Congo-Brazzaville : Encore une arnaque intellectuelle

C’est l’illusion de la réforme et du cycle de la tromperie.

Combien de plans, de projets de société sans évaluation qui ont tous échoués, a déjà connu le Congo-Brazzaville sous le magistère du prestidigitateur monsieur Denis Sassou Nguesso ?

Ces échecs sont le résultat des politiques économiques inefficaces, d’une absence d’institutions fortes de contrôle, d’une militarisation du pouvoir aboutissant à une dictature, du culte de la personnalité et des choix axés sur le profit personnel des dirigeants plutôt que sur le bien commun.

Nous assistons tous impuissants au délitement du pays comme si l’anarchie dans laquelle il se trouve est une fatalité, ce qui n’est pas le cas, mais le résultat de choix structurels et politiques sciemment pensés, réfléchis et exécutés à dessein. Pour inverser cette tendance, il est temps de s’attaquer aux causes systémiques et de créer des systèmes de gouvernance plus justes et équitables, capables de gérer et de redistribuer efficacement les richesses du pays par un système de ruissellement.

Notre pays richement doté en ressources naturelles peine à offrir le minimum vital à sa population. En dehors de la mondialisation et des politiques néolibérales imposées à des pays en gestation comme le nôtre, une part importante de cette déconvenue est due à nos propres politiques qui ne privilégient que le court terme pour des gains rapides, comme au casino, au lieu de penser un pays que nous léguerons plus tard à nos enfants et petits-enfants.

Etranglé dans sa gestion chaotique du pays, monsieur Denis Sassou Nguesso remet le couvert avec un « nouveau programme » appelé le Programme National d’Optimisation de la Trésorerie (PNOT) pour gérer la dette publique.

Ce programme vise à échanger des bons du Trésor arrivant à échéance contre des obligations à plus long terme, dans le but de lisser les échéances de remboursement sur une décennie (jusqu’à 2034) et alléger la charge de la dette d’environ 1,05 milliard d’euros, environ 700 milliards de Francs CFA.

Cependant, ce plan malgré l’approbation de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et du FMI (Fonds monétaire international) est mal perçu par les investisseurs, créant des inquiétudes quant à la capacité du pays à honorer ses paiements à court terme, ce qui n’est pas nouveau en soi. Le Congo-Brazzaville brille toujours par sa gabegie en ce qui concerne la gestion des affaires publiques et la corruption qui gangrène le pays géré comme une épicerie familiale.

La gabegie, le corporatisme et le copinage dans la gestion des affaires publiques au Congo-Brazzaville relèvent de l’existence d’un État voyou (rogue state) dont le but est de plumer les Congolais et les Congolaises sans que ces derniers ne crient. C’est du cynisme.

La situation financière du Congo est tendue, exacerbée par des difficultés à centraliser les recettes des régies financières, souvent gérées par les proches du président, notamment les membres de sa famille et de sa tribu. La mauvaise gestion clanique a contribué à concentrer la richesse dans les mains de quelques-uns tout en appauvrissant le reste de la population.

Le pays a connu des défauts de paiement partiels de la dette, et actuellement l’on assiste à des retards dans le versement des salaires des fonctionnaires, des pensions des retraités, des bourses des étudiants et du budget pour le fonctionnement courant de l’État.

À quelques mois de l’élection présidentielle de 2026, ces problèmes augmentent la pression sur le gouvernement.

Le Programme National d’Optimisation de la Trésorerie (PNOT) représente une tentative risquée de monsieur Denis Sassou Nguesso pour relancer la confiance des investisseurs et gérer la crise de liquidités à laquelle le pays fait face. Bien que le plan soit soutenu par des institutions telles que le FMI, la réticence des créanciers à participer pleinement à l’échange des termes de la dette témoigne d’un manque de confiance persistant. Cela peut s’expliquer par la gestion catastrophique antérieure de la dette, marquée par une dissimulation de cette dernière, des retards et des irrégularités de paiement.

Le comité de trésorerie à connotation tribale et familiale a été mis en place par monsieur Denis Sassou Nguesso pour essayer de coordonner les efforts pour centraliser la gestion des finances. Mais la nomination comme d’habitude des proches au sein de ce comité et à des postes clés ne fait que renforcer les préoccupations sur la transparence et la gouvernance, une marque de fabrique déjà éculée.

À court terme, ce plan va aggraver la situation de la dette intérieure et nuire à la stabilité économique. L’issue de la revue du FMI en décembre 2024 sera cruciale pour évaluer la viabilité de cette stratégie.

La stratégie de monsieur Sassou-Nguesso, un pis-aller dans l’état actuelle de la santé des finances publiques au Congo-Brazzaville pour éviter une crise immédiate, est un pari dont les conséquences seront lourdes à supporter pour les générations futures déjà amputées de 14 milles milliards de Francs CFA, si elle échoue à obtenir l’adhésion des créanciers et à rétablir la confiance.

Ce qui pose un problème au Congo-Brazzaville c’est la répartition inégale des ressources qui ne sont pas exploitées de manière équitable, souvent à cause de la corruption, des intérêts géopolitiques ou de l’influence des multinationales étrangères qui extraient les richesses sans que le peuple congolais n’en bénéficie.

La responsabilité de l’échec de notre modèle économique et social incombe aux gouvernements successifs de monsieur Denis Sassou Nguesso qui tel un magicien nous invente des concepts soporifiques afin de mieux endormir le peuple congolais qu’il pille sans vergogne.

Un pays pauvre n’existe pas, mais il n’y a que le système et les hommes politiques qui échouent dans les politiques mises en œuvre. À force de récompenser les mêmes qui nous plongent dans le désordre, nous ne pouvons nous attendre à des résultats différents ; on prend les mêmes et on recommence est l’antienne de la politique désastreuse de monsieur Denis Sassou Nguesso pour le Congo-Brazzaville.

Il est temps de revoir la façon dont nos ressources sont gérées. L’une des solutions réside dans la refonte des systèmes de gestion, l’adoption de politiques plus justes et inclusives, la justice sociale et la promotion d’un modèle de développement axé sur le bien-être de l’ensemble de la population plutôt que sur l’enrichissement d’une minorité.

Pour changer, il faut changer l’image. C’est ce à quoi le peuple congolais doit s’atteler s’il aspire à un avenir meilleur, car l’on ne fait pas du neuf avec du vieux.

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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