Mathurin Bayi et Corneille Moukala Moukoko payent pour leur indépendance d’esprit

C’est de notoriété publique. Denis Sassou Nguesso a la rancœur à fleur de peau, le ressentiment chevillé au corps et la rancune tenace. Et, c’est un secret de polichinelle.

Le jugement en première instance du procès du 4 mars 2012 sur l’explosion de la poudrière de Mpila avait fortement irrité et énervé Sassou et Aimé Emmanuel Yoka, le juriste conseil. Le sursis du colonel Marcel Ntsourou, cheville ouvrière des massacres dans la région du Pool en 1998-2000, qui s’était répandu dans les medias avait été vécu comme un geste de soutien des magistrats à l’égard de l’officier qui réclamait le galon de général et comme une manifestation de défiance à l’endroit de Sassou et Yoka, ministre de la Justice et Garde des sceaux à l’époque des faits. Mathurin Bayi, mwana ouénzé, et Corneille Moukala Moukoko voulaient signifier, à l’occasion de ce procès, la marque de l’indépendance de la magistrature vis à vis du pouvoir qui trancherait contre l’allégeance et la soumission aveugle ambiante de la justice du Congo-Brazzaville. Ils ne s’imaginaient pas qu’il paraphait leur acte de décès professionnel.

Incident d’audience

Comble de provocation, la convocation de Jean-Dominique Okemba à la barre par Mathurin Bayi qui le cuisina en bonne et due forme durant le procès des explosions de l’ECCRAMU. Cerise sur le gâteau, le juge d’origine mbochi confronta le numéro 1 de la sûreté nationale Jean-Dominique Okemba au jeune Kevin, neveu de Marcel Ntsourou. « Je suis le patron de ce pays » aurait clamé l’amiral Okemba à Kevin au cours d’un interrogatoire musclé à son domicile dans les quartiers nord. (Entendez : Sassou était un pantin à ses yeux.) Fou de rage, Okemba proféra à la barre des menaces de mort à l’encontre de Kevin son ex homme à tout faire. Le président Bayi ramena à la raison Okemba qui confondait droit mbochi et droit positif. Qu’on lui remonte les bretelles en public, le patron des services des renseignements garda une dent contre son compatriote Bayi. Le dentiste Okemba lui présente la facture aujourd’hui.

Juges indépendants

Le réquisitoires du procureur Corneille Moukala Moukoko demandant la relaxe de Marcel Ntsourou et le verdict du président Mathurin Bayi le condamnant à 5 ans avec sursis, conformément aux règle de l’art et contraire au droit mbochi, avaient déplu et fait bondir Sassou Nguesso, Aimé Emmanuel Yoka, Jean-Dominique Okemba et Jean-François Ndengué. Les consignes de la condamnation à la prison ferme du colonel Marcel Ntsourou selon le code mbochi n’avaient clairement pas été respectées. C’était un affront. L’esprit et la lettre n’y étaient pas.

Les recommandations concoctées dans les officines de Talangaï avaient été foulées aux pieds par les deux haut-magistrats récalcitrants. Un véritable crime de lèse-majesté. D’où le recours du jugement auprès de la cour suprême. Dès lors, le sort de Mathurin Bayi et Corneille Mounkala Moukoko était scellé. Débarquement sans ménagement de l’avion à l’aéroport de Pointe-Noire pour Mathurin Bayi au lendemain du prononcé du verdict et interdiction de sortie du territoire pour Corneille Moukala Moukoko.

L’affrontement par institution interposée, entre Sassou Nguesso et Aimé Emmanuel Yoka d’une part et Mathurin Bayi et Corneille Moukala Moukoko d’autre part avait eu le mérite de clarifier les rôles et les rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire au Congo-Brazzaville.

Corruption des Institutions

Au Congo-Brazzaville, la justice est l’une des institutions les plus corrompues. Les scandales dans le corps de la magistrature sont légion. Le conseil supérieur de la magistrature ne s’est jamais préoccupé de cet état de fait, suivant le slogan pécétiste : «  ébonga ébonga té toujours jazz ».

Un magistrat qui dira correctement le droit mais qui est servi par une administration véreuse, rouage vertueux dans une machine grippée, sera vu comme un simple empêcheur de tourner en rond. L’exemple de Mathurin Bayi et Corneille Moukala Moukoko en est l’éclatante illustration. Le 20 février 2018 , sous la présidence de Denis Sassou Nguesso, le Conseil supérieur de la magistrature est sorti du bois pour mieux sanctionner et frapper les deux magistrats rebelles Mathurin Bayi et Corneille Moukala Moukoko et récompenser Henri Bouka, pour services rendus en le hissant à la tête de la Cour suprême. Au Congo-Brazzaville, le khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso exige des magistrats qu’ils soient longanimes à l’instar de Placide Lenga qui lui aura servi à plat ventre jusqu’au bout au-delà de l’âge limite de la retraite. Jean-Marie Michel Mokoko dont le procès va s’ouvrir prochainement sait désormais à quoi s’en tenir avec des juges à la solde du khalife  d’Oyo.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

 

5 thoughts on “Mathurin Bayi et Corneille Moukala Moukoko payent pour leur indépendance d’esprit

  1. Il y a une conférence internationale sur le Congo ou sur sassou et complices? Une conférence internationale pourquoi faire? Arrêtez la comédie, sassou ne partira que par un rapport de force soit militaire ou soit insurrectionnelle. Imaginez que ça change en RD-Congo? sassou tombe. Imaginez que sassou n’ai plus d’argent pour la logistique et l’entretien de ses forces de nuisance – sassou tombe… SASSOU VA TOMBER D’ICI PEU OU A TOUT INSTANT… LA VICTOIRE EST PROCHE……

  2. La conférence internationale et le dialogue de ntumi sous l’onu sont des portes de sortie de sassou car cela fait 2 ans que la situation insurrectionale est partielle et que dans certains départements du congo c’est silence de mort,pas de résistance ni barricades.Sassou ne tombera pas en le regardant jusqu’en 2021 car il s’arme davantage et il recommencera le meme cinema en 2020 pour nous imposer son fils.

  3. Ah pauvre Congo tiari! Le Congo,missafou mia banzenza quelle malédiction implacable! Quand un pays est dirigé par une cohorte d’incompétents notoires et féticheurs arrivistes,on a que nos yeux pour pleurer.C’est vraiment une honte d’être congolais.Parfois,je me demande qu’est ce qu’on a fait à la nature pour mériter ce mauvais sort!
    Le soutien tacite de la France à la dictature au Congo est un sécret de polichinelle, il nous faut une vraie révolte à l’instar d’intifadah arabe pour faire partir ce monstre odieux de Mpila.Et par la suite revoir notre position vis à vis de la France.En un mot,sortir du joug infernal Français sans quoi,nous serons toujours des esclaves à leurs yeux.Il est temps que les choses changent,cessons de nous apitoyer sur notre sort! Ne promenons pas de regards inquiets car notre destin collectif se trouve entre nos mains.Après le départ de ces charlatans obscurs au pouvoir dans notre pays,on pourra aspirer au dévéloppement.Au cas contraire, le congo n’a pas de progrès à prouver aux yeux du monde…

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