Et, …si l’accord avec le F.M.I constituait un big-bang pour le Congo-Brazzaville

Depuis Décembre 2017, lorsque le Président SASSOU-NGUESSO a reconnu officiellement , lui, l’adepte du globalement positif, que le CONGO barbotait dans une crise sans précédent et qu’il s’adresserait au FMI pour conclure un programme , avec ce que cela comporte comme privations et mesures drastiques dont l’application, si elles ne sont pas bien sériées, aboutit à des troubles sociaux. Malgré les égarements et la légèreté initiale du coté congolais, les négociations en cours entre le CONGO et le FMI vont surement aboutir à la conclusion d’un programme qui va permettre une refondation de l’économie du pays et personne n’a intérêt a ce qu’elles échouent.

Aussi, au jour d’aujourd’hui, la question qui se pose n’est plus de savoir pourquoi et comment est ce que cette crise est elle arrivée et par qui. Il faut donner une réponse adéquate à cette situation pour que le peuple, qui paye le prix fort, souffle. Donc, chacun là où il est, doit apporter sa contribution en établissant le CONGO comme notre priorité ; le jeu politique a toujours son temps. A cette situation technique, ici financière et économique, il faut une réponse technique.

Les périodes de crise sont des moments propices aux reformes, et le CONGO en a besoin pour la diversification de son économie pour ne plus dépendre du pétrole, évitant du coup les crises devenues cycliques. La situation actuelle, toute proportion gardée, peut être comparée au plan Marshall pour l’Europe au sortir de la 2^ème guerre mondiale, plan dont l’ordonnancement

Commande l’ordre mondial, hormis l’incartade de soixante dix ans du coté de l’URSS et les pays dit de l’EST. Donc le CONGO est aujourd’hui dans la phase de désordre, désordre qui préfigure de l’ordre nouveau : le pouvoir a montré ses limites dans cette crise parce que s’il y a bien récession mondiale, le pouvoir a fait preuve de peu de cas de la bonne gestion conduisant à ce que (feu) le professeur Come MANKASSA appelait une gouvernance de basse volée; l’opposition, laminée (radicale, modérée, accompagnatrice…), est entrain de démontrer qu’elle ne constitue pas une alternative parce que ne pouvant faire de proposition de sortie de crise. Au « j’y suis, j’y reste » du pouvoir, elle oppose le « ôte-toi de là que je m’y mette »sans apport particulier qui la singulariserait au moment de joutes électorales futures, joutes pour lesquelles, l’opposition ne réclame pas dès à présent les conditions de transparence. Quant aux intellectuels dont les éclairages et les réflexions auraient orienté l’action, ils sont déboussolés se contentant des expédients.

    Aux mois d’Aout, de septembre et de Décembre 2017, dans trois articles bien fouillés et documentés, placés dans les journaux (La griffe et Polélé Polélé), j’ai démontré pourquoi le CONGO et Le FMI ne pouvaient que entrer en programme et j’ai apporté ma petite contribution en martelant que cette crise congolaise n’épargnait personne, qu’il suffisait simplement de prendre de la hauteur pour la juguler, le CONGO disposant des atouts  pouvant convaincre ; que ce n’était pas le moment de regarder le doigt, alors qu’il faut regarder l’horizon qu’il indique ; que le FMI n’avait pas vocation de « déboulonner » les régimes ; que sa mission est de veiller sur l’ordre financier international ; que l’action politique se construit, ce qui fit dire à Nelson Mandela que « ce qui se fait pour nous, sans nous, est contre nous ».

      La situation actuelle du pays  ne doit laisser personne indifférent. Chacun doit apporter sa contribution pour le sortir de cette mauvaise passe qui n’est pas la première et, je crains qu’elle ne soit pas la dernière tant la classe politique et la société civile congolaise ne se dépassent pas. Pouvoir pour le pouvoir ne peut constituer un projet politique aussi vrai que l’on ne marque pas l’histoire par des slogans, mais plutôt par les sillons que l’on trace pour les générations futures. C’est pourquoi, au regard des conditions édictées à l’endroit du CONGO par le FMI, je reviens proposer, au travers  d’un chronogramme comportant un timing et un déroulé pédagogiquement et heuristiquement collant à la réalité du CONGO, un schéma permettant un atterrissage en douceur à partir de la prise en main de ce qui est convenu d’appeler la période de grâce ou encore les cent premiers jours du gouvernement. Il faudra donc :

• Mettre en place, un gouvernement de salut/combat ne dépassant pas 25 membres et composé des différentes compétences nationales. Je ne parle pas de gouvernement d’union nationale. Ce gouvernement, dont ne feront pas partie les chefs de parti, aura pour mission de restaurer la confiance entre gouvernés et gouvernants ( apaisement social et politique) d’une part, et de l’autre, avec les investisseurs en continuant les pourparlers avec les clubs de Londres, Paris, la Chine et les traders pour obtenir le rééchelonnement permettant la soutenabilité de la dette et de son service.
• Réduire le train de vie de l’Etat. Réduire et rendre public les salaires du Président de la République (12 millions), des présidents de l’assemblée nationale, du sénat, du 1^er ministre (7millions), des ministres (5 millions), des députés et sénateurs (2,5 millions ; plus de frais de descentes parlementaires et de sessions). Supprimer le rang de ministre attribué à certaines fonctions ; réduire les budgets de fonctionnement de la présidence, du gouvernement, de l’assemblée nationale, du sénat et toutes les institutions constitutionnelles…, supprimer les commissariats rattachés à la présidence ; fermer certaines missions diplomatiques ; rendre effective l’indépendance de la justice ;mettre sur orbite les organes de lutte anti-corruption avec de véritable pouvoir ; réduire de moitié des avantages de certains corps de l’Etat pour renforcer les recettes douanières et fiscales…
• Restructurer/privatiser la SNE, la SNDE, l’ATC, la SNPC… après lancement des appels d’offre …
• Exploiter/mettre en œuvre les résultats du recensement de la Fonction publique et rapprocher les fichiers de la fonction publique et de la solde ; accompagner les départs à la retraite volontaire…

Après l’application de ce paquet de décisions en trois mois au plus, si les économies réalisées ne couvrent pas les déficits, ce paquet sera consolidé par la mise à contribution des travailleurs, des retraités et des étudiants. L’assainissement du climat des affaires sera garantit par une justice indépendante et par un apaisement social et politique; La transparence/la lutte contre la corruption/concussion le sera par l’éthique, le patriotisme, le contrôle tout azimut bannissant l’impunité.

Quand à la bonne gouvernance et au mieux vivre ensemble, ils seront garantis par la compétence et le respect des règles/normes. La vision économique, elle, sera encadrée par l’accord avec le FMI qui constituera un véritable big-bang qui est à comprendre comme un moment fondateur de la nation par la gestion orthodoxe, la cohésion sociale et un mieux vivre qui va « tuer » en chacun des congolais la tribalité négative. Le big-bang permettra de contredire KARL MARX quand il dit que l’histoire se répète deux fois sinon plus, et que « la première fois est une tragédie et, la deuxième fois, elle est une farce, farce qui perd son mordant s’il s’agit de vivre à nouveau les moments les plus sombres de notre histoire ».

Le FMI pourra accompagner et prêter au CONGO, et exercer sa surveillance rapprochée dès la signature de l’accord mais pas avant, pour, comme l’on dit les sages que «si les philosophes n’avaient fait qu’interpréter le monde…mais qu’il s’agissait de le transformer maintenant » : Le big-bang sera le levier de la pérennisation de l’orthodoxie financière et de la bonne gouvernance qui feront que l’on pourra sortir du marasme même avec un an d’avance. Le tout ne dépend que de l’ingéniosité des congolais qui en ont donné la preuve par le passé. Ainsi, la crise n’est pas une fatalité puisque ne relevant du déterminisme naturel, mais découle plutôt  de l’activité humaine ; c’est donc aux congolais, unis, de la juguler.

Brazzaville, le 08 Mai 2018

Jean Marie BITOULOU

Analyste Politique