Maixent Raoul Ominga sur le chemin des préfinancements

Maixent Raoul Ominga est un original. Aux dernières législatives, à Oyo, le candidat Ominga installa le bureau de vote dans son salon particulier. Il fut élu à 100%.

« Laver la tête d’un singe, c’est gaspiller du savon », dit un adage populaire bien connu en Afrique. Cette maxime ne croyait pas si bien dépeindre la psychologie des décideurs économiques et financiers du Congo-Brazzaville.

Pendant que les négociations de ce petit pays pétrolier d’Afrique Centrale se poursuivent avec les institutions de Bretton Woods et alors que les discussions achoppent sur le niveau de la dette exagérément élevé environ 110 % du PIB, de l’ampleur de la corruption, du stock de l’évasion financière et du train de vie de l’Etat, voilà que le patron de la SNPC et député d’Oyo actionne un instrument de gestion pourtant proscrit par la communauté financière internationale : le préfinancement pétrolier. Les mises en garde contre le recours au préfinancement pétrolier glissent sur les autorités du Congo-Brazzaville comme des gouttes d’eau sur les plumes du canard.

 As Otoho

Le « digne » successeur de Denis Christel Sassou à la tête de la SNPC passe outre les recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Gavé au préfinancement pétrolier et à la faveur de la hausse de la production pétrolière passée de 270 à 330 mille barils par jour, l’ancien étudiant Mbochi passé par Montpellier n’en a cure des injonctions des partenaires financiers du Congo-Brazzaville ainsi que des onéreux conseils prodigués par Dominique Strauss-Kahn et Mathieu Pigasse.

Maixent Raoul Ominga a contracté un préfinancement avec un trader pour financer son équipe de football As OTOHO. Nom de son village situé à un jet de salive d’Oyo, fief de Denis Sassou Nguesso à quelques 400 kilomètres au Nord de Brazzaville où ont poussé en quelques années Banque, hôtel, ferme, abattoir, hôpital, et édifice religieux. La dette du CONGO-Brazzaville ne connaît pas de repli et poursuit son envol en dépit de la signature avec la Chine le 29 avril 2019 d’un accord de restructuration et d’une annulation de 20 millions de dollars.

Parlement

En effet, le protégé de Christel Sassou Nguesso, Maixent Raoul Ominga qui a pris la tête de la SNPC s’est engagé dans le chemin de ses prédécesseurs dans les préfinancements pétroliers avec un autre trader Suisse Mercuria sans engager le Parlement transformé en simple chambre d’enregistrement où Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas jouent leur rôle d’accompagnateurs. Ne peuvent-ils pas s’abstenir à défaut de voter contre par crainte de susciter le courroux de Denis Sassou Nguesso ? Au Congo-Brazzaville, le Sénat et l’Assemblée nationale sont consultés a posteriori alors qu’il devrait l’être a priori.

La formalisation d’un tel accord entre la SNPC à la direction de laquelle se vautre Maixent Raoul Ominga et le trader pétrolier suisse Mercuria il y a quelques semaines envoie donc un mauvais signal aux services techniques du FMI et aux membres du conseil d’administration sur la volonté réelle du Congo-Brazzaville de tenir son engagement de rétablir la soutenabilité et la viabilité de la dette publique.

Quelles sont les conclusions de l’audit de la société pétrolière du Congo-Brazzaville, la SNPC dirigée autrefois par le fils du chef de l’Etat Denis Christel Sassou Nguesso, Jérôme Koko, Jean Bruno Richard Itoua, Denis Gokana, Calixte Nganongo et aujourd’hui par l’expert-comptable agréé et « Matoyi ma ngongi  » Maixent Raoul Ominga ? Où en sont les pourparlers entre le Congo-Brazzaville et les traders pétroliers Gunvor, Glencore, Vitol, Mercuria et Trafigura?

Tonneau sans fond

Dans l’univers congolais, le prêt gagé sur le pétrole consenti par Mercuria à Maixent Raoul Ominga est une preuve du cynisme de ceux qui prétendent développer le Congo-Brazzaville. Lorsqu’on sait l’usage que

fait le Congo-Brazzaville des financements, les banquiers et les divers créanciers remplissent d’eau un panier percé, ou un tonneau qui fuit de toutes parts comme dans le mythe des Danaïdes.

Il est important et urgent de clarifier l’état des discussions entre la République et les négociants de pétrole afin de dissiper toute ambiguïté sur les intentions réelles du Congo-Brazzaville. Décidément, les financiers et les négociateurs du clan Sassou sont incorrigibles. Et, dire que Denis Sassou Nguesso perd le sommeil à la fin de chaque mois, est une vaste blague lorsque l’on sait où se trouve l’argent.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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