C’est l’autopsie d’une société malade de ses propres maux qui s’est adonnée à la servitude volontaire d’un tyran qui exerce un pouvoir oppressif.
Nous sommes dans une situation critique qui fait que le sort du Congo-Brazzaville a cessé de dépendre des Congolaises et des Congolais au profit de la légion étrangère. Le peuple congolais devient un spectateur humilié constamment au jour le jour par des discours et des promesses lénifiants, anesthésiants ne lui offrant aucune perspectives. L’avenir s’assombrit quand le présent est difficile, et le passé douloureux.
Le déclin de notre pays découle de l’affaiblissement de notre démocratie transformée en dictature, de l’armée en milice privée et tribale, des corporations corrompues en lieu et place des institutions fortes, et d’un peuple endormi par des berceuses infantiles, des promesses sans lendemain.
Depuis notre indépendance, notre beau pays le Congo-Brazzaville est confronté à une succession d’échecs idéologiques, économiques et des projets de société au gré des différents gouvernements qui se sont succédé dans la gestion du bien public.
Comme un enfant qui refuse de grandir, le Congo-Brazzaville stagne dans les méandres de l’indicible avec une rhétorique d’affrontement de ses filles et de ses fils pour le contrôle des richesses du pays au lieu de penser au bien-être du peuple congolais majoritaire qui vit dans une misère indescriptible tant notre pays est devenu l’enfer sur terre.
Les vieux réflexes guerriers des marxistes-léninistes convertis par opportunisme à la démocratie, n’aident guère au débat politique serein, constructif, devant sortir notre pays de la mouise dans laquelle il se trouve. L’erreur est humaine mais persister dans l’erreur c’est diabolique.
Le culte de la personnalité couplé à l’embourgeoisement des apparatchiks a pris le dessus sur ce qui doit être une République que nous avons en partage, la Res publica, la chose commune, au service du peuple et pour le peuple.
Chaque gouvernement congolais s’est attelé à une rectification idéologique en faisant prévaloir les intérêts de ses propres membres, de ses affidés, au détriment du peuple toujours laissé à l’abandon. Ce peuple est nourri aux slogans, à la propagande avec comme terreau ce venin du tribalisme qui a lourdement fracturé notre pays au point d’y vivre comme des étrangers, partageant une même aire géographique. Le vivre ensemble a laissé place au chacun pour soi doublé d’un manque de compassion et d’empathie pour certains de nos compatriotes démunis.
Notre pays n’a jamais connu une guerre contre un envahisseur, cependant les massacres et les assassinats politiques des Congolais par des Congolais sont innommables pour un résultat proche de l’absurdité. Nous avons tué pour des intérêts égoïstes certains de nos compatriotes qui pouvaient apporter une autre vision pour notre pays. Ceux qui ont échappés à cette purge sont en prison ou ont pris le chemin douloureux de l’exil, des déracinés de la terre de leurs ancêtres.
Ces marxistes-léninistes, ces loups déguisés en agneau pour la circonstance haïssent les mouvements qui déplacent les lignes. Le changement c’est la vie, le statu quo c’est la mort, et c’est cette mort cérébrale qui plonge le Congo-Brazzaville dans un coma profond nécessitant pour l’instant que des pis-aller.
L’affaiblissement de la société congolaise et de ses élites est dû à une faillite intellectuelle collective. C’est une étrange défaite dont on aurait pu se passer en mettant en place une organisation bien structurée qui tienne compte des aspirations de toutes les citoyennes et de tous les citoyens congolais.
La faillite de nos universitaires transformés en intellectuelles ou intellectuels de salon au service des gouvernants a légitimé des politiques désastreuses de ceux qui ont toujours pensés que le pouvoir était au bout du fusil. Les exécutions « au petit matin » de nos frères pour des motifs farfelus resteront à jamais une tache indélébile de notre histoire commune. Qui se soucient encore de ceux qui ont perdu des êtres chers dans ces campagnes d’assassinats politiques avec des cours de justices réactionnaires. En tout état de cause, nous ne pourrions solder cette page douloureuse de notre histoire sans repentance ni réparation. C’est un devoir de mémoire et moral de déterminer les responsabilités des uns et des autres sans chasse à l’homme afin que cela ne puisse plus se reproduire.
Le plan macabre et lugubre « Mouébara » a endeuillé nombreux de nos citoyennes et citoyens sans amélioration de leur bien-être. Ces derniers vivent dans la peur en ayant capitulé devant la sauvagerie de leurs bourreaux, cette machine infernale destructrice qui préside à leur destinée. Le peuple congolais assiste impuissant à ce qui est fait en son nom sans y être consulté ni associé.
Le Congo-Brazzaville est désormais constitué de classes de serviteurs au service de la dictature qui sévit dans notre pays, pour quelques avantages matériels et pécuniers afin qu’ils puissent vivre décemment, quand la grande majorité de la population congolaise est dans une pauvreté extrême.
Notre pays n’étant pas en guerre, ses dirigeants anesthésient la population par le concept de paix des cimetières qu’ils ont acquis au détriment de la mort de 400 000 de nos compatriotes, soit un dixième de la population, lors de la guerre civile du 05 juin 1997 ; ça constitue un crime contre l’humanité qui est imprescriptible au regard du droit international.
Le lien de confiance entre le peuple et ses élites est rompu. Ce dernier mérite qu’on se fie à lui pour ses besoins fondamentaux, et qu’on le mette dans la confidence de la gestion des problèmes de la cité comme dans un pays dans lequel la voix de chaque citoyen compte.
Notre acte de foi c’est le recours à notre peuple dans nos prises de décision car les ressorts profonds de ce dernier sont intacts et prêts à rebondir pour faire resplendir à nouveau notre pays. La fatalité résulte de la mauvaise gestion des dirigeants, tandis que l’espoir d’un monde meilleur ne dépend que de nous.
La plupart des grandes leçons de la vie s’apprennent dans la douleur, et les plus grosses catastrophes nous prennent généralement par surprise.
Aux dirigeants actuels de se méfier de l’eau qui dort, car tel un tsunami, elle emportera tout sur son passage à son réveil.
Peuple congolais, soyons résolus de ne plus servir nos oppresseurs, et nous serons libres.
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
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