Augustin Kalla Kalla : 05 mai 2019 – 05 Mai 2022

Les grands esprits ne meurent jamais, ils sont des océans, des fleuves, des rivières, des cours d’eau qui irriguent à l’infini la terre des idées justes. Aucun orage, aucune tornade, aucun vent ne pourra effacer ton nom gravé à l’encre de l’amour dans nos cœurs.

Hommage de Gilbert GOMA

Cher cadet, Augustin Kalla Kalla

Tu ne m’appellais jamais par mon prénom, mais toujours par Yaya (grand-frère), avec déférence, depuis notre enfance.

Alors que les temps avaient changé, et je te considérais désormais comme un ami, tu ne voulais pas te délester de cette épithète.

Quand je venais en vacances au pays, tu ne me quittais pas des yeux et voulais absolument être en ma compagnie.

Ta disponibilité dissimulait mal ton envie de me voir prolonger mon séjour à tes côtés, comme pour exhumer les séquences des moments où je te tenais par la main pour t’aider à traverser la route pour aller à l’école primaire de Tié-Tié, à Pointe-Noire.

Le temps passant et engendrant des métamorphoses en chacun de nous, tu as jetté les amarres de ton destin dans le combat de la justice et de l’égalité dans ton pays. Quoi de plus normal que de contribuer à l’édification de  son pays ! Et tu l’as fait avec conviction, dignité et constance, suscitant ainsi l’admiration de beaucoup de tes compatriotes.

Mon cher cadet, Augustin Kalla Kalla, tu portais le nom de notre grand-père. Ce nom, venant des profondeurs de notre Histoire, de notre mémoire familiale, s’inscrit désormais dans un périmètre plus vaste : il est dorénavant domicilié dans la conscience collective congolaise.

Les souffrances, les douleurs et les angoisses que tu as portées au plus profond de ton être,  depuis ton enlèvement et la séquestration dont tu as été victime pendant plusieurs jours, et toutes les violences qui ont en découlées, dont ton corps a été le réceptacle, ont été partagées et péniblement ressenties par beaucoup de tes compatriotes. Leur solidarité à ton égard a été vive et entière. Ces souffrances, ces douleurs et ces angoisses, bref toutes ces meurtrissures, ont formalisé ton passage à la sanctification.

Nourri à l’éthique et à la morale du Kimuntu, Bomoto (la Droiture, le Respect de l’Autre, l’Harmonie, la Paix, la Justice, etc.), tu rejoins nos ancêtres sans avoir soumis ton coeur à la tentation de la haine. Car la haine ou le déni de l’Autre n’est pas un vecteur de construction d’une société, elle est la mère de la laideur, de la déshumanisation. C’est en cela que Nelson Mandela t’inspirait.

Que dans ce beau pays pour lequel tu as investi ta vie, le « Bien Radical » se substitue au « Mal Radical » qui semble se propager de manière insidieuse et grandissante dans tous les espaces de vie ! Que la Raison triomphe sur l’état de nature !

Sans haine ni amertume pour qui que ce soit parce que je crois en la force de l’amour, mais aussi dans un esprit de fraternité à l’égard de tous mes compatriotes, car notre pays appartient à tous les Congolais dans leur diversité d’opinions et a besoin de tous pour son édification, je te dis repose en paix mon cadet (leki ya munu pema mboté).

Les idées de justice et d’égalité que tu as portées avec détermination et éloquence, survivront et triompheront. Elles survivront et triompheront parce qu’elles sont les seules facteurs de construction d’une Nation et, par-delà, d’un pays.

Que le très haut, Nzambi ya mpungu, t’accueille dans son royaume et te couvre de son infini amour.

Ton grand-frère, ton Yaya, Gilbert GOMA