Quel modèle économique pour le salut du Congo-Brazzaville ?

Décryptage de l’un des meilleurs modèles de diversification de l’économie au monde, l’Emirat de Dubaï

Au regard des échecs à répétition des politiques publiques appliquées dans notre pays depuis déjà plus de quatre décennies, un mix d’intelligence économique et d’intelligence politique s’impose pour le Congo-Brazzaville.

Les Gouvernants de cette période quadri-décennale ont longtemps cru que composer avec des proches ou le clan serait bénéfique. Ce modèle de gouvernement peut vous garantir une meilleure conservation du pouvoir dans un système politique peu enclin à la vraie démocratie et à l’alternance démocratique, mais ne garantit en rien le succès d’un modèle économique digne de ce nom.

La bonne Gouvernance suppose composer avec toutes les intelligences de toutes les obédiences, en faisant abstraction des clivages politiques et idéologiques, surtout pour les pays qui font leurs premiers pas en démocratie et qui veulent s’affirmer économiquement, comme le nôtre.

Favoriser l’ancrage démocratique ne peut être qu’à l’avantage du pays, en ce que la majorité et l’opposition se relaient, et chaque entité jouant pleinement sa partition : la majorité gouverne, l’opposition dénonce les dérives et recadre ; et ce schéma est nécessaire pour asseoir des vraies politiques économiques.

Nous n’aurions pas assisté aux mauvais choix d’investissement des dix dernières années si l’opposition était mieux représentée au parlement, et était libre de jouer son rôle de contre-pouvoir.

Les milliards de francs CFA mal investis auraient servi à diversifier en profondeur notre économie et à créer des emplois, facteur de soutien de toute économie, et nous ne serions pas dans le désastre économique actuel.

Lorsque le pays alourdissait sa dette extérieure, où donc étaient passés les parlementaires qui sont chargés de veiller à l’action du Gouvernement ?

L’intelligence économique et politique que nous prônons suppose aussi cette veille:

– Que toutes les institutions prévues par la constitution fonctionnent, non pas pour faire nombre ou de la figuration, mais pour jouer pleinement leur rôle;

– Que les Gouvernants déclarent leurs biens à la prise de leurs fonctions, conformément à la constitution, et que cela ne souffre d’aucune entorse;

– Que soient mis en place des mécanismes de veille et de suivi-évaluation.

A cet égard, la cour constitutionnelle, nous semble-t-il, a en charge entre autre de veiller à l’application stricte et nette de la constitution; d’où la nécessité dans ce mix d’intelligence économique et politique, la séparation des pouvoirs :

  • Le pouvoir législatif;
  • Le pouvoir exécutif;
  • Le pouvoir judiciaire.

Sans qu’aucun de ces pouvoirs n’enfreigne à l’action de l’autre.

Si l’on veut que le pays marche bien et mieux, la presse devra être le quatrième pouvoir, le quatrième pilier, car effectivement, quatre piliers soutiennent mieux une maison que trois.

Le modèle économique c’est celui qui a pour ancrage, l’agriculture, l’agro-industrie, l’industrie minière, ainsi que le tourisme et les loisirs.

Valoriser enfin nos terres par le biais de l’agriculture, et développer l’agro-industrie, c’est à dire, mettre fin aux exportations des matières premières brutes en les transformant sur notre sol, de bout en bout, en développant toutes les filières sous-jacentes, ce qui a le grand avantage de créer de nombreux emplois et de contenir toute la richesse  subséquente dans le pays, ce qui de facto améliorerait notre balance commerciale.

Un plan de développement de l’agro-industrie s’imposerait.

En cela, l’Etat impulserait cette dynamique avec l’accompagnement des investisseurs privés et des partenaires au développement qui verraient d’un bon œil la volonté et la détermination de l’Etat engagé à ne plus faire les choses comme autrefois.

Sur le volet touristique,

Le tourisme requiert un climat général apaisé et rassurant dans un pays, avant l’évocation de ce qui peut justifier l’attractivité d’un pays ou d’une région, que nous n’avons pas spécifiquement :

–  Les pyramides en Egypte justifient l’attrait touristique vers cette partie du monde ;

–  Le niveau du commerce international (zones franches) peut justifier l’attractivité d’un pays ;

– Le climat d’une région peut aussi être un déterminant touristique (l’exemple de Majorque, en Espagne);

–  La qualité des infrastructures globales, routières, sanitaires, sont aussi des référentiels ;

–  La stabilité politique pour les investisseurs comme pour les touristes est un facteur majeur du choix d’un pays.

En économie,

–  Une fiscalité avantageuse ;

–  Des infrastructures modernes, notamment un bon réseau de desserte (routes, voies ferrées, etc.) ;

– L’offre d’emploi d’une part, et dans certains cas la présence d’une main-d’œuvre qualifiée ou au contraire peu qualifiée mais « bon marché »;

–  La sécurité des biens et personnes ;

–  Une météo clémente ;

–  La proximité des ressources naturelles accessibles ;

–  La présence et l’accessibilité de nombreux services, sociaux, médicaux, culturels, administratifs ;

–  Densité importante d’établissements d’enseignement supérieur.

Notre rang (179 ème en 2018, 177 ème en 2017, 176 ème en 2016) dans le dernier classement du «Doing business» publié par la Banque mondiale n’arrange guère les choses dans la perception qu’ont les investisseurs et les touristes pour le Congo.

En la matière, l’Emirat de Dubaï est sans aucun doute l’une des régions dans le monde qui ont le mieux réussi ce mix politique et économique.

Avec ses zones franches, l’Emirat de Dubaï est une plaque tournante du commerce international qui justifie de nombreux visiteurs en provenance de toutes les parties du monde. A cela s’ajoute les grandes compétitions internationales de la formule 1, de Golf, de tennis, ainsi que les safaris sur les dunes du désert arabique qui drainent de nombreux visiteurs, contribuant ainsi à l’expansion de l’industrie touristique de cet Emirat.

D’excellents chiffres d’emploi, un revenu par habitant en hausse et une diversification stratégique des marchés ont fait de Dubaï l’une des meilleures économies de métropoles au monde, avec une croissance de 3,1 % prévue pour 2017.

La puissante association de liberté économique et de politiques stratégiques de l’émirat, associée à une modernisation rapide, a transformé ce dernier en berceau de prospérité et de stabilité.

Dans son rapport sur la compétitivité mondiale pour l’année 2016- 2017, le Forum économique mondial a classé les Emirats Arabes Unis 16ème économie mondiale (sur 138) pour l’année 2014-15, et à la première place de l’index pour le Moyen-Orient.

Lors du Sommet gouvernemental de Dubaï 2017 (World Government Summit) tenu aux Emirats Arabes Unis, la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a fait l’éloge des dirigeants financiers des Émirats pour leur politique financière saine, et a souligné la forte et positive relation entre les Emirats Arabes Unis et le FMI.

Et cela malgré le prix en baisse des exportations de pétrole, qui contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne représente que six pour cent (6%) des revenus de Dubaï.

De nos jours, la ville de Dubaï est une métropole d’innovations dans le domaine de la propriété et des technologies, arborant de grandioses projets d’infrastructures urbaines et une main-d’œuvre internationale.

L’émirat présente une richesse extrêmement diversifiée, grâce à ses investissements dans les domaines du commerce de gros et de détails, des transports, des communications, de la production, de l’immobilier, de la construction et du tourisme.

Avec la construction du Louvre Abu Dhabi, joyau architectural de premier plan, alliant culture et tourisme, les Emirats ont donné un coup d’accélérateur supplémentaire à la diversification de leur économie (déjà bien diversifiée) pour se départir définitivement du tout pétrole. Pour eux l’après pétrole est définitivement bien assurée.

Ces schémas typiques peuvent être reproduits chez nous, peut-être pas dans les mêmes proportions, mais dans la limite de nos possibilités. Or, nous n’avons à ce jour ni la volonté réelle, ni les bribes d’une diversification économique, ni les bases d’une industrie touristique qui contribuerait au PIB du pays et à la diversification envisagée de l’économie du pays.

L’érection annoncée des zones économiques spéciales pourront contribuer à un début d’expansion économique, et créer la nécessaire attractivité, pour davantage d’investisseurs et des touristes d’affaires.

C’est cette attractivité qui fait cruellement défaut au Congo. Il faut donc créer les conditions de l’attractivité économique et touristique pour le pays.

Les zones franches ou zones économiques spéciales (ZES) permettent aux investisseurs étrangers de disposer de droits de propriété, d’avantages fiscaux et de droits de rapatriement de leurs capitaux et des bénéfices de leurs sociétés, sachant qu’aucun impôt sur le revenu ne s’applique.

Le destin du Congo-Brazzaville est entre nos mains, il requiert des hommes nouveaux, un changement de mentalités, et un patriotisme à toute épreuve.

«La cigale et la fourmi» cf. fable de Jean de La Fontaine.

Pendant trop longtemps, notamment ces quatre dernières décennies, nous avons été dans la posture de la cigale, plutôt que dans celle de la fourmi. Nous nous sommes laissés endormir par la manne pétrolière et avons passé notre temps à chanter, plutôt qu’à diversifier l’économie avec les revenus du pétrole.

Nous aurions pu diversifier l’économie durant ces périodes d’embellie pétrolière.

La mauvaise gouvernance et la corruption sont une gangrène que nous devrons absolument bannir.

La gestion globale du pays devra s’appuyer sur des valeurs de rigueur et de probité dans la gestion de la chose publique à tous les niveaux, avec des garde-fous assurés par le pouvoir judiciaire qui devra jouer pleinement son rôle, en sanctionnant toutes les dérives, dans la conduite des affaires publiques et la gestion des biens de l’Etat.

Diop MAHOUCKOUS

Expert en Gestion financière et comptable

Secrétaire national chargé de la prospective de l’UDH-YUKI

 

4 thoughts on “Quel modèle économique pour le salut du Congo-Brazzaville ?

  1. Un putschiste ne pense pas « Bonne gouvernance », mais comment se maintenir au pouvoir et satisfaire le clan. Sassou n’a aucun projet économique pour le pays. Lui et son clan ont dilapidé les recettes pétrolières. Ils ont caché l’argent dans des banques étrangères et au pays dans des lieux connus par eux seuls.

    La gestion d’un pays c’est de nos jours, observer ce qui se fait le mieux chez les autres, imiter et innover par la suite. Le Rwanda possède 5 Universités, Mr 8%, combien en a t-il construites en 30 ans de pouvoir ? Ce dernier investit dans les armes et la corruption, laissant choir la jeunesse, abandonnant l’agriculture …..

    Il faut avant tout, une nouvelle équipe aux méthodes plus patriotiques et modernes. Une équipe qui a une autre mentalité, qui songe avant tout au bien être de tous, faisant éclore une société heureuse, libre qui choisit ses dirigeants politiques et les sanctionne lors des élections tout aussi libres.

    J’ai comme l’impression qu’un jeune lycéen aurait mieux gouverné que Sassou, dont les vertus sont le despotisme,la kleptomanie, la fraude, le népotisme et la violence.

    Ne rêvez donc pas, il faut une alternance, une nouvelle vision politique au plus vite .

  2. Le modèle qui semble être fiable pour le Congo,c’est le modèle proposé par L’économiste MICHALON, avoir des Etats fédéraux avec des gouvernements dans chaque département qui rendent compte au gouvernement centrale.qui fixe les compétences au gouvernement départementale.
    L’Etat centrale affecte les compétences qui manquent dans un département, pour équilibrer les ressources humaines, financières…par contre les ressources minières restent la propriété de l’Etat central qui est dirigé par un exécutif où chaque département est représenté, avec un président rotatoire sans élection.
    Dans ce modèle chaque département sait que son fils sera président de l’exécutif dans telle année et ils se préparent à prendre le contrôle de l’exécutif.
    Ce modèle ne crée pas des frustrations subjectives, surtout dans un pays où le tribalisme bat son plein, est au maximum comme le Congo.
    Donc un gouvernement central avec des mini-gouvernements par département,des mini-assemblées nationales qui proposent des lois à l’assemblée nationale.
    Ce pendant la défense est unique, mais une diplomatie décentralisée.
    Dans ce modèle au niveau local on ne prend aucune décision, mais seul le central prend des lois qui qui s’applique à tous les départements avec des compétences spécifiques en fonctions des réalités de chaque département.
    C’est un modèle économique que l’on peut essayer pourquoi pas.
    Car nos pays africains connaissent trop le tribalisme,Au Congo,on critique le régime avec force, parce que à la tête de l’exécutif ,il ya un Congolais d’un autre département.on méprise pour des raisons subjectives, le tribalisme existe du sommet à la rue.
    Le 23/03/1970 le coup de force de KIGANGA ,les militaires originaires du nord allaient chercher la population KONGO-Lari au marché total de Bacongo, parce que mon père KIGANGA Pierre était KONGO-Lari pour les tuer.c’est le Congo

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