Le régulateur, aiguillon de l’économie numérique

Avec un taux de pénétration de la téléphonie mobile avoisinant les 100 % au Congo1, une régulation solide est nécessaire pour tirer profit de cette vague de fond qui a profondément impacté l’économie.

En 2009, le Congo a décidé, via l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE), de mettre en place une plateforme de supervision des appels téléphoniques internationaux. Développée par Global Voice Group, celle-ci a permis, moins de 18 mois après sa mise en œuvre, de rapporter au Trésor congolais plus de 13 milliards de FCFA. « Il est important que nos États trouvent des ressources additionnelles que nous offrent les TIC pour financer leurs projets de développement au profit de nos populations », soulignait à l’époque le directeur de l’ARPCE, Yves Castanou, considérant cet outil comme une « opportunité qu’aucun État ne pouvait négliger ».

Campagne anti-fraude fructueuse

La campagne antifraude que cette plateforme a par la suite permis de mettre en œuvre s’est avérée être un succès : entre 2014 et 2018, le nombre de fraudes a été maintenu à son plus bas niveau le plus bas. Cette collaboration fructueuse entre l’ARPCE et Global Voice Group a permis de réduire les pertes de revenus dues aux fraudes de près d’un tiers entre 2015 et 2018. Grâce à cette plateforme de suivi des volumes d’échanges téléphoniques, le régulateur congolais a également pu démanteler un groupe frauduleux de boîtes SIM situé à Brazzaville ayant entraîné un manque à gagner de plusieurs millions de FCFA.

L’application d’une régulation plus stricte a eu un double impact positif: la diminution du nombre de fraudes téléphoniques et l’essor considérable des revenus issus des télécommunications. Non seulement le gouvernement congolais a pu bénéficier directement de cette manne, mais les opérateurs de réseaux mobiles eux-mêmes – Azur, Intel et surtout MTN – ont ainsi pu dynamiser leur croissance en sécurisant leurs revenus.

Faire du numérique un levier de croissance

Fort d’un secteur des télécommunications sain et performant, le Congo est aujourd’hui le pays le plus rentable pour MTN, le groupe y dégageant un Ebitda de 37 %. Cet environnement a permis aux opérateurs mobiles de lancer et développer des services mobiles à plus grande échelle : des réseaux 3G et 4G aux services financiers mobiles qui comptent désormais 600 000 utilisateurs mensuels, soit 100 fois plus qu’il y a trois ans.

Malgré la crise économique, le Congo a ainsi une formidable carte à jouer au niveau national, en plus d’envoyer un signal fort à l’échelle continentale. La lutte contre la fraude n’est pas seulement une obligation légale ; elle est aussi la garantie d’un secteur des télécommunications prospère, de caisses renflouées et d’une meilleure qualité de service pour les citoyens.

Cette reprise en main du secteur des télécoms préfigurait d’une certaine façon l’objectif de la politique numérique nationale contenue dans le Plan d’action 2018-2022, qui ambitionne de faire du numérique l’un des principaux leviers de développement du pays. Au-delà du succès national, cette initiative représente un exemple continental à suivre, comme l’ont notamment compris la Tanzanie, le Ghana, l’Ouganda, le Rwanda et la Guinée, qui ont su faire de l’économie numérique un pilier de leur croissance.

(1) D’après le rapport 2018 de l’ARPCE, le taux de pénétration de la téléphonie mobile au Congo était de 99,3% au 31 décembre 2018 contre 103,7% au 31 décembre 2017.

2 thoughts on “Le régulateur, aiguillon de l’économie numérique

  1. On n’a pas la 5G,
    Nous avons les tarifs parmi les plus prohibitifs du monde.
    Combien coute un SMS de France vers le Congo? 2,5€.

    Ceux qui ne connaissent pas la nébuleuse des tarifs peuvent se voir vidanger leur recharge en moins d’une minute, il suffit d’activer le mode data.
    Autrement dit, il est difficile de créer une économie numérique s’il faut payer très cher et avoir l’oeil rivé sur le compteur pour occuper notre temps de cerveau disponible au lavage de cerveaux quotidien.

    Sans compter le renforcement de l’appareil sécuritaire.

    Messieurs, changez les choses vous en avez la possibilité plutôt que de nous expliquer que le truc est trop gros.

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