Le FMI pointe du doigt la gouvernance et la corruption au Congo-Brazzaville

La mission de Zorro au Congo-Brazzaville conduite du 25 septembre au 4 octobre 2017 a été ponctuée par un communiqué aux allures diplomatiques. Les mots ont été minutieusement et soigneusement choisis, histoire de ne guère froisser l’ego surdimensionné des autorités du Congo-Brazzaville. Les experts du FMI sont doublés d’agent corruptibles à souhait, nourris au lait et au miel par les pays hôtes, auteurs de rapports complaisants comme ceux qui ont élu le Congo-Brazzaville au statut des pays pauvres très endettés (PPTE). Comble de jouissances, l’un des anciens directeurs de cette organisation, Dominique Strauss-Kahn, aujourd’hui conseiller de Denis Sassou Nguesso, est fiché à la brigade des mœurs dans l’affaire Naffy Fatou Diallo. Vous voyez, d’ici, le bordel !

Table

Le niveau et la nature de dette du Congo-Brazzaville constituaient l’un des enjeux des négociations avec le FMI, l’institution de Bretton Woods chargée d’aider les pays à résoudre les problèmes de déséquilibres macro-économiques. C’est à la demande des pays confrontés aux difficultés financières à l’instar du Congo-Brazzaville que le FMI débarque dans le pays avec dans sa gibecière comme remède des politiques d’austérité d’inspiration libérale. Après avoir caché une partie de la dette estimée à 77 % du PIB, Sassou Nguesso, Clément Mouamba, Gilbert Ondongo et Calixte Ganongo sont enfin passés à table en fournissant les documents concernant les créances aux experts du FMI. « La mission tient à remercier les autorités pour leur excellente coopération, y compris les efforts soutenus du Comité technique qui ont permis aux services du FMI d’accéder à l’essentiel des informations demandées », a indiqué le communiqué du FMI. Mais, pas tout à fait. Les experts du FMI ont eu accès à l’essentiel mais pas à la totalité des documents. Tout est dans la sémantique. Car, une partie de la dette n’est toujours pas intégrée dans le calcul. Le montant de la dette intérieure n’est pas clairement établi. 14 milliards de francs CFA, 1000 milliards de francs CFA, bien malin qui pourrait indiquer le niveau réel de la dette intérieure. L’écart donne du tournis. Le placard de la dette du Congo-Brazzaville a encore des cadavres. Pacifique Issoïbeka, ancien ministre des Finances, avait indiqué que 70 % des marchés de l’Etat étaient bidons.

Les populations du Congo-Brazzaville ne sont pas à l’abri de surprises. Dans l’affaire qui a mis aux prises le Congo-Brazzaville aux fonds vautours, des proches de Denis Sassou Nguesso se sont faits du blé. Aussi est-il indispensable, selon Arnaud Zacharie du Centre National de Coopération au Développement (CNCD), de conscientiser également les débiteurs. « On a atteint la caricature des caricatures au Congo-Brazzaville, quand on s’est rendu compte que des personnes issues du gouvernement avaient créé un fonds vautour pour racheter des créances, attaquer l’Etat congolais et faire une plus-value !  » (La Libre Belgique, 06 Mars 2008).

Sur la foi donc des pièces livrées, la dette du Congo-Brazzaville est évaluée en fin juillet 2017 par les fins limiers de la finance internationale à 5329 milliards de francs CFA soit 110 % du PIB (la dette la plus lourde de la CEMAC). C’est énorme. Le chiffre annoncé par le FMI n’inclut pas les dettes litigieuses ni les arriérés intérieurs accumulés depuis 2014. La créance de Commisimpex vis-à-vis du Congo n’est pas prise en compte dans le calcul de la dette du pays. Cette seule créance s’élève à 1,05 milliard d’euros, ce qui représente pas moins de 16% du PIB. Plus l’encours de la dette est élevé, plus les taux d’intérêt sont élevés. Et, plus le service de la dette du pays est lourd.

Baril   

La baisse du prix du baril du pétrole a bon dos. Le marasme économique et financier du Congo-Brazzaville ne saurait être imputable à la seule chute du prix du baril qui tourne aujourd’hui autour de 50 dollars. Les difficultés de trésorerie sont en grande partie dues à la mauvaise gouvernance, à la corruption, à la mauvaise allocation des ressources, au vol, aux choix hasardeux de politique économique, à la kleptomanie, au clientélisme, au recours systématique à l’endettement pour financer les infrastructures de la municipalisation accélérée… Les expérimentations hasardeuses n’existent pas qu’en politique. Aussi, ont-elles cours en économie.

Habitués à manier la langue de bois, les experts du FMI, en termes diplomatiques, dans leur communiqué, soulignent la nécessité de revoir la gouvernance de certaines entreprises publiques et l’urgence de s’attaquer à la corruption. Mauvaise gouvernance et corruption minent l’économie du Congo-Brazzaville.

Alors que la Banque Mondiale a revu à la hausse les prévisions de croissance de l’économie mondiale, la mission du FMI au Congo-Brazzaville note une contraction de l’activité économique et une diminution des dépôts du gouvernement, marquées par une accumulation des arriérés extérieurs et intérieurs. Cherchez l’erreur. Les crédits du FMI ne seront libérés qu’à l’issue du Conseil d’administration de l’institution financière après examen des rapports des différentes missions au Congo-Brazzaville.

C’est une longue procédure avec plusieurs étapes. Le Congo-Brazzaville n’en est qu’à la première étape de présentation du document-cadre. Si Denis Sassou Nguesso, Clément Mouamba, Gilbert Ondongo et Calixte Ganongo tablaient sur les DTS, droits de tirages spéciaux, du FMI pour payer les salaires, les pensions et les bourses, c’est perdu. Ils doivent prendre leur mal en patience. Et, c’est le moment pour les populations du Congo-Brazzaville d’accentuer la grogne sociale et d’appeler au soulèvement.

  Benjamin BILOMBOT BITADYS

 

4 thoughts on “Le FMI pointe du doigt la gouvernance et la corruption au Congo-Brazzaville

  1. Tant que ça puera grave le Mbochi dans l’administration publique, dans l’armée, dans la gendarmerie dans la police… le Congo sera toujours endetté, telle que soit la richesse du pays.
    Ces bonobos ont pris l’habitude de se partager entre eux, tout l’argent qui entre dans les caisses de l’Etat. Tenez, trouvez-vous normal que le Directeur général de la Douane, ce Mbochi laid comme un pou, soit en même temps le Président du Conseil d’administration d’une banque ? Comme si ce qu’il volait déjà à la Douane ne suffisait pas.

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