Pour bien comprendre ce qui se passe à la Douane

En novembre 2016, le ministre des finances procède à des nominations de directeurs centraux dans l’administration douanière après l’avoir fait à la direction générale du trésor et aux impôts. Ces nominations, ne passent vraiment pas au travers de la gorge de certains cadres qui ruminent au fond d’eux la claque.

Des antécédents de la colère

Avant ces nominations, deux faits avaient déjà fait monter la colère, rappel des faits. Le ministre des finances qui vient d’être nommé constate des exonérations excessives au niveau des Douanes. Nos douanes qui peuvent avoir des performances plus qu’il n’en parait ne sont que dans les 10 ou 11% des performances attendues et un rapport de la banque mondiale révélera le premier Ministre dit que la Douane peut engranger jusqu’à 1000 milliards de recettes annuelles. Or elle ne fait que dans la fourchette de 100 milliards l’année. Exemple, en 2018, les recettes sont fixées à 116 milliards. Le Ministre des finances décide de suspendre ces exonérations et seul lui peut signer une exonération douanière.

Autre fait, une visite à l’administration douanière du ministre Calixte Nganongo

Arrivée au service informatique, une panne paralyse le système depuis quelques semaines. Le dépannage coûte 80 millions de FCfa. Étonnement du ministre des finances qui sait que chaque mois, au titre de la Redevance informatique(RDI), verse à la douane, 400 millions le mois. Comment une panne qui ne coûte que 20% de l’argent décaissé chaque mois ne peut être dépannée. Il demande alors une comptabilité de la RDI, parce qu’il veut comprendre, ça ne vient pas. Alors il gèle la redevance et la douane pour bénéficier de cette cagnotte doit envoyer les factures à son cabinet. Colère à la douane mais personne ose le dire haut.

Ce qui déclenche la colère des Douaniers

Après les nominations des directeurs centraux et départementaux effectuées en novembre 2016, le cabinet Nganongo contacte le directeur général des Douanes (Dgddi) pour des nominations des chefs de service. Celui-ci demande à ces directeurs centraux (ils sont 6) de faire ces propositions. 5 font leurs propositions, le 6e, pour des raisons de santé est hors Congo, nous sommes début février 2017.

Si deux des 5 directeurs font leurs propositions au stylo sur un papier volant qu’ils acheminent à la direction des affaires administratives et financières, trois autres prennent le soin de faire proprement leurs propositions avec entête de leur direction et signent leurs propositions. Il s’agit du Directeur des affaires administratives et financières (DAAF), du directeur des enquêtes douanières (DED) et du directeur du Contrôle des services (DCS) qui en cette période assume l’intérim du Directeur général. Sans que les différentes propositions aient été toilettées à la DGDDI, elles sont envoyées en l’état le 7 février 2017 et le lendemain, le 8 février, les nominations sortent. Il y a quelques irrégularités.

On constate des double emplois, certains nommés, presque à la retraite sont là. On n’a pas forcément tenu compte des plans de carrière. Colère de l’intersyndicale qui va rencontrer le ministre des finances. Étonné de l’avalanche et de la tournure que prennent ces nominations va dire à peu près ceci. « Je ne connais pas les douaniers, ces nominations viennent de vous et cite les noms des trois directeurs qui avaient signé leurs propositions. Calixte Nganongo demande, pour certains cas de nomination 6 mois à l’intersyndicale pour tout toiletter. Ce qui énerve davantage l’intersyndicale des douanes qui refuse la proposition du Ministre. Elle trouve là, les traîtres ou comme elle le dit, « ceux qui ont mis le ministre dans les erreurs. Une Assemblée générale extraordinaire (AGE) est convoquée le 11 Mai 2017. Dans la salle de conférence de la DGDDI, ils sont tout remontés, ceux qui s’y retrouvent. Ils ne sont pas nombreux selon mes sources. Ce que les Congolais ne comprendront peut-être jamais, au lieu de statuer sur les nominations à problème, l’AGE va loin. Elle veut retirer la note de nomination des trois directeurs incriminés qui il faut le souligner travaillaient déjà depuis leur nomination, il y a quatre mois; demande qu’on leur restitué la RDI et les exonérations. Et pour montrer sa colère, l’intersyndicale va barricader les bureaux de ces trois directeurs centraux, le DAAF, le DED et le DCS.

De nouveaux bureaux aux trois directeurs

 Le 13 Mai 2017, par une note de service, le ministre des finances adresse une note au DGDDI, l’informant qu’en attendant de trouver une porte de sortie à la crise qui s’installe, qu’il vient d’offrir des espaces de travail aux trois directeurs dont les bureaux ont été barricadés et demande à ce que leurs dossiers soient  transmis à leurs nouveaux Bureaux installés au Ministère des finances, depuis là, jusqu’à ce je suis en train de faire cette restitution, pas un seul papier est transmis par le DG.

Or, ce sont trois directions importantes, la Direction des affaires administratives et financières (l’administration est donc paralysée); la Direction des enquêtes douanières (des enquêtes douanières ne se font plus, donc une très grosse évasion); et la direction du Contrôle des services.

Le Premier Ministre entre en scène

Clément Mouamba, le Premier Ministre décide de descendre à la DGDDI, nous sommes le 11 janvier 2018. Six mois déjà que la situation perdure. L’une des mamelles de l’Etat joue au yoyo alors que l’Etat, en cette situation de galère économique, a besoin de recettes pour faire face à certaines exigences d’État. Le Premier Ministre va demander à la direction générale et aux syndicalistes de rouvrir les bureaux et que cela se fasse sans « chicotte mais dans le dialogue ». Il fixe le délai au 31 janvier 2018. Le 31 janvier 2018 arrive, toujours rien. C’est le statut quo.

Des bouderies et des inquiétudes des Douaniers

La situation devient délétère. Des voix commencent à monter pour demander que la situation soit vite réglée. La paralysie influence de plus en plus l’assiette même des douaniers. Leur TEL (Travail Extra Légal) qui est de 100.000 francs le mois diminue de plus en plus. Il dégringole à 82.000, puis à 60.000 et tout dernièrement à 42.000 F Cfa.

Autre sujet de bouderie, la vente aux enchères des véhicules à Pointe-Noire. Faisant leur loi, les syndicalistes sont aux avant postes de cette vente. Ils se servent copieusement de véhicules aux yeux des douaniers ahuris. Des inspecteurs douaniers sont presque froissés dans leur office. Or la Douane est un corps para-militaire où le respect de la hiérarchie est un sacré fondement.

C’est à Pointe-Noire que des voix se font entendre ouvertement pour demander à l’intersyndicale de lui rendre compte de la mission qui lui avait été confiée. L’intersyndicale joue les sourds. Des pétitions commencent à circuler. Brazzaville est aussi contaminée, des pétitions y sont aussi signées. On parle de près de 700 signatures. L’intersyndicale qui bénéficie de la sympathie de direction générale ne fait rien.

Création de Action Douane Groupe

Au vu de la crise, des anciens douaniers veulent apporter leur aide. La tête d’affiche est Anguios Nguanguia Engambe. Il est secondé par Serge Ignoumba Maliga. Ce groupe rencontre le président du Sénat et de l’Assemblée nationale, informe le Premier Ministre de sa démarche ainsi que le Directeur général des Douanes et l’intersyndicale. Mais l’intersyndicale refuse d’accuser réception (un Problème d’humeur entre Macaire Bidimbou le président de l’intersyndicale et Anguios Nguanguia Engambe) quand ce groupe met en place un comité de crise où tout le monde se retrouve. Ce comité a  pour rôle de convoquer, dans les plus brefs délais une AGE. Mais Macaire Bidimbou lance à celui qui vient déposer la déclaration de mise en place du comité de crise » on va voir où vous allez convoquer cette Assemblée générale ». Le comité va tout de même convoquer  l’Assemblée générale extraordinaire pour le 21 avril 2018, l’intersyndicale fera un communiqué pour que les douaniers ne reconnaissent pas cette Assemblée générale extraordinaire. Certains douaniers mettent en garde leur intersyndicale, avec ou sans elle, cette AGE se tiendra.

Giscard Mahoungou

 

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