Alain Mabanckou se brûle les ailes

Tel Icare mort après avoir volé trop près du Soleil alors qu’il s’échappait du labyrinthe avec des ailes créées par son père avec de la cire et des plumes, monsieur Alain Mabanckou vient de se confronter à la triste réalité : l’on ne peut pas faire semblant tout le temp car la réalité nous rattrape toujours.

S’il était un ami, j’aurai titré : « Alain Mabanckou, l’ami perdu à jamais. »

On le voyait vociférer à juste raison contre la dictature du Congo-Brazzaville. Mais, nous avons aussi oublié que tout homme a un prix. Quel a été celui de monsieur Alain Mabanckou ? Seul lui sait et c’est là notre drame de céder au chant des sirènes.

L’on pensait qu’il était des nôtres dans cette lutte de libération du Congo-Brazzaville contre la dictature qui sévit au Congo-Brazzaville. Avez-vous oublié dans ce pays que le deuxième Président de la République Alphonse Massamba-Débat n’a pas de sépulture, évaporé dans la nature ? Avez-vous oublié ces assassinats de masse des Congolais par des Congolais au petit matin avec des cours révolutionnaires réactionnaires ? Avez-vous oublié les 353 disparus du Beach de Brazzaville ? Avez-vous oublié l’emprisonnement arbitraire pour atteinte à la sureté de l’État du général Jean-Marie Michel Mokoko et du ministre André Okombi Salissa, candidats à l’élection présidentielle du 20 mars 2016 ? Avez-vous oublié tout simplement la misère que vit le peuple congolais dans le déshonneur depuis des lustres ? C’est vrai que l’éloignement éloigne les sentiments et que la Californie n’est pas à côté du Congo-Brazzaville en Afrique mais aux États-Unis en Amérique du Nord.

Après son rendez-vous en juin 2016 avec François Hollande, Président de la France, à qui il reprochait ‘‘le long silence du président français’‘ concernant l‘élection présidentielle de mars 2016 au Congo-Brazzaville, monsieur Alain Mabanckou se mura dans le silence, ne dit aucun mot à ce sujet, alors qu’il était perçu par nombreux d’entre nous comme l’un des possibles leaders pouvant porter les revendications du peuple congolais au niveau international afin qu’une solution soit trouvée pour mettre fin à la misère et au cauchemar que subissaient et continuent à subir ce peuple autrefois vaillant. Il avait accès aux médias et aux puissants de ce monde. L’on peut comprendre le secret des conversations. Mais ici, c’est un silence de cathédrale et glacial auquel les Congolaises et les Congolais avaient eu droit. Je ne puis penser que ce fut du mépris.

François Hollande est ce Président socialiste français qui a mis un frein et une fin à notre volonté de démocratie au Congo-Brazzaville en déclarant : « Le président Sassou peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre ». Ainsi, il avait trahi l’esprit de son discours de Dakar (Sénégal) vu comme une mise en garde pour les dirigeants africains tentés de se maintenir au pouvoir « en violant l’ordre constitutionnel ».

Nous avons tous oublié que monsieur Alain Mabanckou n’était qu’un universitaire et pas un intellectuel engagé qui ne peut se renier tel une girouette qui indique la direction du vent. Ce n’est pas la girouette qui change mais le vent.

Mais quel mauvais vent a pris monsieur Alain Mabanckou pour aller faire l’éloge de madame Belinda Ayessa, l’une des nombreuses concubines de monsieur Denis Sassou Nguesso et fille de monsieur Firmin Ayessa le vice-premier ministre de la République du Congo, également chargé de la fonction publique, de la réforme de l’État, du travail et de la sécurité sociale depuis août 2017.

Madame Belinda Ayessa est la directrice du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, un esclavagiste, alors que rien dans ce pays ne met en valeur par ce pouvoir tyrannique certains de nos anciens Présidents de la république. Tout un paradoxe.

Monsieur Alain Mabanckou fait l’éloge de madame Belinda Ayessa en la tutoyant depuis la Californie, lors d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux qui devait peut-être rester du domaine privé. Hélas ! Ceci traduit une proximité entre les deux car ce qui se ressemble s’assemble. Bien que madame Belinda Ayessa ait reçu en visite à Brazzaville les jeunes et les professeurs congolais qui enseignent la littérature, « l’imaginaire congolais », monsieur Alain Mabanckou promet de faire ce travail, lequel, ensemble avec madame Belinda Ayessa. Il a par ailleurs invité cette dernière à aller expliquer, parler du travail qu’elle fait au Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza à son université de Californie à Los Angeles (communément désignée par l’acronyme UCLA, ou University of California, Los Angeles), notamment au département d’histoire et même au département des civilisations. En plus, monsieur Alain Mabanckou est en spiritualité mais aussi du côté du cœur avec Belinda Ayessa et ses hôtes. Mais, cette fois-ci ce n’est pas le cœur de monsieur Alain Mabanckou qui nous tracasse mais son cerveau.

Monsieur Alain Mabanckou est celui qui avait critiqué le ministre de la Culture du Congo-Brazzaville au salon du livre à Paris en disant « Qu’il vit dans un pays qui n’a pas de culture. Les plus grands écrivains son là-bas, mais dont la politique culturelle est l’une des plus désastreuses que je n’ai jamais vue dans l’espace du continent africain et l’histoire retiendra cela … » Cette critique faisait suite à l’absence d’images sur la télévision congolaise de la leçon inaugurale de monsieur Alain Mabanckou au Collège de France le jeudi 17 mars 2016. C’était son ego qui était atteint. Avait-il oublié que chaque média a sa ligne éditoriale ?

Si l’on comprend bien maintenant au Congo-Brazzaville, la culture est incarnée par madame Belinda Ayessa à travers laquelle il s’adresse à la jeunesse congolaise. Quelle lubie ! À la jeunesse congolaise de savoir que tout ce qui brille n’est pas de l’or, mais parfois c’est du toc.

Monsieur Alain Mabanckou, vous avez tant fait rêver la jeunesse congolaise qui se retrouve aujourd’hui orpheline à cause de vos errements.

Oui monsieur Alain Mabanckou, chacun de nous a le droit d’avoir ses amies et ses amis. Mais dans le contexte du Congo-Brazzaville et selon votre parcours antérieur, comprenez que nous soyons surpris par cette proximité avec « votre très très chère Belinda Ayessa » qui est l’incarnation même du pouvoir dictatorial du Congo-Brazzaville que nous avons tous jadis combattu.

À l’attention de madame Belinda Ayessa, tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Ce n’est pas une immixtion dans la vie privée de monsieur Alain Mabanckou qui est par ailleurs un personnage public.

Pour certains d’entre nous, monsieur Denis Sassou Nguesso serait-il devenu un despote éclairé ? À cette allure, il ne restera plus qu’à écrire un livre à sa gloire. Serait-ce la prochaine étape ?

N’est pas un intellectuel engagé qui veut, car la cohérence de la pensée et de l’action est un élément structurant de la vision que l’on se fait de sa société et du monde environnant.

Monsieur Alain Mabanckou, votre aura a pâti et vôtre étoile a pâli. « La petite vérole », vous nous manquerez.

Le peuple congolais ne renoncera jamais à son désir de liberté, à sa dignité, malgré le départ des petits couteaux.

C’est Victor Hugo poète, dramaturge, écrivain, romancier et dessinateur romantique français qui disait « Fidèle à l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu’au bout l’exil de la liberté. Quand la liberté rentrera, je rentrerai. Victor Hugo, déclaration du refus de l’amnistie, 18 août 1859.

N’est pas Victor Hugo qui veut, personnalité politique et un intellectuel engagé qui a joué un rôle majeur dans l’histoire du XIXe siècle.

« On peut tout fuir, sauf sa conscience. » écrivait Stefan Zweig.

Alain Mabanckou est maintenant seul face à sa conscience.

Adieu l’étoile filante qui va se consumer dans le cosmos de la platitude.

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA 

8 thoughts on “Alain Mabanckou se brûle les ailes

  1. N’ALIMENTEZ PAS DES POLÉMIQUES INUTILES.
    IL VIT SA VIE. VIVEZ LA VOTRE.
    LES CONGOLAIS AURONT, UN JOUR, UNE FENÊTRE POUR S’EXPRIMER COMME IL FAUT.
    LE CANCER INTELLECTUEL PEUT FRAPPER, À TOUT MOMENT, N’IMPORTE QUI.
    NOUS N’AVONS PAS LES MOYENS DE PRÉVENIR CE FLÉAU QUI MINE LA SOLIDARITÉ AFRICAINE.
    PLUS RIEN NE DOIT NOUS SURPRENDRE.
    LA LIBÉRATION EST UN JEU COLLECTIF QUÎ NÉCESSITE DES INDIVIDUALITÉS CONSCIENTES, MOTIVÉES, ET SURTOUT COHÉRENTES.

  2. Un petit ecrivaillon complexé comme ca. C’est lui qui en 2015 encourageait les plaisantins de la diaspora à raconter n’importe quoi, sur le pays. Ces agités méridionaux inutilement présomptueux sont vraiment amusant. Des aliénés pareils.

  3. L’éventualité de la nomination de Alain MABANCKOU comme ministre de la culture peut aussi servir le Congo pour son rayonnement à l’international, pourquoi pas?

  4. NOUS SOMMES À CHEVAL SUR L’ÉQUATEUR. NOTRE RAYONNEMENT NE DÉPEND PAS DES IDIOTS COMME sassou ET DES ÉVENTUELS ESCLAVES VOLONTAIRES DE LA france EN AFRIQUE.

  5. Monsieur Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

    « Le peuple congolais ne renoncera jamais à son désir de liberté, à sa dignité, malgré le départ des petits couteaux. »
    C’est ce qu’on appelle une phrase toute faite , n’est-ce pas Monsieur le porte-parole du peuple congolais?

    « Monsieur Alain Mabanckou, vous avez tant fait rêver la jeunesse congolaise qui se retrouve aujourd’hui orpheline à cause de vos errements. » Rien que cela ? Mais combien de jeunes congolais résidant au Congo ont lu MaBanckou ? A mon avis , très peu.

    « Pierre Savorgnan de Brazza, un esclavagiste ». Non Monsieur , De Brazza était un anti-esclavagiste et humaniste reconnu qui est arrivé dans le bassin du Congo vers 1874, environ 30 ans après l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises des Antilles et de l’océan indien. C’est ce profil De Brazza qui avait conduit Marien Ngouabi, pourtant révolutionnaire anti-impérialiste autoproclamé, à ne pas débaptiser Brazzaville contrairement par exemple à Dolisie ( Loubomo ) , Fort- Rousset (Owando) , Jacob ( Nkayi ) DeChavannes ( Loulombo)… D’ailleurs en 1991 , après la conférence nationale, Loubomo est redevenu Dolisie (décision insensée à mon avis). Est-ce parce que Dolisie était un compagnon de De Brazza ?
    Pour information , De Brazza est revenu au Congo tout au début du XXe siècle , chargé par le gouvernement français pour enquêter sur les exactions commises par les compagnies françaises. il avait certainement des défauts mais aucunement celui que vous lui prêter. Je veux rendre à César ce qui est à César.

    Mabanckou est un écrivain talentueux qui aime son pays natal et qui contribue magistralement au rayonnement culturel de celui-ci.
    Il n’ a rien avoir avec le régime « poutinien » de Brazzaville. Alain qui manie à la perfection la phrase imagée à la congolaise vous dirait
     » ça m’en touche une sans faire bouger l’autre » ou peut-être  » na peser yango » . Ne l’emmerdez pas , Laissez -le tranquille comme on le dirait du côté de Brazzaville.

  6. JE NE SUIS PAS RACISTE. LA PREUVE, MA FEMME DE MÉNAGE EST UNE AFRICAINE.
    MABANCKOU PEUT VIVRE SA VIE. EN TANT FRÈRE EN HUMANITÉ, JE LUI DEMANDE DE FAIRE ATTENTION AUX  » N » DES CONGOLAIS CONSCIENTS QU POURRAIENT LE POUSSER À FAIRE DES « MABAKU ».
    N=HAINES

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