Les Bantous de la capitale : L’expérience d’une vie

D’un évènement à l’autre depuis 60 ans  (résumé)

Chapitre 0I – 1959 : Les cinq premiers mois

Après la naissance le 15 août 1959 au Bar-dancing « Chez Faignond », l’orchestre Les Bantous va se révéler au cours des cinq derniers mois de l’année 1959 éblouissante de forme, faisant scintiller les nombreuses facettes de son art basé sur l’étendue de la maîtrise instrumentale et l’originalité de la pensée mélodique.

Il est composé de : Jean-Serge Essous (clarinettiste – chef d’orchestre) Edouard Ganga « Edo » (1er chanteur)Célestin Kouka « Celio » (2ème chanteur)Daniel Loubélo « De la lune » (contrebassiste)Nicolas Dicky Baroza (guitariste- solo – Kinois)  Jacques Dignos (guitariste accompagnement , kinois) Saturnin Pandi « Ben » (batteur)  – (Aujourd’hui, à l’exception du brazzavillois  Ganga Edo 86 ans et du kinois Dicky Baroza 80 ans tous ne sont plus de ce monde)

Nota : Damiens Evongo (marcassiste de fortune au premier concert, et quelques jours après, ne continuera pas l’aventure) – suivra , André Aribot (drummer de nationalité cap-verdien recruté  début 1960 au sein d’un groupe sénégalais de passage  à Kinshasa) – Quant à Nino Malapet , (saxophoniste) lui l’inspirateur et le chef présumé des Bantous, retardera de se retrouver avec les autres, en attendant l’accomplissement d’une mission à Libreville (Gabon) avec son orchestre Rock-A-Mambo jusqu’en 1961, année de la dislocation dudit orchestre à Pointe-Noire et de l’intégration de Nino Malapet dans Les Bantous.

L’orchestre Les Bantous il faut le souligner était soutenu par une Association dite  » Amicale de l’orchestre Bantous » composée de : Yvonne Tchicaya, Dieudonné Mambou, Denis Kinkany, Etienne Bakana « Moustache »(manager), Idriss Diallo, Mandola, Makabala alias « Marie-Louise » et  Emile Faignond

Brazzaville pouvait désormais s’estimer heureuse de commencer l’écriture de ses lettres de noblesses grâce au regroupement des meilleures vedettes de la musique congolaise au sein de l’orchestre Bantous de la capitale. Une musique congolaise fondée sur une organisation polyphonique instrumentale et vocale faisant appel à la gamme africaine à cinq degrés et dont les héritiers des traditions instrumentistes se sont appropriés les instruments occidentaux modernes, comme la guitare et les cuivres. Les rythmes ancestraux se sont métissés de Rumba, Biguine, Cha cha cha, Merengue, etc.. lesquels vont être à l’origine  des rythmes comme Soukous, Kiri-kiri, Yéké-yéké, Ndombolo et tant d’autres en vogue au fil des années sur les pistes de danses africaines.

Chapitre II – Les Années 1960 à 1969

Les années 60 des Bantous ont été les plus déterminantes dans l’histoire de l’orchestre le plus prestigieux du Congo-Brazzaville. En tenant compte de l’expérience acquise, enrichie de nouvelles idées qui ont satisfait le mieux les besoins culturels des populations du continent, on peut dire qu’en ce concerne l’activité musicale, les faits ci-après ont été les plus marquants :

01) – 1960 Du mois d’Avril au mois d’Août  Première tournée Ouest-africaine  (Togo – Ghana – Nigéria)  – De passage à Lagos – recrutement du saxophoniste nigérian  Isaac Dele Pedro.

02) – 15 Août 1960 Les Bantous sont à l’honneur à l’occasion des festivités marquant l’Indépendance de la République du Congo-Brazzaville.

03) – Août 1960 – L’orchestre Les Bantous qui est très réclamé à Kinshasa, marque  sa première présence  dans cette ville. Après le premier concert, il conclu un contrat de production avec le tenancier du bar dancing « Petit Pont » situé dans la zone de la Gombe, pour des concerts en week-end. Il finit par concéder à l’orchestre quelques instruments de musique.

L’orchestre met à profit son séjour à Kinshasa pour enregistrer aux éditions Ndombe ses toutes premières chansons : « Una noche » –  « Luiza » – « Nazonga na motema » – « Padrona de la musica » – « Nalembi  bipale » – « A que pena » – « Mandola » et « Wa BB » (indicatif de l’orchestre)

04 – Octobre 1960 – soit six mois après son insertion au cours du mois d’Avril à Lagos, le saxophoniste nigérian Isaac Dele Pedro se voit obliger de rentrer chez lui pour des raisons purement sociales.

05 – 1961 – A l’issu de plusieurs tournées en Afrique, l’orchestre Les Bantous juge peu satisfaisant les services des guitaristes Dicky Baroza et Jacques Dignos. Ils sont remerciés et remplacés par deux excellents guitaristes : Antoine Nedule « Papa Noël », un virtuose de la guitare solo et Jacques Mambau « Jacky » accompagnateur, tous deux anciens sociétaires de l’orchestre Rock-A-Mambo de Nino Malapet.

06 – Août 1961 – Deuxième tournée des Bantous en Afrique de l’Ouest, cette fois-ci en Côte-d’Ivoire, sur l’invitation officielle du Président Félix Houphouët-Boigny

07 – Août 1961 – Disques « Succès Bantous » – A l’absence des Bantous en séjour en Côte d’Ivoire, sortie à Brazzaville des disques sous la marque « Succès Bantous » : « Lutaya », « Sax merengue » (Essous), « Elista », « Nasolola na nani » (Loubelo « De la lune »),  « La luna y el sol », « Basili koyokana » (Nedule « Papa Noël »)

08 – Décembre 1961 – Les Bantous sont de nouveau à Abidjan pour participer aux 2ème Jeux de l’Amitié  à l’échelle continentale. Après les Jeux, une longue tournée les mène successivement au Sénégal, en Gambie et au Libéria.

09 – 11 Août 1962 – Dernier concert des musiciens Ganga Edo et Loubelo « De la lune », avant de réintégrer clandestinement l’OK Jazz à Kinshasa, contre toute attente.

10) – 1962 – Novembre – Première tournée européenne (Bruxelles – Paris) pour la réalisation à Bruxelles de 51 disques 45 t sous la marque CEFA, et quatre disques à Paris aux éditions Louis Gaste, le mari de la chanteuse française Line Renaud.

11) – 30 Juin 1963 – Les Bantous sont à Cocquylatville (Bandaka) Congo-Kinshasa.  Sous la présidence de Joseph Kasavubu, président de la république du Congo-Léopoldville (Kinshasa) Les Bantous sont retenus à animer les festivités du 3ème anniversaire de l’Indépendance à Cocquylatville (Bandaka).

12) – Décembre 1963 – Premiers enregistrements aux Editions « Stenco » de Mr. STEIN, un homme d’affaires français installé à Brazzaville, spécialiste de l’habillement.

13) – 1964 – 06 Janvier – l’arrivée d’un Ange : Joseph Mulamba « Mujos » lequel va nettement marquer le style bantous grâce à sa voix très prenante et surtout par la beauté des ses œuvres sur disque  « Stenco » : Son arrivée sera malheureusement suivie du départ du grand guitariste-soliste Antoine Nedule « Papa Noël », lequel a été remplacé  par Alphonse Mpassi « Mermans » et Gérard Biyela « Gerry » à la place de « Mermans ». Mujos quant à lui quitte Les Bantous le 24 Décembre 1964.

14 – Le 16 Mai 1964 – Les Bantous entreprennent une tourné en Centrafrique: Bangui –  au Tchad : Fort-Lamy (Ndjamena) et Fort Archambault (Sarh) – au Cameroun : Garoua, Yaoundé et Douala à l’occasion de la 2ème Coupe des Tropiques de Football.

15) – Août 1964 – A la faveur de l’expulsion des ressortissants congolais de Brazzaville, du Congo-Kinshasa, Daniel Loubélo « De la lune » créé  le 17 avril 1965 l’orchestre Tembo, tandis que Ganga Edo rejoint Les Bantous, tout comme Pamelo.

16) – 1965 – 02 Mai, Sermon de Côme Mountouari « Cosmos » dans sa première chanson « Ebandeli ya mosala » qui inaugure sa rentrée officielle dans Les Bantous.

17) – 1965 – 24 Juillet, Lancement la veille de la clôture des Premiers Jeux Africains de Brazzaville, de la célèbre danse des « Bouchers ».

18) – 1966 – Du 1er au 24 Avril 1966, participation au 1er Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar. Après le Festival Essous s’exile en France  (African Team), puis aux Antilles (Ryco Jazz)

19) – 1967 – Août – Lancement de la danse « Kiri-kiri », une trouvaille de Ganga Edo à la première semaine culturelle de Brazzaville.

20) – 1969 Du 21 Juillet au 5 Août  – Participation des Bantous de la capitale, en très grande forme au 1er Festival Culturel Panafricain d’Alger (médaille de bronze). Conduite par Clément Ossinondé, président de l’Union des Musicien Congolais (UMC) la délégation artistique congolaise forte de 78 membres, compte outre Les Bantous  : – Le Ballet moderne « Les Bouchers »- Le groupe vocal « Les Elus »- Le groupe « La Sanza » avec Antoine Moundanda et Franklin Boukaka- Le Ballet traditionnel avec « Les Balafons de Souanké »- La Troupe nationale de Théâtre.

A suivre (prochainement chapitre III Les années 1970 à 1979)

Clément Ossinondé

3 thoughts on “Les Bantous de la capitale : L’expérience d’une vie

  1. Dans tous les cas en matières d’ARCHIVES CULTURELLES le congo brazzaville est NUL à chier, cmme on le constate avec amertume aucun support audio ni vidéo n’est associé à cet élogieux commentaire du seul clément OSSINONDE qui depuis toujours se bat pour tenter de témoigner aux congolais et au monde l’Histoire si riche de notre culture et de la musique congolaise moderne des deux rives, j’espère qu ‘il est à brazza pour manager les préparatifs du 60ème anniversaire de notre Ô combien Prestigieux Orchestre de Nino Essous Célio Edo Nganga Pandi et les autres.

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