Côte- d’Ivoire : Jusqu’où ira l’Alliance Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié ?

Le jeudi dernier à Daoukro, une délégation du Front Populaire Ivoirien, mandatée par le Président Laurent Gbagbo, Président du FPI et conduite par M. ASSOA ADOU, Secrétaire Général du FPI a été reçue par Henri Konan Bédié, Président du PDCI- RDA. Selon ce qui se dit dans certains milieux politiques, l’objet de cette rencontre entre ces deux grandes formations politiques de la Côte d’Ivoire, serait une fusion mieux une alliance politique en vue de créer une alternance démocratique apaisée en 2020. Ces deux hommes politiques rusés trouveront ils définitivement une démarche politique consensuelle pour une alternance démocratique en 2020?

Selon certains analystes, cette fusion entre ces deux grands ne serait qu’une alliance de façade comme l’était celle conclue entre le RDR et le PDCI-RDA autour de l’élection et la réélection du Président Alassane Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire en 2010 et en 2015.

« Avant et après son arrivée au pouvoir à la suite de la mort du Président Félix  Houphouët Boigny, les Présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo se regardaient en chien de faïence. Si bien que le Président Laurent Gbagbo qui était un farouche opposant au régime d’Houphouët Boigny et de celui d’Henry Konan Bédié, était obligé, pour les besoins de la cause, pour barrer la route à Bédié, de s’allier au Président Alassane Ouattara. Malheureusement, cette alliance politique pour la course au pouvoir, n’avait pas fait long feu c’est-à-dire après son arrivée au pouvoir en 2000, son allié Alassane Ouattara ainsi que son adversaire politique acharné Henri Konan Bédié, s’étaient s’exiler à l’étranger avant de venir se positionner à la présidentielle de 2010. » En témoigne un des observateurs de la scène politique ivoirienne.

Ainsi donc, les accords politiques conclus entre les Présidents Gbagbo et Bédié ne se reposent sur aucun projet de société fiable et conséquent. Ils ne se reposent que sur la course au pouvoir suivie des intérêts égoïstes et partisans.

En tenant compte des rivalités politiques qui existent entre ces deux hommes,  force est cependant de mentionner que ces accords politiques finiront par se diluer dans l’eau.

Pour la gouverne, au deuxième tour de la présidentielle de 2010, le Président Henri Konan Bédié avait refusé d’apporter son soutien au Président Laurent Gbagbo, pour jeter son dévolu au Président Alassane Ouattara. C’est le même le Président Henri Konan Bédié qui hier, serait pour l’extradition de Laurent Gbagbo à la Cour Pénale Internationale.

À Abidjan, les voix s’élèvent  pour dire que c’est le même Président Bédié qui avait fait noyer le Président Gbagbo au deuxième tour de la présidentielle de  2010, en apportant son soutien ainsi ces 25% obtenus au premier tour, à l’endroit de celui qui est l’un de ses cadets (en fonction des bonnes relations amicales qu’il entretenait avec son aîné Gahouss Ouattara ancien Président de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire) : Alassane Ouattara.

Étant en rupture totale avec son allié politique d’hier: Alassane Ouattara, qui ne semble pas respecter les accords politiques qu’ils avaient tous les deux conclus pour la course au pouvoir, Henri Konan Bédié aurait signé ces accords politiques dans l’objectif de sanctionner le parti au pouvoir en 2020. Cette fusion qui semble être très suicidaire pour la postérité serait une façon pour Bédié de se venger en 2020 contre celui qui l’a roulé dans la farine: Alassane Ouattara.

« Ces accords politiques pour la course au pouvoir, qui ont été conclus entre Bédié et Ouattara étaient des accords hypocrites, irréalistes dont la cohabitation entre les deux hommes devraient toujours être une cohabitation à rude épreuve. C’est ce que nous a montré l’histoire. N’oublions pas que c’est Henri Konan Bédié qui avait créé le concept de l’ivoirité afin de disqualifier Alassane Ouattara de la course présidentielle. Et, le Président Alassane Ouattara n’avait jamais oublié cette histoire sombre. » Confie un observateur de la scène politique africaine.

Rappelons que sous les régimes de Félix Houphouët Boigny et Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo qui est aujourd’hui un des alliés de Bédié, était un de leurs opposants farouches. Plusieurs fois mis aux arrêts paraît-il pour la défense de ses idées et de ses opinions. Aujourd’hui, ces deux acteurs politiques veulent faire bloc pour reconquérir le pouvoir en 2020. Ainsi, les questions suivantes méritent d’être posées à cet égard : N’ayant pu trouver gain de cause sur les accords politiques conclus avec Ouattara, Bédié via le PDCI-RDA, pourra-t-il se permettre de faire le lit au FPI en 2020? Étant dans un véritable combat de reconquête de pouvoir depuis sa perte en 2010, le FPI de Laurent Gbagbo acceptera-t-il d’être valet de chambre du PDCI-RDA en 2020?

Celmond KOUMBA