Congo-Brazzaville : Le Premier ministre Anatole Collinet Makosso dans l’aporie

Et le poteau rose apparu ! 

Dans la rubrique « un Premier ministre responsable ne devrait pas dire ça », monsieur Anatole Collinet Makosso nous assène des contre-vérités à savoir : « La délégation générale des grands travaux a réalisé toutes ses infrastructures sur fonds propre du Congo. Et dans la perspective des 20 prochaines années, nous voulons développer davantage le partenariat public-privé pour ne pas faire peser toutes ces charges d’investissement sur l’État, sur le peuple congolais sur le budget, mais pour que les hommes d’affaires, les grands industriels, les grands groupes prennent aussi leur part dans le développement de notre pays ».

Est-il sérieux, ce monsieur qui prend des vessies pour des lanternes ?

Le rôle d’un Premier ministre, Chef du gouvernement, au Congo-Brazzaville est de conduire l’action du gouvernement fixée par le Président de la République. À la tête du gouvernement, le Premier ministre détient le pouvoir réglementaire et exécutif. Il joue également un rôle central dans la procédure législative puisqu’il dispose du droit d’initiative et de la maîtrise d’une partie de l’ordre du jour du Parlement. Il peut être habilité par le Parlement à légiférer par voie d’ordonnances.

Au Congo-Brazzaville, la réalité est très loin des faits puisque le Premier ministre est le porte-parole de la famille Sassou Nguesso et du clan auxquels il doit faire allégeance. C’est un petit fonctionnaire dépourvu de tout poids politique, puisque tout ce qu’il dit vient sans intermédiaire de monsieur Denis Sassou Nguesso, son bienfaiteur.

En effet, le Premier ministre au Congo-Brazzaville ne dispose d’aucune marge de manœuvre, son pouvoir politique étant faible, réduit à la portion congrue. Il est un exécutant docile de la politique de prédation menée depuis des lustres dans notre pays.

Le poste de Premier ministre est généralement attribué dans une logique clientéliste à un ressortissant de la partie Sud du Congo-Brazzaville. Cette répartition inconstitutionnelle des pouvoirs montre le caractère peu sérieux de cette nomination puisque le récipiendaire n’est en général qu’un exécutant dans un régime présidentiel. Le Président de la République peut dans ses prérogatives nommer et révoquer à tout moment son Premier ministre.

Le Premier ministre au Congo-Brazzaville est un alibi sympathique de la soi-disant politique d’union nationale. L’agrégation de certaines tribus autour de la tribu mbochi dominante pour le partage du gâteau donne l’illusion d’un pouvoir ayant reçu l’adhésion de la majorité du peuple congolais.

Pour réduire le train de vie du gouvernement, il serait tout à fait logique de supprimer la fonction de Premier ministre qui est budgétivore pour les finances de l’État, étant donné que le Congo-Brazzaville est une démocrature avec un régime présidentiel fort. Ainsi, l’on voit un Président dictateur au pouvoir depuis plus de 38 années cumulées de pouvoir.

Pour service rendu au Clan Sassou Nguesso, monsieur Anatole Collinet Makosso fut nommé Premier ministre le 12 mai 2021, après avoir servi comme Conseiller de monsieur Denis Sassou Nguesso et directeur de cabinet de madame Antoinette Sassou Nguesso. Par la suite, cet enseignant de formation s’est tristement distingué en tant que ministre de la Jeunesse et de l’Instruction civique, puis ministre de l’Enseignement primaire et secondaire, de la Jeunesse et de l’Instruction civique. Ses passages dans ces différents ministères se sont soldés par un saccage de l’enseignement avec un taux d’analphabétisation record pour un pays qui avait jadis un taux d’alphabétisation à presque 100 %. La jeunesse s’est dévergondé, sans boussole, avec des mœurs légères.

L’éducation ne consisterait pas à remplir le cerveau d’une jeunesse de fausses promesses, mais bien plutôt à la préparer à affronter les différents défis sociétaux qui se posent à elle.

Ce militant du PCT (Parti congolais du travail) sert aujourd’hui avec zèle ce pouvoir qui a fait de lui un apparatchik, un milliardaire, au point d’oublier la souffrance du peuple congolais. Son rôle se réduit à l’inauguration des points d’eau gravés de ses initiales.

Afin de déconstruire les mensonges de monsieur Anatole Collinet Makosso, nous allons nous référer aux propos de monsieur Rigobert Roger Andély, ancien ministre des Finances et du Budget dans le premier gouvernement Makosso, qui disait ceci à la suite de l’approbation chinoise pour le rééchelonnement de la dette congolaise : « La dette du Congo vis-à-vis de la Chine est de 1100 milliards francs CFA en ce qui concerne la partie publique et bancaire, et de 225 milliards de francs CFA en ce qui concerne la partie privée et commerciale. Donc au total en gros, 1300 milliards de francs CFA que nous devons à notre partenaire et pays ami la République populaire de Chine pour l’ensemble des travaux que vous voyez dans tout Brazzaville ».

Cette dette de 1300 milliards de francs CFA vis-à-vis de la Chine ne saurait expliquer à elle seule une dette extérieure du Congo-Brazzaville d’au moins 9 milliards de dollars.

Monsieur Anatole Collinet Makosso est pris en flagrant délit de mensonge. Mais comment s’en étonner vis-à-vis d’un gouvernement qui avait caché une partie de sa dette aux institutions financières internationales. Le Congo-Brazzaville est un État voyou, et le mensonge une culture d’État.

Monsieur Anatole Collinet Makosso fait partie de ces politiciens qui subissent l’histoire au lieu de la faire dans l’intérêt national. Sans vision, le Premier ministre congolais devient la caisse de résonnance de la politique mafieuse de la délégation générale des grands travaux de monsieur Jean-Jacques Bouya qui construit à partir des fonds sales donc de la dette pour le peuple congolais, et de la politique chimérique du partenariat public-privé de monsieur Denis Christel Sassou Nguesso, deux ténors du gang d’Oyo.

Monsieur Anatole Collinet Makosso désacralise la fonction de Premier ministre qui au passage n’a que très peu d’intérêt dans un régime présidentiel, dans lequel le Président de la République du Congo est en même temps le Président du PCT, le parti majoritaire à l’Assemblée nationale, donc Chef de la majorité présidentielle, rôle normalement dévolu au Premier ministre qui conduit l’action gouvernementale.

En tant qu’écrivain, monsieur Anatole Collinet Makosso est celui qui en 2009, à la suite du décès de la fille du président de la République du Congo, Édith Lucie Bongo Odimba, publia une collection de poèmes et d’histoires consacrés à cette dernière. Ces poèmes sont lus au feu de bois à Oyo.

Sans vertu, il n’y a pas de politique au service du peuple.

Au Congo-Brazzaville la corruption galopante, l’insécurité, l’injustice sociale, la gabegie et la mauvaise gestion des affaires publiques sont autant de sujets mis sous le boisseau en faisant avaler des couleuvres au peuple congolais.

La difficulté de monsieur Anatole Collinet Makosso à résoudre un problème, une contradiction insoluble dans un raisonnement, en ne disant pas la vérité au peuple congolais sur l’état des finances de la nation fait de ce dernier un pantin au service d’un clan.

Monsieur le Premier ministre, la difficulté ne fait pas un doute qui est de l’ordre de la confiance. Mais pour résoudre quoique ce soit, on a besoin d’une lumière, et le Congo-Brazzaville ne manque pas de talents et de patriotes.

C’est John Joos qui écrivait : « Ce n’est pas grave de se tromper de chemin, mais rien de pire que de continuer à avancer tout en le sachant ».

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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