Congo : D’un pouvoir psychopathique infernal au délitement de l’Etat et de la société

Pourquoi et comment un pays, le Congo-Brazzaville, de quelques six millions d’habitants officiellement, gâté par la nature à tous les égards, est en train de basculer dans l’état de nature ! Un pays tenu de main de fer par Sassou-Nguesso, quatre-vingts ans, depuis plus de quarante ans…

« Le dernier des Mohicans » de la vie politique congolaise ! Ainsi pourrait-on qualifier Sassou-Nguesso et son long règne au pouvoir ! Quarante ans, ou plutôt plus ! Sans que l’on ne puisse réussir à esquiver l’interrogation sur le secret de cette longévité, sur le fait qu’il soit quasiment le seul survivant de toute sa génération politique, tout en étant aussi, paradoxalement, le dernier de la classe, le moins formé, le plus médiocre de tous et, surtout, le plus toxique dans l’exercice de sa fonction mais aussi dans l’histoire politique du pays ! Sans préjudice d’un instinct criminel aiguisé et assumé, qui le pousse frénétiquement à se défouler brutalement, et de façon sanglante, sur sa population !

Car, « l’homme fort » du Congo, ‘le guide’ comme l’appellent certains de ses fanatiques, jamais élu mais autoproclamé président à deux reprises, puis plusieurs fois auto-validé comme tel par le biais des élections truquées aux chiffres et résultats électoraux macroscopiquement fabriqués et anachroniques, aura, personnellement tout réussi, essentiellement le pillage et le crime outranciers, sauf ce que l’on attend d’un chef de l’État, et surtout pas ses propres promesses dont le catalogue est hyper impressionnant !

En quarante ans de pouvoir, à la tête d’un pays qui, selon ses propres termes « est beau, il regorge de ressources, il est peuplé d’hommes et de femmes pleins de talent, d’énergie et de sagesse… il a tout, le soleil, une terre féconde, de l’eau à profusion, des richesses naturelles… », (in Sassou-Nguesso, « Le fleuve, le manguier et la souris », 1997, page 17), il n’aura cependant pas réussi à assurer à une population de près de six millions d’habitants officiellement, les simples besoins animaux ! Tout en ayant pourtant le deuxième plus grand fleuve du monde après l’Amazonie ! Au Congo-Brazzaville, troisième pays pétrolier d’Afrique noire, selon une plainte populaire chronique, « L’eau coule partout sauf dans les robinets » ! Plus de la moitié des habitants en étant dépourvue, tandis qu’autour de 40% seulement en dispose, et de façon intermittente !

Vingt-sept ans en gros après son retour sanglant au pouvoir dans ce pays potentiellement très riche, la situation socio-économique est tout aussi accablante, sinon plus que celle où il l’ avait laissé en 1992 après treize ans d’exercice du pouvoir (1979 à 1992), lorsqu’il y avait été viré par les urnes : endettement colossal, accumulation de dizaines de mois d’impayés de pensions de retraite, de bourses des étudiants et autres à caractère social, situation sanitaire dramatique, collectivités locales quasiment à l’abandon, dépendance alimentaire toujours aggravée vers l’extérieur, « misère endémique » selon toutes les organisations internationales habilitées, perspectives d’avenir plutôt sombres pour l’ensemble du pays alors que l’on approche de « L’année 2025, année de l’émergence du Congo », selon le fameux slogan du ‘guide’ asséné tambours battants lors de son retour sanglant !

Et, comme il fallait s’y attendre quand tous les clignotants sont rouges, il n’y a plus de perspectives d’avenir pour les plus jeunes essentiellement; le pays, l’État et toutes ses structures sont en train de gravement se déliter à l’oeil nu ! Les violences gratuites se sont banalisées tandis que le crime est tout aussi devenu quotidien, y compris de la part de ceux qui sont chargés de le réprimer dans un contexte structuré, qui s’y adonnent allègrement et impunément ! À la grande stupéfaction de ceux auprès desquels il reste encore un certain souvenir du Congo des deux premières décennies des indépendances, pas vraiment riche mais où il faisait bon vivre. La dégradation, à tous les égards, est dangereusement croissante mais, une fois de plus, dans l’indifférence effarante de son dirigeant et de son équipe, plutôt orientés vers des activités plus réjouissantes dont ils ont seuls les privilèges !

À l’évidence, ce résultat n’est pas fortuit. Il est la suite logique de la disparition de l’organisation rationnelle de la société, de l’émiettement de l’État et ses valeurs, d’une société sans droit ni justice dignes de ce nom, de l’impunité exacerbée, de l’institutionnalisation volontaire et assumée d’une société à deux vitesses, d’un petit monde de parvenus qui, froidement et cyniquement, narguent ceux qu’ils dépouillent depuis toujours, sous le couvert de promesses et slogans mirobolants. C’est aussi et surtout la traduction ou ‘démocratisation’ des vices et anti-valeurs d’un individu trop longtemps installé sur un trône dont il est dépourvu de qualités. Consciemment, mais peut-être avec tout de même une forte dose d’inconscience dans la mesure de la situation, esprit obscur et irrationnel aidant, il persiste à ne pas vouloir se rendre à l’évidence : qu’il est absolument inapte à gouverner un État,  qu’il est dépourvu d’émotion, d’empathie et du sens de culpabilité et de responsabilité à l’endroit de ses concitoyens, qu’il est un esprit archaïque et asocial, avec des réactions impulsives et violentes quand il lui est mis en face ce profil calamiteux, cette inhumanité !

Les psychanalystes, clairement et unanimement, appellent cela, appellent un individu avec ces symptômes, un psychopathe ! Un psychopathe dans l’arène politique congolaise, et pendant longtemps, très longtemps, sans que ses compagnons, ses ‘cama’ades membres’ s’en doutent, s’en rendent compte, et ont fini par conséquent par le payer très cher, de leur vie, pour grand nombre d’entre eux !

C’est, logiquement, cette inhumanité qui explique sa survie exceptionnelle sur les autres, son désormais statut de ‘dernier des Mohicans’. Une sorte de Lucky Luke de l’inhumanité, mais sans fair play, qui lui a alors permis de surprendre mortellement les autres, quand ils ne s’y attendaient pas, et pour cause : n’est pas inhumain, n’est pas psychopathe le premier venu ou qui veut. Puisque c’est une pathologie. Très grave. Et qu’on aurait a priori pu absolument dévier de l’arène politique ou, a posteriori, de l’y écarter urgemment !

Malheureusement, au Congo, cela a trop duré, avec des conséquences extrêmement graves et indescriptibles, sans qu’on en mesure encore toutes, pour le moment et pour l’avenir. Reste à se demander, à chercher à comprendre, si cela était encore nécessaire, pourquoi le président Chirac, qui ne pouvait pas ne pas savoir ce profil calamiteux, en a fait « quelqu’un qui était capable…de faire revenir l’ordre et les conditions du développement » , comme il l’a clairement confirmé le 30 juin 1998 à Luanda ! Certainement, et avec évidence, pas dans l’intérêt des Congolais. Et, pour ceux qui en douteraient encore, un ex-révolutionnaire africain nous aide à bien fixer les choses : « Quand tu es félicité par le colon, c’est que tu es mauvais pour ton peuple. Quand ils disent que tu es mauvais c’est que tu es bon pour ton peuple » (ex-président de la Guinée-Conakry, Ahmed Sékou Touré).

C’est peut-être un peu caricatural, mais ce n’est pas dénué d’une certaine pertinence, essentiellement dans les relations inter-Etatiques, les relations franco-africaines où cela a été maintes fois vérifié…