Le clin d’œil de Gilbert GOMA : La chute de Bachar El Assad. Quels enseignements ?

Par-delà les interprétations qu’elle suscite et les enjeux géopolitique et géostratégique sous-jacents, la chute de Bachar El Assad ne pose pas moins le problème de la nature de certains pouvoirs de par le monde. Et il apparaît sans ambiguïté qu’un pouvoir que l’on tient d’une main de fer sans le soutien du peuple, est fragile, illusoire. Il est son propre étalon comme le montre les explosions de joie en Syrie et la volonté des millions de Syriens contraints à l’exil de retourner dans leur pays.

Le même peuple que l’on croit engourdi, assujetti, qui chante les louanges du « guide éclairé » par peur, par obligation ou par simulacre, dans un sursaut expiatoire, finit toujours par retrouver sa liberté. Comme quoi le peuple gagne toujours face à tout pouvoir !

À l’évidence, le vrai pouvoir, celui qui élève l’homme et la société, s’articule autour de son alliance indéfectible avec le peuple en répondant à ses aspirations et non à celui d’un clan.

Tout pouvoir clos, usé, comme celui de Bachar El Assad, porté par une pulsion obsessionnelle de demeurer ad vitam æternam aux commandes du pays, par instinct de survie, se recroqueville sur lui-même et s’autoproclame unique détenteur de la vérité en vouant à la vindicte toute perspective indépendante de son catéchisme. Magnifiant le culte de la personnalité à toutes les strates sociales, il institutionnalise l’obéissance servile, le soupçon, la peur, la delation, la terreur, le népotisme, le clanisme et l’exclusion comme leviers de régulation sociale.

Ainsi perché au firmament du narcissisme, de l’arrogance, s’accaparant de tout, il n’offre à la population, dont il est radicalement distant, que la précarité, la frustation, l’exil ou la tombe comme ultime issue. Engagé sur une telle pente fatale, ce genre de pouvoir, observant la société à partir de son propre confort, crée les conditions de sa propre décrépitude, d’autant qu’il est par essence déshumanisant. Aucun peuple ne peut l’accepter à perpétuité : il finit toujours par s’en défaire…

Gilbert GOMA

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