Justice climatique : Efforts et plaidoyers diplomatiques de Denis Sassou N’Guesso pour l’équité des peuples dans le monde (par le docteur Michel Innocent PEYA écrivain-chercheur)

Chaque fois qu’il est au contact de ses pairs pour quelques occasions que ce soient, le Président Denis Sassou N’Guesso a toujours su trouver en ces rencontres, des opportunités pour une justice climatique. Fort du leadership qu’il incarne en matière de conservation et de protection de l’environnement, le Président Denis Sassou N’Guesso qui dirige la commission climat du Bassin du Congo n’a de cesse de mener un plaidoyer pour le climat, ainsi qu’il l’a également fait en marge du forum sur la coopération sino-africaine. Une justice climatique pour l’équité des peuples du Monde.

La notion de justice climatique à l’origine conçue dans un sens distributif est amenée à évoluer compte tenu des injustices de tout genre engendrées par le changement climatique et subies par les Pays Moins Avancés (PMA).

Comment appréhender les évolutions de cette notion ? En quoi les approches de la justice environnementale et les analyses des mobilisations et plaidoyers diplomatiques du Président Denis Sassou N’Guesso nous aident à en cerner les contours ?

Dans cet article, nous nous appuyons sur les approches de la justice environnementale défendue par le Chef de l’État Congolais pour rendre compte des multiples facettes des injustices climatiques.

Après en avoir précisé les caractéristiques essentielles, nous montrons comment le Président Denis Sassou N’Guesso véhicule toutes ces approches dans les arènes diplomatiques notamment celles des négociations climatiques internationales. Toutefois, depuis quelques années, les formes de mobilisation évoluent. Aussi, quand les occasions le lui permettent, à l’instar du forum sino-africain, le Président Denis Sassou N’Guesso interpelle les États du monde de manière générale et les pays industrialisés en particulier sur leur inaction en matière climatique. Il met en cause la très faible intégration des enjeux de justice sociale dans les politiques climatiques et de justice environnementale dans les principaux forums de négociations internationales sur la compensation que méritent légitimement les Pays Moins Avancés (PMA).

Dans quelle mesure le Président reformule-t-il le cadre d’interprétation de la justice climatique en mettant davantage l’accent sur les articulations du social à l’environnement ?

De quelles manières réintroduit-il les dimensions éthiques et réflexives du changement climatique dans les débats démocratiques entre peuples et institutions ?

Dans quelle mesure le Président Denis Sassou N’Guesso amène-t-il à repenser la redistribution pour rendre les politiques climatiques et environnementales socialement et moralement plus justes et les mettre au service d’une vraie transition écologique à portée sociétale et démocratique ?

Efforts du Président Denis Sassou N’Guesso en faveur de la Justice climatique et les mobilisations environnementales

Cet article s’inscrit dans une réflexion engagée et un combat mené par le Président Denis Sassou N’Guesso, depuis plusieurs années, sur les analyses de la justice environnementale et ses apports pour la compréhension des injustices liées au changement climatique dans le monde.

La justice climatique est couramment appréhendée sous l’angle de la justice, (ainsi que nous l’avons évoqué dans l’ouvrage : ‘’Les énergies fossiles à la barre – Un jugement climatique et un verdict scientifique avec ou sans appel’’. Éditions Tropiques Littéraires Paris, mai 2024).

L’accent est mis sur les contributions différenciées des différents pays dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre et les moyens de compenser ces responsabilités par des politiques d’atténuation aux changements climatiques et des aides à l’adaptation des plus pauvres et plus vulnérables aux variations du climat. Cependant, cette approche distributive de la justice parait trop restrictive pour rendre compte des multiples facettes des injustices sociales et environnementales générées par les changements climatiques.

Dans cette publication, nous nous appuyons sur plusieurs courants d’analyse de la justice environnementale telle que prônée et défendue par le Président Denis Sassou N’Guesso pour éclairer certaines des facettes et des caractéristiques de ces injustices.

Nous montrons comment le Président Denis Sassou N’Guesso à l’instar des plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont véhiculé ces analyses au sein des négociations climatiques internationales, afin de sensibiliser les arènes diplomatiques et mobiliser les dirigeants voire tous les acteurs concernés. Il s’en dégage une formulation des injustices résultant des discriminations vis-à-vis des changements environnementaux, de la non reconnaissance des confrontations éthiques et cognitives façonnant l’appréhension du changement climatique et son intériorisation dans les projets de transformation des milieux. Cela conduit à mettre l’accent sur le déficit de dialogue et de réflexivité démocratique dans les relations entretenues entre les populations et les gouvernants ou institutions étatiques en charge des politiques climatiques.

Nous montrons ainsi comment la notion de justice climatique peut être réinterprétée par l’articulation des enjeux sociaux et environnementaux, locaux et globaux, éthiques et réflexifs du changement climatique sur lesquels les efforts et la diplomatie climatique du Président Denis Sassou N’Guesso se mobilisent.

Puis, nous étudions comment ces efforts, ce plaidoyer et cette diplomatie évoluent et se saisissent de la notion de justice climatique et environnementale pour mettre en question les politiques d’atténuation et d’adaptation menées par les États et les institutions.

Par le biais de mobilisations visant une conscientisation, une interpellation de décideurs mondiaux et une sensibilisation de l’opinion mondiale, ce plaidoyer écologique et cette diplomatie climatique du Président Denis Sassou N’Guesso interrogent les dimensions sociales et démocratiques des politiques climat. Ils fournissent des interprétations alternatives de ce qui relie les êtres humains aux milieux, la citoyenneté environnementale à la transition écologique, la justice climatique à la justice sociale.

La notion de justice climatique prônée par le Président Denis Sassou N’Guesso dans les négociations internationales sur le climat

La justice climatique est une notion qui insiste sur le fait que les pays et les peuples qui ont le moins contribué historiquement au changement climatique sont ceux qui en subissent le plus les impacts et ont moins la possibilité de s’en protéger ou de s’y adapter.

En 2000, les États-Unis d’Amérique sont responsables de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, alors qu’ils ne représentent que 4% de la population mondiale ; 136 pays en développement ne contribuent qu’à 24% de ces émissions, tandis qu’ils subissent 97% des catastrophes naturelles liées au changement climatique. (Nous l’avons relevé dans l’ouvrage Finances climatiques – De l’argent du climat au climat de l’argent paru aux Éditions Tropiques Littéraire Paris en mai 2024).

La notion de justice climatique met également l’accent sur les différences de vulnérabilités et d’exposition aux risques climatiques résultant des facteurs non liés au climat et d’inégalités aux dimensions multiples.

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, 2014) et du Conseil économique, social et environnemental précisent que les populations marginalisées sur les plans social, économique, culturel, politique, institutionnel […] sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques.

La notion de justice véhiculée dans les accords internationaux sur le climat est essentiellement appréhendée sous l’angle de la justice distributive.

Depuis le sommet de Rio (1992), un certain nombre de principes ont été établis pour tenir compte des « responsabilités communes, mais différenciées » des différents pays dans leur contribution au changement climatique.

Ces principes ont évolué au grès des rapports géopolitiques, des relations diplomatiques entre États-Nations, et de l’influence grandissante de nouveaux acteurs dans les régimes de négociations climatiques: groupements des pays en développement, alliance des petits pays insulaires et implication des organisations non gouvernementales (ONG).

Depuis plus de vingt ans, trois étapes ont caractérisé le processus de négociations internationales.

La première étape prévoyait le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre pour les pays d’ancienne industrialisation et leur participation au financement des actions de lutte contre le changement climatique dans les pays du Sud.

Dans la seconde étape, après Kyoto (1997), des mécanismes de flexibilité permettent aux pays les plus industrialisés et développés « d’obtenir des crédits supplémentaires d’émissions par l’investissement dans des projets réalisés dans les pays en développement ».

Dans la troisième étape, dès 2005, les pays industriels souhaitent que des pays émergents s’engagent dans l’atténuation de leurs propres émissions.

Cette étape prévoit des transferts financiers et technologiques au bénéfice de l’adaptation des pays en développement.

Ces trois étapes témoignent de la traduction politique de la justice distributive au sein des négociations climatiques. Elles montrent que la justice climatique comporte une dimension inter-étatique notamment Nord-Sud, est fondée sur des arrangements institutionnels opérés entre l’atténuation et l’adaptation, et se définit par des engagements qui prennent en compte les responsabilités causales des différents pays dans leur contribution historique à l’émission globale de gaz à effet de serre.

Cependant, les termes selon lesquels cette justice peut être réalisée ont donné lieu à d’âpres dissensions entre États quant aux obligations induites par la reconnaissance des responsabilités différenciées et aux droits auxquels elles donnent lieu pour les pays et les populations particulièrement affectés par les impacts des changements climatiques. Il a été envisagé d’évaluer les responsabilités des différents pays au regard de leurs contributions passées et cumulées à l’émission mondiale des gaz à effet de serre depuis 1840.

Les obligations d’atténuation (de réduction de la croissance de leurs émissions) pouvaient être estimées en rapportant ces contributions passées au total des émissions mondiales à ne pas dépasser pour limiter la progression de la température mondiale en deçà de 2 degrés de réchauffement.

Pendant un temps, c’est bien une approche descendante (top-down) qui a été privilégiée, dans laquelle un plafond mondial d’émissions est réparti entre pays et définit leur effort d’atténuation.

Toutefois, au tournant de la COP de Copenhague en 2009, les États-Unis et les pays les plus vulnérables aux changements climatiques (îles du pacifique, certains pays africains…) mettent en cause cette logique descendante pour des raisons distinctes.

Les premiers affirment que chaque pays doit pouvoir définir ses engagements de façon volontaire dans une logique nationale et ascendante.

Les seconds craignent que l’objectif des 2 degrés mette en péril leur survie et qu’il convient plutôt de s’accorder sur un objectif de 1,5 degrés. Toutefois, quelques années plus tard, au moment de la COP 21 qui s’est tenue en 2015 à Paris, des études ont mis en évidence que la « somme des contributions nationales volontaires […] conduit à un réchauffement de 2,7 à 3 degrés ». Un tel constat interroge la gouvernance des négociations climatiques et ses potentialités à traiter des questions de justice par la distribution des efforts d’atténuation et d’adaptation.

Face aux difficultés rencontrées dans la réalisation de ces arbitrages, les tenants de la justice distributive ont cherché à relier les responsabilités causales de contribution au changement climatique, aux responsabilités morales de compensation et de réparation, selon les capacités respectives de chacun.

Les réflexions critiques sur les responsabilités ont évolué en distinguant celles analysées d’un point de vue rétrospectif et celles appréhendées de façon prospective.

D’un point de vue rétrospectif, on peut mettre en doute que les seules responsabilités à prendre en compte soient celles relatives aux émissions, laissant de côté les autres responsabilités historiques. S’il s’avère difficile de dire qui est responsable de quoi, en raison des multiples interactions entre les activités humaines, la biosphère et les écosystèmes, il peut être plus judicieux de se demander qui porte préjudice à quoi, et notamment qui nuit aux possibilités de coexistence des sociétés humaines et de leurs milieux écologiques (Jamieson, 2010).

Selon Jamieson, c’est bien aux deux niveaux de responsabilités morales et éthiques qu’il faut positionner le débat.

On peut aussi regretter que les responsabilités historiques aient peu été rapportées aux relations entretenues par les nations industrialisées vis-à-vis de leurs colonies, par lesquelles les puissances occidentales ont affirmé leur hégémonie sur les usages de la nature, les modes de production et de consommation. Ainsi, on oublie de considérer la dépendance progressive des plus pauvres aux modes de production économique, agricole et urbaine et aux usages de la nature des puissances dominantes.

De façon prospective, la responsabilité est liée à l’engagement des différents pays à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique.

Ce qui importe, c’est « qui peut agir sur quoi » pour remédier au changement climatique et à ses conséquences. Dès lors, il est possible de rapporter le principe de responsabilité au principe de capacité, c’est-à-dire d’attribuer des responsabilités à des acteurs selon ce qu’il leur est possible de faire pour atténuer et s’adapter au changement climatique dans le présent et le futur.

Comme le fait très justement remarquer Néron (2012), les responsabilités dont il est question ne sont pas uniquement morales et éthiques ; elles sont aussi politiques.

Ces responsabilités ne concernent pas uniquement l’effort à accomplir selon les torts causés à autrui dans le passé, mais selon les capacités des différents acteurs à agir en mobilisant leurs domaines de compétences.

De ce point de vue, la responsabilité prospective peut amener à sanctionner autrui sur la base de son inaction vis-à-vis du futur, mais aussi du fait de l’inactivation des compétences et des capacités dont il dispose pour contribuer à la résolution des problèmes induits par les changements climatiques. (Nous l’avons évoqué dans l’ouvrage intitulé ‘’Le combat écologique de Denis Sassou N’Guesso – L’engagement d’une vie d’un homme pour la paix climatique ; cette nature qui nous veut du bien, page 108).

Les dimensions sociales et politiques des changements climatiques

Les approches de la justice environnementale contribuent aussi à renouveler l’analyse des dimensions sociales des changements climatiques et en questionnent les enjeux démocratiques et politiques.

Selon Welzer, les injustices climatiques globales ne dépendent pas uniquement des retombées locales inégales du changement climatique. Elles sont liées aux potentialités des sociétés à renouveler leur fonctionnement démocratique, afin d’éviter que les catastrophes climatiques se traduisent par des « catastrophes sociales ».

La faible réflexivité des institutions, des politiques des États et des collectivités territoriales conduit à amplifier les désastres sociaux générés par le changement climatique.

Ces thèses renvoient aux idées développées par Ulrich Beck (2001) selon lesquelles les risques sont engendrés par les sociétés contemporaines, au sein desquelles les sciences et les techniques génèrent des effets inattendus dont la gravité est délicate à évaluer.

Dans ce cas, ce ne sont plus seulement des groupes d’individus qui sont menacés, mais les sociétés fondées sur l’illusion de pouvoir maitriser les risques, sans que les connaissances nécessaires à leur compréhension soient partagées. Il en résulte des malentendus et des controverses jetant un trouble quant aux alternatives envisageables, à moins qu’une « modernité réflexive » et un « cosmopolitisme » ne viennent transformer les formes classiques de l’action et de la vie publique.

Si les pays ou régions les plus affectés par les « catastrophes climatiques » sont l’Afrique, les pays insulaires et asiatiques, certains pays développés ne sont pas épargnés.

L’exemple de l’ouragan Katrina qui a touché, en 2005, la ville de La Nouvelle-Orléans témoigne du peu d’engagements des autorités, de la faible préparation des acteurs locaux et citoyens, ce qui s’est traduit par une catastrophe sociale sans nom.

Les études de l’Université de Harvard sur l’ouragan Katrina révèlent que 1850 personnes sont décédées et plus d’un million a été déplacé : ce sont d’abord les minorités afro-américaines et les personnes âgées ou sans liens familiaux qui se sont trouvées prises au piège et précarisées par l’ouragan. Elles n’ont pas pu être évacuées à temps, ne possédant ni voiture ni famille chez qui aller, les autorités locales n’ayant pas mis en place de services d’évacuation par transport collectif. De plus, elles résidaient dans des quartiers et maisons de qualité médiocre emportés par la montée des eaux, n’étaient pas assurées contre le risque d’inondation et les catastrophes naturelles, ce qui les a empêché de pouvoir réhabiliter ou reconstruire ; des systèmes d’indemnisation publics n’ayant pas suffi à couvrir les préjudices subis.

Ainsi, le laisser-faire des institutions, la faible préparation aux aléas climatiques et l’inadéquation des mesures préventives (construction de digues sans drainage du fleuve Mississippi et zones d’expansion amont…) ont accru les inégalités de résilience.

Des études réalisées par les universitaires afro-américains illustrent la forte recomposition sociale de la population de La Nouvelle-Orléans suite à l’Ouragan Katrina.

Les quartiers afro américains ont été les plus touchés et leur réhabilitation a engendré l’exclusion de la majorité de leurs habitants. La composition sociale de la ville s’en est trouvée complètement modifiée après 2005 : la part des Afro-Américains est passée de 67% à 40%.

Les habitants les plus pauvres ont perdu leur emploi et ont été contraints de s’installer ailleurs.

Les logements ou maisons abandonnées ont été préemptés ou rachetés par la municipalité puis revendus à des promoteurs.

Ainsi, le changement environnemental peut accélérer les mutations sociales et urbaines s’effectuant au détriment des plus vulnérables ou défavorisés.

Le changement climatique met donc à nu les coulisses de la société et en révèle les fonctionnements et dysfonctionnements cachés. Les dimensions sociales et politiques du changement climatique peuvent être analysées à plusieurs niveaux : celui des synergies entre changements environnementaux de long terme et catastrophes sociales qui en résultent, de l’insuffisante clairvoyance des États et des collectivités territoriales à l’égard de ces injustices socio-environnementales, d’un manque de réflexivité sur l’impasse des logiques redistributives associées aux politiques climatiques et leur possible renouvellement.

Les dimensions éthiques et ontologiques des injustices aux changements climatiques décriées et dénoncées par le Président Denis Sassou N’Guesso

David Schlosberg (2007) met en parallèle le manque de reconnaissance sociale des situations d’injustices vécues par les groupes discriminés et le fait de disqualifier le rapport singulier construit par les populations autochtones à la nature et à leur milieu de vie.

Ces populations font l’objet d’un déni de reconnaissance des services qu’elles apportent à la nature et des valeurs d’intégrité environnementale qu’elles contribuent de perpétuer au sein des sociétés. (Cette problématique est au cœur de notre ouvrage ‘’Le Fonds bleu : Mécanisme de financement et de gestion du Bassin du Congo pour la protection de l’environnement mondial – Éditions L’Harmattan février 2018).

Les injustices dépendent selon des relations multiscalaires entre des actions transformatrices de l’environnement (aménagistes, extractivistes…) et les synergies entre écosystèmes qu’elles déstabilisent, les conditions de subsistance des communautés qu’elles fragilisent, les formes de désaffiliation sociale qu’elles génèrent. Les socles culturels et de vie sociale de ces communautés étant appauvris par la remise en cause de leurs interactions aux milieux.

Les courants de la justice et des éthiques environnementales se réfèrent à ces dimensions éthiques, culturelles et ontologiques pour appréhender les injustices environnementales.

Les énoncés de l’écologisme des pauvres insistent sur l’incommensurabilité des valeurs et des attachements aux milieux et les faibles possibilités d’en compenser économiquement les dommages écologiques.

Par l’appropriation des milieux (déforestations, grands barrages…), ce sont des écosystèmes, mais aussi des ontologies qui sont sacrifiées, c’est-à-dire des manières d’intégrer la diversité du vivant dans des pratiques et significations culturelles qui contribuent au vivre en société.

Ce qui est décrié ou dénoncé, ce sont des droits autochtones territoriaux bafoués par l’accaparement des terres, sans considération pour les ontologies plurielles que ces peuples ont bâties à leurs milieux associant nature et culture. Les énoncés pour désigner les injustices environnementales dans ce cadre diffèrent de ceux de la justice distributive.

Ces injustices recouvrent des confrontations ou ruptures ontologiques liées aux faibles possibilités accordées aux populations d’exprimer les valeurs, les éthiques et les savoirs qui les rattachent à leur milieu. Or ces ruptures sont rarement objectivées et mises à l’agenda des processus démocratiques visant à renouveler les politiques publiques notamment climatiques. D’autre part, ces politiques prennent peu en compte les pratiques anthropisées de certains groupes, leurs savoirs vernaculaires acquis dans l’historicité des milieux.

Conclusion

La notion de justice climatique envisagée sous l’angle distributif a été traduite dans les engagements de répartition des émissions de gaz à effet de serre selon les pays et les acteurs concernés, et les mesures de compensation négociées dans les accords internationaux sur le climat. Cependant, les manières de penser la redistribution sont amenées à évoluer par la prise en considération des injustices liées aux changements climatiques, lesquelles sont décriées et dénoncées vigoureusement par le Président Denis Sassou N’Guesso lors de ces différentes interventions aux grandes rencontres internationales consacrées aux questions du climat ou non.

Ces injustices sont plus complexes que les seules inégalités d’émissions et de vulnérabilité aux impacts du changement climatique.

L’analyse des multiples facettes des injustices conduit à renouveler la notion de justice climatique prônée par le Président Denis Sassou N’Guesso et les réponses politiques qui y sont apportées.

De façon générique, ces injustices décriées sont liées au fait que des groupes et communautés sont subordonnés aux transformations des milieux opérés par d’autres et aux trajectoires économiques et politiques suivies, sans qu’ils aient la possibilité de dénoncer les atteintes portées à leurs milieux et conditions de vie, et sans pouvoir défendre les valeurs et compétences les aidant à recomposer leurs modes d’habiter et mettre en œuvre des formes de coopération initiatrices de transition.

Le Président Denis Sassou N’Guesso s’insurge contre cet état de chose et fournis des efforts avec un plaidoyer clair pour qu’un changement de paradigme s’opère à l’échelle mondiale et qu’un autre logiciel d’action soit adopté par tous.

Ces critères d’analyse des injustices, d’ordre éthique et ontologique, mais aussi cognitif et réflexif éclairent les fondements des mobilisations citoyennes et le recadrage des enjeux de justice climatique formulés par le Président Denis Sassou N’Guesso ainsi que les coalitions citoyennes et associatives (ONG environnementales, fondations humanitaires…) de par le monde.

À partir des années 2000, les mouvements pour la justice environnementale ont mis l’accent sur la défense des droits territoriaux et de la nature, la souveraineté environnementale des peuples autant que des États, l’importance d’une transition écologique d’initiative locale ancrée dans les territoires.

Depuis 2015, l’analyse des mobilisations révèle un changement de perspective dû à la prise de conscience de l’urgence climatique. Ces coalitions d’hier et la voix de Denis Sassou N’Guesso d’aujourd’hui mettent en cause l’inaction des États, notamment des pays développés dits industrialisés et l’inadéquation des politiques d’atténuation et d’adaptation aux injustices vécues et subies plus particulièrement par les peuples des Pays Moins Avancés (PMA).

Ce recadrage contribue à reformuler les manières d’articuler la justice sociale à la justice climatique en interrogeant les injustices générées par les changements du climat, mais aussi les politiques climatiques à l’échelle planétaire.

Après s’être impliqué dans les COP pour sensibiliser les arènes diplomatiques, les efforts et/ou le plaidoyer du Président Denis Sassou N’Guesso pour la justice climatique changent à présent ses répertoires d’action. Denis Sassou N’Guesso se positionne à l’interface du grand public et des États, des Pays en développement et des États industrialisés pour influencer les politiques mises en œuvre et inciter les acteurs décisionnaires mondiaux à tenir leurs engagements climatiques. Il tente d’infléchir ces politiques en conscientisant les peuples et en prônant une citoyenneté environnementale transformatrice des formes de dialogue démocratique.

Aujourd’hui, le Président Denis Sassou N’Guesso se positionne en acteur contributeur de politiques en sensibilisant l’opinion internationale sur la convergence des idées de justice sociale et de justice climatique. Il s’en dégage une autre manière de penser la redistribution à l’articulation d’une fiscalité plus juste et négociée, des politiques climatiques conscientes des discriminations (sociales, ethniques, de genre…) et intégratrices d’une transition écologique plus réflexive et participative. (‘’La diplomatie climatique de Denis Sassou N’Guesso’’ par nous, aux Éditions L’Harmattan, novembre 2022).

L’ouverture de l’action publique et efforts internationaux à ces différentes manières d’articuler la justice sociale à la justice climatique constitue pour le Président Denis Sassou N’Guesso, un défi politique et diplomatique à relever qui questionne le cadre démocratique des relations entre citoyens et pouvoirs publics mais aussi entre Pays Moins Avancés et pays développés.

Toutefois, il est difficile de savoir si ces peuples du monde conscientisés par les plaidoyers du Président Denis Sassou N’Guesso vont être porteurs d’une citoyenneté environnementale et pourront influencer les politiques climatiques nationales et internationales. Tout dépendra des forces économiques et politiques en présence, des capabilités qu’ils laisseront émerger, de l’écoute qu’ils accorderont aux mobilisations cherchant à concilier transition écologique et transition sociale et démocratique.

Docteur Michel Innocent PEYA

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