Va-t-on vers une augmentation des prix à la pompe ?

Avec une capacité nominale installée d’un million de tonnes métriques par an, la CORAF, filiale de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), alimente le marché national en tous produits raffinés: gaz butane, super-carburant, carburéacteur, gasoil et fuel oil léger. Sa capacité de traitement du brut, notamment du Djéno mélange, a été portée de 750 à 850.000 tonnes métriques par an.

De quoi faire face à la demande nationale. Malheureusement, des pénuries de carburant se manifestent par de longues files d’attente devant les stations-services, sont constatées dans le pays. Pire, on évoque l’éventualité d’une augmentation des prix à la pompe. Rigobert Maboundou, directeur de cabinet du Premier ministre, l’a confirmé à Brazzaville, au cours d’une rencontre du PCT.

Les pénuries de carburant sont récurrentes au Congo, pays pourtant exportateur de pétrole brut et doté d’une raffinerie, à Pointe-Noire. Société anonyme au capital social de 100 milliards de F.CFA, et filiale à 100% de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), la Congolaise de raffinage (CORAF), créée en septembre 1982, assure la gestion de cette usine de raffinage.

 De 1997 à 2002, la CORAF connaît une période de difficultés avec une phase d’arrêt total de production, due à la rupture des approvisionnements en pétrole brut. Après 30 mois d’arrêt de l’usine, le secteur aval pétrolier est en proie à de sérieuses difficultés qui se manifestent par des pénuries récurrentes de carburant dans le pays. Le Congo est obligé d’importer des produits finis.

Par manque de financements pour relancer la CORAF, le ministre des Hydrocarbures à l’époque, Jean-Baptiste Tati-Loutard, autorise M. Nestor Mawandza, alors directeur général de la CORAF, de signer en mars 2001, un contrat de processing avec Trafigura, une société de courtage pétrolier. Ce contrat, qui dure de mars 2001 à juin 2002, consistait en l’achat par Trafigura du pétrole brut mis à la disposition de la CORAF. Les produits finis appartenaient à Trafigura qui les vendait pour son propre compte. Les revenus de ce contrat ont permis à la direction générale de l’époque de payer les arriérés de salaires.

A partir de juin 2002, la CORAF n’arrive plus à répondre à la demande nationale évaluée à environ 450.000 tonnes métriques de produits raffinés, alors que la capacité nominale de l’usine était d’un million de tonnes par an.

C’est à compter de juin 2002 que la SNPC reprend la CORAF dont le personnel était d’environ 250 employés. Le contrat avec Trafigura est résilié. Selon le code des hydrocarbures, la CORAF s’approvisionne en pétrole brut avec une défiscalisation de 12%.

Les pénuries de carburant commençaient à se faire ressentir. Certains experts estimaient que cette pénurie était due au mécanisme de subvention des prix à la pompe, mis en place par le Gouvernement en 2008, mais qui n’était pas respecté. En effet, le prix du litre du super est fixé à 595 F.CFA. En réalité, ce prix sera porté à 650 F.CFA. La différence de 55 F.CFA est subventionnée par le Gouvernement. Seulement, celui-ci ne reversait pas à temps ce complément aux marketteurs, qui ont du mal à se ravitailler.

A partir de 2009, la CORAF a commencé à traiter le brut Nkossa blend, afin d’améliorer ses rendements en produits blancs. Si déjà les sociétés EEC et LCDE ne maîtrisent pas la distribution d’eau et d’électricité à la population, en ville comme à la campagne, leur assurer un accès permanent et sans cesse amélioré aux produits de consommation courante comme le gaz et le carburant dans une société moderne, était tout autant difficile.

Face à la difficulté, le Gouvernement va décider l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe sur toute l’étendue du territoire national. Le prix du litre de super est ainsi passé de 550 à 595 F.CFA, celui du gasoil de 400 à 475 F.CFA. Le prix du litre du jet national a aussi augmenté, passant de 300 à 350 F.CFA alors que celui du jet international a évolué de 550 à 600 F.CFA. Seul le prix du pétrole lampant n’a pas changé, qui est toujours de 320 F.CFA, malgré sa rareté dans les stations d’essence. Il est plutôt vendu à 700 F.CFA. auprès des Kadhafi et autres revendeurs.

Cette hausse des prix des produits pétroliers n’avait eu aucune incidence sur les tarifs des transports en commun qui sont restés maintenus à 150 F.CFA pour le bus et à 700 F.CFA pour la course de taxi, de façon officielle. Dans la pratique, les clients payent 1000 F.CFA par course. Et ce, au vu et au su des autorités qui sont restées sans réagir. Le Gouvernement a compensé cette hausse par le maintien de la mesure de suppression de toutes les taxes liées au transport en commun, annoncée par le président de la République, dans son message à la nation du 31 décembre 2007, et l’application de l’accord portant rémunération des employés du secteur des transports en commun signé le 20 août dernier.

Aujourd’hui, le prix du carburant à la pompe pourrait augmenter. Au cours d’une rencontre entre le secrétaire général du PCT, Pierre Ngolo, et les cadres de son parti, Rigobert Maboundou, ancien ministre de l’agriculture et actuel directeur de cabinet du Premier ministre, intervenant pour donner quelques explications sur l’accord signé avec le FMI a levé l’équivoque. Il a parlé d’une éventuelle augmentation des prix des produits pétroliers. «C’est vrai qu’ils pourront être augmentés. Nous sommes dans une situation en Afrique centrale où les prix des produits pétroliers à l’intérieur de la CEMAC sont très bas au Congo et pas dans les autres pays qui ont déjà consenti à des augmentations», a-t-il rassuré.

L’augmentation des prix des denrées alimentaires et produits inquiètent les Congolais.
Depuis trois ans, les associations de consommateurs relevaient déjà une augmentation des prix provoquée par les nouvelles taxes sur les produits et services de consommation courante.

En 2016, le Gouvernement a institué des taxes qui se répercutent sur les produits vendus sur le marché et les prix ne font que galoper. Allusion faite à l’Internet et aux appels téléphoniques, à la bonbonne de gaz butane de 12 et 20 kilogrammes, aux tarifs de péage sur les Nationales 1 et 2. Sur ces taxes, il s’ajoute aussi celui de Canal +.

Les prix des vivres ont aussi varié, obligeant les consommateurs à débourser plus pour manger à leur faim. A titre d’exemple, le carton de cuisse de poulet vendu jadis à 6 500 F.CFA est passé à 10 000 F.CFA. Tandis que le kilo qui était à 850 F.CFA est passé à 1 200 F.CFA. Le sac de ciment, quant à lui, est passé de 2500 à 4000 F.CFA.

Cyr Armel YABA NGO

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