La mafia corse implantée à Brazzaville impliquée dans l’assassinat de l’ex-agent secret ?

Qui sont le ou les auteur(s) de l’assassinat de Daniel Forestier, tué par balles le 21 mars à Ballaison ? Et pour quel mobile ?

Deux questions auxquelles les enquêteurs de la police judiciaire de Lyon et les magistrats de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) lyonnaise cherchent à répondre.

Un ex-agent secret mêlé à un assassinat

Ancien militaire, Daniel Forestier, 57 ans, a travaillé 13 ans au service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) avant de se reconvertir dans le privé. En septembre 2018, cet habitant de Lucinges, village proche d’Annemasse, a été mis en examen pour participation à une association de malfaiteurs et détention d’explosifs. Il est soupçonné d’avoir planifié l’assassinat de Ferdinand Mbaou, un opposant au président de la République du Congo, Denis Sassou-Nguesso. Une affaire dans laquelle Bruno Susini, lui aussi ancien de la DGSE, est également placé en garde à vue après avoir été interpellé chez lui, en Corse.

La piste de la mafia corse

Selon nos informations, le mode opératoire utilisé pour abattre Daniel Forestier serait semblable à celui pratiqué par la mafia corse. Une mafia très implantée en République du Congo où elle exerce le blanchiment d’argent au travers la gestion d’hôtels et de casinos.

Mais pour quelle raison la mafia corse aurait-elle voulu éliminer l’ex-agent secret ?

Quelques jours avant son placement en garde à vue, nos confrères du Monde révélaient que Daniel Forestier avait rencontré, au commissariat d’Annemasse, des hommes de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). C’est là qu’il leur aurait confié être à la tête d’un groupe constitué pour tuer l’opposant congolais. Il est probable que l’ex-agent secret ait en effet cherché à se couvrir, sentant que l’affaire pourrait mal tourner. Or il se trouve que, selon nos confrères du Nouvel Observateur, Bruno Susini et Bernard Squarcini, ancien patron de la DGSI et Corse lui aussi, se connaissaient. Daniel Forestier a-t-il été abattu pour avoir trop parlé ? Une fois en garde à vue, l’homme a nié l’existence de ce complot. « Il a toujours démenti son implication dans cette histoire », précise Maître Cédric Huissoud, qui fut son avocat.

Quid de la piste congolaise ?

Des amis de l’opposant congolais visé par la tentative d’assassinat, tout comme des partisans du président Sassou-Nguesso auraient également de bonnes raisons d’abattre Daniel Forestier. Une piste peu crédible selon un fin connaisseur de l’Afrique et des opérations secrètes : « Des Noirs ne viendraient pas tuer un Blanc sur son territoire. Ce n’est pas dans leur ADN. »

En revanche, des Congolais auraient très bien pu commanditer l’assassinat auprès de membres de la mafia corse, très présente dans ce pays d’Afrique centrale.

Un mode opératoire… pas si professionnel

Le jour de l’assassinat de Daniel Forestier, des riverains ont parfaitement entendu les coups de feu. Par ailleurs, des douilles ont été retrouvées sur la scène de crime. Enfin, ce ne sont pas moins de cinq balles qui ont été tirées, certainement à bout portant. « Des professionnels aguerris auraient certainement utilisé un silencieux et se seraient débrouillés pour qu’aucune douille ne reste sur le terrain. De plus, ils n’auraient eu besoin que de trois balles au maximum », nous affirme un expert.

Des éléments qui laissent à penser que les auteurs (selon nos sources, ils étaient au moins deux sur les lieux du crime) n’étaient pas de grands professionnels.

Toujours selon nos informations, ce genre de ‘’contrat’’ se négocie entre 10.000 et 20.000 euros.

Amélie Lécoyer

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