nations unies ;
  • Favoriser à l’enfant du POOL le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ;
  • Préparer l’enfant du POOL à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d’origine autochtone ;
  • Favoriser à l’enfant l’irrespect du milieu naturel.

Encourager :

  • La destruction des lieux et structures permettant à l’enfant du POOL de s’épanouir et de violer les droits fondamentaux de l’enfant.

(1) : http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001833/183370m.pdf

Jean-Claude BERI

3 thoughts on “Congo-Brazzaville : La déscolarisation accélérée des enfants du Pool

  1. L’INTELLIGENCE OU LE SENS DE DISCERNEMENT N’EST PAS LA PROPRIÉTÉ D’UNE RACE, MAIS NOUS SOMMES TOUS CAPABLE, C’EST LA RAISON POUR LAQUELLE JE VOUS DIS QUE LE PLAN FRANÇAIS AU NOM DE MOUEBARA EST EN N’EXÉCUTION AU SUD DU CONGO (RASER TOUT CE QUI BOUGE). DEPUIS les morts du referendum, le terroriste sassou a la solde de la France n’est jamais passé sur RFI. Et en plus quel homme en charge d’un pays qui ne parle pas ou moment ou le pays sombre dans les bombes, la criminalité. C’est pour vous dire que sassou n’est qu’un nom que la France utilise pour semer le désordre au Congo. Le plan mouebara qui consiste a rasé le sud du Congo est un plan Français, qui devrait prendre fin en 2000. Car se terroriste français au nom de sassou a eu a dirigé ce pays sans le sud de 1998 a 2000, tout le monde était dans les forets. Aujourd’hui nous sommes a la concrétisation de ce plan macabre, avec une grande intensité les terroristes bombardent les forets pour être sur de tuer toute la population sud du Congo.
    Le Pool étant encerclé Ntumi ne peut pas se retrouver dans la Bouenza, pourquoi bombarder la Bouenza? Sous le prétexte de Ntumi. C’est l’objectif rasé toute le population du sud du Congo.

  2. CONGO : DE LA CHUTE DU TYRAN SASSOU A LA TRANSITION POLITIQUE ET LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE.

    ANTHROPOLOGIE, MATIÈRE GRISE, TRADITION, CULTURE SOCIÉTÉ ET PROBLÉMATIQUES DE CIVILISATIONS NOUVELLES SUR DIFFÉRENTES ÉCHELLES SOCIÉTALES…

    La maxime « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » attribuée à Antoine Laurent Lavoisier, est simplement la reformulation d’une phrase du philosophe grec Anaxagore : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau et puis ». Explications http://congo-objectif2050.over-blog.com/2016/10/congo-de-la-chute-du-tyran-sassou-a-la-transition-politique-et-la-republique-federale.html

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