PCT : Ouvrons le débat

S’il est un sujet qui horripile le Secrétaire Général du Parti Congolais du Travail (depuis près de 8 ans), le camarade Pierre Ngolo, c’est bien celui du cumul des mandats.

Rappel des faits. Le 23 mars dernier, lors d’un talk-show de Télé Congo consacré au PCT dont l’invitée est la Ministre du Tourisme et de l’Environnement, membre du Bureau Politique de ce parti, Arlette Soudan-Nonault, les téléspectateurs voient l’émission brutalement interrompue en plein milieu d’une phrase de ladite Ministre. Énième incident technique d’une chaîne qui ne les compte plus ? Non. Censure sauvage tout simplement, comme au beau temps du parti unique. Le Ministre de la Communication, le très policé Thierry Moungalla, vient au téléphone d’intimer aux responsables de Télé Congo de couper la retransmission et de passer à autre chose.

N’importe quoi d’autre, pourvu que l’insupportable prenne fin. Bien évidemment, Thierry Moungalla, qui tient beaucoup à son image de juriste respectable, vous jurera ses grands dieux qu’il n’y est pour rien. Il a, dans le fond, à moitié raison : c’est sur ordre de Pierre Ngolo et de sa camarilla, à qui il ne peut manifestement rien refuser, que notre Ministre a eu recours à cette méthode d’une autre époque.

Mais qu’a donc dit de si grave la camarade Soudan-Nonault pour que l’un de ses collègues du gouvernement la censure en direct, ce qui est tout de même assez sidérant en 2019 ?

Apparemment, une banalité : rappeler, dans la perspective du prochain (?) Congrès du PCT dont la date n’est toujours pas connue, que le cumul des mandats est une antivaleur en voie de disparition partout dans le monde démocratique. Que le Parti lui-même a juré de mettre fin à ce qu’il appelle le « cessation du cumul paralysant ». Et que Pierre Ngolo, qui porte depuis 19 mois la double casquette de Président du Sénat et de Secrétaire Général du PCT serait bien fondé de mettre au plus vite un terme à cette anomalie pour raison d’exemplarité publique. Après tout, il va de soi que la Présidence du Sénat est incompatible avec toute autre fonction à caractère politique et nulle part ailleurs en Afrique, en France ou ailleurs, il n’existe ce cas similaire.

 Banalité donc, qui ne devrait souffrir d’aucune polémique y compris chez le principal concerné. N’est-ce pas le même Pierre Ngolo qui déclarait, lors d’une conférence de presse à Brazzaville en avril 2017 : « le PCT veillera au grain à propos des cumuls des fonctions ou des postes par les cadres du Parti »? Mais ça, c’était avant. Avant qu’il ne se fasse élire cinq mois plus tard à la tête du Sénat, puis s’accroche au Secrétariat Général comme une huître à son rocher, espérant bien passer le cap d’un Congrès dont il repousse inlassablement l’échéance.

On peut le comprendre, Pierre Ngolo. Être à la fois le premier dans l’ordre de succession présidentielle et le patron opérationnel du parti au pouvoir, ça lui laisse en mains, outre une double source de revenus, deux cartes éminemment stratégiques (et potentiellement décisives) à utiliser au moment propice. 2021 ? 2026 ? Son ambition d’accéder à la magistrature suprême n’est un secret pour personne, et sans doute est-ce son droit. Encore faut-il qu’il accepte les contraintes du jeu démocratique et du débat public transparent et qu’il s’applique à lui-même les règles qu’il prétend imposer aux autres. Bien maladroitement, l’un de ses affidés, Jean-Pierre Manoukou Kouba, a été récemment envoyé au charbon pour tenter de refermer précipitamment le couvercle, arguant que «  les débats au sein du parti se mènent en interne ». Autrement dit: entre soi, en toute opacité, loin du regard du peuple que l’on prétend servir. Trop tard ! En mettant le doigt là où cela fait mal , la Ministre Soudan-Nonault a non seulement eu le courage de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, elle a rendu service à un PCT vitrifié par son Comité permanent, ainsi qu’à la démocratie congolaise.

Un membre du comité central

2 thoughts on “PCT : Ouvrons le débat

  1. @ Au Un membre du comité central

    Parlons peu et parlons bien camarade membre comme vous le dites au PCT. Je voudrai simplement savoir si le PCT est une structure de l’état ou un parti politique qui n’émarge pas au budget de l’état. Pourquoi parlera t-on du cumul de fonctions comme si un militant d’un parti ne peut occuper à la fois une fonction dans son parti et au Parlement qui est une émanation du peuple et qui émarge au budget de l’état et non du parti auquel il appartient.
    Voulez vous nous dire que c’est l’état qui paie à la fois les salaires des membres du PCT et ceux de ses militants siégeant au Parlement ou occupant une autre fonction?
    Si tel est le cas, votre camarade doit choisir un poste au lieu de toucher double salaire du même trésor public sinon, et loin d’être le défenseur de Ngolo, il est grand temps que vous lui collez la paix parce que vos agendas cachés sont connus de tout le monde qui sait lire entre les lignes pour comprendre très vite les coups fourrés de votre mentor Sassou qui depuis 2008 ne veut plus du PCT mais vous lui collez à la peau parce que le PCT est incapable de trouver un candidat à une élection présidentielle ou encore parce que le PCT est un parti de rapaces et pour l’argent que Sassou vous distribue pour acheter vos complicités vous êtes devenus des esclaves.
    Comme pour Mokoko, Sassou a envoyé sa chienne de garde pour affronter Ngolo et ce pour chercher à faire la place à son rejeton kiki en s’accaparant du PCT pour 2021. Militants du PCT, sachez que Sassou ne se présente plus aux élections présidentielle sous la bannière du PCT mais de l’éléphant.
    Mais comme vous avez choisi de le soutenir coute que coute , vous l’accompagnez lui et son clan dans la disparition du pays.

    1. très bonne analyse mais pourquoi le pc ?t ne se choisi pas son candidat d »autant plus que sassou semble ne plus avoir besoin du pct à encroire ses bâtards et la soudan nonault

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