Réseaux sociaux : La presse congolaise en perte de vitesse

Dans les démocraties occidentales, la presse est considérée comme « quatrième pouvoir ». Cette notion de quatrième pouvoir (en opposition aux trois autres : le législatif, l’exécutif et le judiciaire) renvoie à l’idée selon laquelle les médias en général, auraient une forte influence sur les affaires publiques et sur le mode vie des citoyens.

Comme dans toutes les nations, il n’y a pas au Congo-Brazzaville de vie politique sans opinion publique et pas d’opinion publique sans communication. De nos jours, on ne peut parler de communication en faisant abstraction d’internet.

Depuis son avènement, internet est devenu quasiment deux fois plus influent que le second média le plus fort, la télévision et dix fois plus influent que la presse écrite. D’années en années, le rôle des « réseaux sociaux » à travers internet s’est accrue progressivement pour transformer le quotidien de millions de personnes et devenir le symbole de la liberté d’expression.

Aux cotés de la presse écrite et audiovisuelle, les réseaux sociaux permettent aujourd’hui d’accéder à un éventail d’informations mais aussi de disposer d’une revue de presse exceptionnelle en un clin d’œil.

Malheureusement en ce qui concerne le Congo, les réseaux sociaux qui devaient être un facteur d’émancipation simplement parce qu’ils ont l’avantage de se libérer de certaines contraintes institutionnelles et de permettre aux citoyens de s’auto éduquer, de s’entraider, d’apprendre, d’avancer, bref de devenir meilleurs, sont devenus à l’image de la société congolaise, le lieu par excellence de l’aliénation et de l’asservissement volontaire à la bêtise.

Si de nombreux Congolais parlent aujourd’hui de corruption, de cupidité, de vol et de mensonge pour qualifier le comportement et les agissements des responsables politiques, surtout ceux qui ont la charge de conduire les destinées du pays, il serait injuste et irresponsable de ne pas fustiger le comportement de certains de nos compatriotes qui ont transformé les réseaux sociaux en une forme de dépotoir à ciel ouvert dont l’objectif serait d’éliminer ou de ternir l’image de tout citoyen, même celui qui ne s’intéresse pas à la politique.

Pour les Congolais, Facebook est devenu la vitrine des différends, des invectives et des dénonciations calomnieuses. Nous avons fait de ce formidable outil qui permet d’accéder à la connaissance, de s’ouvrir sur le reste du monde et du désenclavement culturel, un véritable « mbongui ya ba ndoki » où les règlements de compte, propos diffamatoires et insultes à peine voilées sont devenus monnaie courante.

Deux exemples pour illustrer notre propos (cas des opposants et d’un ministre)

Depuis un certain temps, certains médias sur internet se sont spécialisés dans le jet à visage découvert de boules puantes contre Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas en les qualifiant, jours après jours, de commerçants politiques au service de Sassou Nguesso. La question que nous nous posons est simple : Combien d’articles ces lanceurs de boules puantes ont-ils rédigé pour éclairer la lanterne des Congolais sur les scandales financiers dénoncés par la presse internationale et le FMI à l’encontre des Ministres Ondongo et Bouya ?  Réponse : Aucun. Cela parait étonnant pour une presse qui se veut d’opposition !

Le deuxième exemple est celui de la Fake news contre le Ministre Hugues Ngouelondele et son épouse qui n’est autre que la fille du Président Sassou Nguesso. Il n’y a rien de plus légitime que de critiquer monsieur Hugues Ngouelondele sur sa gestion à la Mairie de Brazzaville ou bien dans le cadre du management de son ministère. Mais, narrer une histoire grossière et imaginaire sur la vie sexuelle d’un citoyen, fusse-t-il ministre et adversaire politique, le massacrer par des qualificatifs les plus ignobles, humiliants et blessants, sur des faits ubuesques, montés de toutes pièces, cela n’est guère élogieux pour la presse congolaise, surtout quand on sait que le véritable auteur de ce pamphlet n’est autre qu’un ancien ministre, originaire du département des Plateaux, chômeur et petit sapeur en mal de reconnaissance. Quel est l’intérêt politique de ce genre d’article, sinon participer à la guéguerre de leadership au sein du Parti Congolais du Travail (PCT) ?  Qu’est ce que cela rapporte aux Congolais, sinon les abrutir ?

Olivier Glassey disait : « En cliquant, en likant, est-ce que je contribue vraiment à construire une discussion plus sereine ou est-ce que je ne fais qu’ajouter un tombereau d’invectives et créer une situation encore plus illisible ? ». Cette question mérite une réflexion approfondie de tous les internautes Congolais.

Dominé par les sites internet et les pages Facebook dites « d’opposition », le paysage médiatique Congolais, en ce qui concerne les réseaux sociaux, doit se concentrer sur sa mission première, celle de la conscientisation des citoyens.

Une chose est au moins sûre, la conscientisation du peuple Congolais que nous appelons tous de nos vœux doit être un processus continu qui devrait se réaliser dans le temps par des actions et des luttes concrètes où l’on devrait apprendre comment avancer ensemble, pour se libérer et construire la société qu’on souhaite à long terme. Dans ce type de processus, l’intrigue et les coups tordus n’ont pas leur place.

Les médias d’opposition qui prônent l’alternance au Congo-Brazzaville, n’ont pas le droit de succomber aux sirènes de la médiocrité et de l’invective qui ont précipité dans les bas-fonds de l’histoire de notre pays, les journaux d’État comme Mweti et Etumba.

Ne dit-on pas que « la prise de conscience est le commencement de la conscientisation qui est un processus mental volontaire ? ».

Yvon BOUMPOUTOU

2 thoughts on “Réseaux sociaux : La presse congolaise en perte de vitesse

  1. « …originaire du département des Plateaux, chômeur et petit sapeur en mal de reconnaissance. »

    Aïe-aïe!!! Où est-ce qu’il trouve l’oseille pour ‘saper’ là-bas, ce chomeur?
    Ferait-il parallèlement de la contrebande de corvée de patates éventuellement?

    ~ Ambe Congolia liya oh, ummmm! ~

    Ba tekenich

  2. COGNITION| MATIÈRE GRISE ET SOCIÉTÉ: LE QI GÉNÉRAL DES CONGOLAIS AURAIT BAISSÉ DE 40 POINTS /100 PENDANT LA DICTATURE DE SASSOU ET DES NGUESSOS
    Selon une étude récente effectuée par des anthropologues et neuroscientifiques congolais de la diaspora , le QI moyen de la population congolaise aurait baissé de près de 40 points sur 100 au cours de ses 20 dernières années. Explications: http://congo-objectif2050.over-blog.com/2018/02/cognition-matiere-grise-et-societe-le-qi-general-des-congolais-auraient-baisse-de-40-points/100-pendant-la-dictature-de-sassou-et-de

Répondre à Isidore AYA TONGA Annuler la réponse.