Les risques d’impasse politique après les élections de 2018 au Congo Kinshasa

  1. Un processus encourageant

 Le 10 janvier 2019, la  Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a proclamé les résultats partiels de l’élection présidentielle de décembre 2018, en déclarant M. Félix Tshisekedi provisoirement « élu » Président du Congo Kinshasa.

Martin Fayulu est annoncé deuxième, devant M. Emmanuel Ramazani Shadary, candidat du pouvoir en place depuis 18 ans…

C’est en soit un fait historique car, pour la première fois depuis l’accession de ce pays à la personnalité internationale en juin 1960, une passation de pouvoirs, résultant d’une élection, entre un Chef d’Etat sortant et un  candidat  victorieux de l’opposition, devrait avoir lieu.

En acceptant finalement, même à contre-cœur de quitter la tête de l’Etat sans mettre le feu au pays, M. Joseph Kabila a épargné aux Congolais des drames supplémentaires.

Au delà des contestations électorales légitimes dans tout régime qui aspire à la démocratie, l’accession à la tête de l’Etat  d’un candidat de l’opposition,  me paraît être  le principal message d’espoir enfin donné par ce grand pays  qu’est le Congo Kinshasa aux combattants de la liberté, spécialement de cette Afrique du centre, véritable repaire des dictatures à vie.

  1. Des irrégularités manifestes

Bien entendu, le processus électoral  connaît de nombreuses irrégularités, erreurs et incohérences.

Nous noterons, la coupure d’internet, l’interruption du signal d’une radio étrangère, dont les émissions sont particulièrement suivies localement, et autre incohérence  tirée de la proclamation de résultats alors que les bulletins de vote et les procès-verbaux s’y rapportant sont  encore sous scellés dans les centres de compilations…

Plus incroyable, les résultats des élections législatives donneraient dès à présent une « large majorité »  à la coalition des partis alliés au pouvoir de Kabila qui,  au regard des premiers décomptes annoncés se dirige vers une cuisante défaite à la présidentielle.

  1. Des acteurs fébriles.

La Ceni  a cru de voir proclamer un  candidat provisoirement  « élu » Président, alors que, d’une part, le décomptage n’est que partiel, et que, d’autre part, l’écart des voix avec le candidat présenté comme arrivé deuxième, d’environ 680 000 voix, pourrait être rattrapé  par les résultats finaux….

La mission d’observation électorale de la Conférence épiscopale nationale du Congo, sans attendre les résultats définitifs, a cru devoir douter des résultats partiels , ce, à partir des  « données en sa possession » qui n’ont d’ailleurs jamais mises à la disposition de quiconque.

Par ailleurs, aucun des membres de la Ceni désignés par la société civile, notamment les Confessions religieuses,n’a démissionné quand les résultats partiels proclamés étaient contestés par la Cenco…

Le jour de sa proclamation « précipitée » comme Président de la République, M. Félix Tshisekedi a fait une déclaration surprenante qui peut sonner comme la promesse d’une impunité pour M. Joseph Kabila et son clan, pourtant coupables de crimes économiques et de des crimes tout court, en le reconnaissant comme partenaire de l’alternance politique …

Martin Fayulu  qui a le droit ne  pas reconnaître  pas sa défaite, en appelle curieusement à la Cenco et à la communauté internationale pour faire connaître « la vérité des urnes ».

Il  en a appelé quasiment au soulèvement populaire en évoquant une escroquerie inacceptable de nature à provoquer des désordres généralisés dans le pays, avant de se raviser et indiquer qu’il saisirait finalement la Cour constitutionnelle…

S’agissant du camp du pouvoir, il n’a élevé aucune protestation malgré l’ampleur de la défaite, comme assuré de la conservation du pouvoir, malgré la perte de la Présidence de la République .

Le Chef de l’Etat de l’autre Congo, Président en exercice de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, s’est précipité pour «  prendre note de la victoire du candidat Félix Tshisekedi », sur  la base de comptages pourtant partiels…

Le Ministre  français des Affaires étrangère a exigé une vérité des urnes qui aurait été crédible si elle avait été également formulée pour d’autres scrutins, notamment  au Tchad, au Gabon, au Cameroun et dans l’autre Congo, dit « Brazzaville ».

  1. Alternance politique cantonnée

Le régime politique au Congo Kinshasa est de nature parlementaire.

C’est à dire que c‘est le Premier Ministre, issu de la majorité à l’Assemblée Nationale qui  exerce  l’essentiel du pouvoir.

A ce titre, l’attention  de toute l’opposition, y compris l’aile de M. Martin Fayulu, aurait dû être plus polarisée sur les législatives et les provinciales, autrement plus capitales  que l’élection présidentielle.

En effet, Le Président de la République se voit reconnaître des compétences uniquement en matière  de diplomatie, de défense et d’administration publique.

C’est en revanche le Premier Ministre et le gouvernement qui conduisent  la politique de la Nation, et, élément important, c’est lui seul qui dispose des services de sécurité….

Il est plus que probable que le Congo Kinshasa s’achemine vers une cohabitation entre un Chef de l’Etat issu de l’opposition et un Premier Ministre  qui  sortirait des rangs de la coalition des partis alliés de Kabila, dès lors que les résultats, tels que proclamés, lui assure une « large majorité » à l’Assemblée Nationale .

En effet, alors que la majorité absolue à l’Assemblée est de  251 députés, sur 485 députés proclamés élus, entre 261 et 288 sont affiliées à la coalition pro-Kabila, regroupée au sein du Front commun pour le Congo (FCC)….

Joseph Kabila  et ses alliés garderaient  ainsi le contrôle de l’Assemblée ; de plus, vertu d’une disposition constitutionnelle incongrue, M. J. Kabila deviendra même sénateur à vie.

Si ces résultats électoraux étaient confirmés, le nouveau Président du Congo Kinshasa rencontrerait des difficultés certaines  pour appliquer son programme, et les Congolais qui ont majoritairement voté pour une alternance véritable et pacifique pour mettre fin à un régime liberticide, de corruption et de prédation, risquent de connaître un réveil brutal et désenchanté.

  1. Les enjeux juridiques

Même si certains candidats peuvent douter de  l’indépendance de la justice locale, ces résultats provisoires pourront, devront faire l’objet de recours devant les juridictions compétentes, pour déjà épuiser les voies de recours internes, afin de porter le cas échéant ces difficultés, au plan sous-régional, continental, voire mondial.

Mais, la justice des élections peut surprendre ! Pour rappel, en septembre 2017, la Cour suprême Kényane, une première en Afrique , a eu à invalider l’élection d’Uhuru Kenyatta et ordonner l’organisation de nouvelles élections.

Simplement, le paradoxe tient au fait qu’une invalidation de l’élection présidentielle pourrait provoquer la convocation d’un nouveau scrutin et prolonger de fait M. Kabila à la tête de l’Etat…

  1. Les enjeux politiques

L’élection présidentielle  de 2018 a  démontré que la population considère l’opposition comme l’alternative

La coalition FCC, avec plus de 20 000 candidatures aux législatives avait été formée avec l’assurance de gagner  l’élection présidentielle.

Il n’est pas sûr qu’avec la défaite de M. Ramazani Shadary, cette la coalition hétéroclite résiste  aux manoeuvres de débauchage que pourrait organiser la coalition Tshisekedi-Kamerhe…

Cependant, la coalition Cach peut aussi imploser , une de ses composante  pouvant rejoindre la « majorité » FCC pour  des postes au sein du gouvernement, notamment la primature.

La clarification politique pourrait venir de l’article148 de la Constitution du Congo Kinshasa qui dispose qu’en cas de crise persistante entre le Gouvernement  et l’Assemble nationale, le Président de la République peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale.

Le Président nouvellement élu pourrait ainsi espérer peser sur le processus des nouvelles élections législatives et tenter  d’obtenir une majorité  favorable à l‘Assemblée nationale.

Simplement, cette dissolution ne pourrait pas intervenir dans l’année qui suit les élections, et en attendant, la situation politique de ce pays à suivre avec attention.

Edgard Kiganga Siroko

9 thoughts on “Les risques d’impasse politique après les élections de 2018 au Congo Kinshasa

  1. Alliance KABILA-TSHISEKEDI, quel marché de dupes !!!

    S j’était TSHISEKEDI, je tendrais ma main vers Martin FAYULU ; mais en tous cas, surtout pas à KABILA. Ô que non !

  2. Les habitants de la RDC le savent très bien qu`il y a très longtemps que le mandat de Kabila est expirer. Cela signifie clairement que Kanambè ne peut plus donnè des ordres ni à la CENI, CENCO et surtout pas à la cour constitutionnelle de la RDC. Le peuple de la RDC ne veut plus des etrangers à la tête de leur pays. Ce mèssage est très clair. Car la RDC veux bien etablir l`etat de droit bien après avoir fait dègagè Hyppolite Kanambe. L`erreur de la FCC (Front Commun pour le Congo) qui à ètè prise en sècret entre Kabila et Tshisekedi est la suivante: Tshisekedi n`a pas respectè la voix du peuple qui veux bien voir Kabila devant une justice pour des crimes il à commit contre le peuple de la RDC. Si Kabila devrait atteindre une coalition pour la dèmocratie nationale, il devrait d`abord être juger par une vèritable justice qui n`exerce plus ses ordres. Mais lorsque Kabila donne encore des ordres et prend son temps pour solliciter des conseilles de Dènis Sassou Nguesso un monsieur qui à changer la constitution pour se maintenir au pouvoir, là vraiment la crèdibilitè pour une alternance dèmocratique commune devient mbutu-mbutu. (Pas correct).

  3. Chers africains vous aimez des appréciations précipitées. Attendons voir Tsisekedi fils, le président mal élu, un idiot utile comme le disent le communistes, n’est pas son Père Etienne, l’opposant historique dont le corps est se trouve il y a deux ans dans une morgue bruxeloise. Il n’a pas gagné les élections en RDCONGO comme lui même et son mentor Kabila le savent. Le scénario est ici de Sassou Yomby après la mort de Ngouabi, toi prend le pouvoir en 1977, après ça sera mon tour et le tour de x et ainsi de suite. Le résultat ici c’est que le Congo après la mort de ngouabi a favorisé l’avènement du dictateur le plus horrible de toute la terre. Il se peut que ça soit le scenario Lissouba Sassou ou Kolelas Sassou. Les résultats tous nous le savons, une grande catastrophe où le petit congo va souffrir pendant lontgtemps pour voir un jour le bout du tunnel. Beaucoup de générations vont patir à cause des crimes de sassou nguesso et sa famille. Si Tsisekeddi ne sera pas un autre dictateur Kabila le renversera pour revenir au pouvoir. On va voir.

  4. Ce que nous voyons dèja c`est un combat qui se prèpare contre Felix Tshisekedi, Kabila et les vrais combatant des bana mboka pour une vèritable libèration du pays.

  5. Mon frère Edgard KIGANGA tu comprends le complot, Kabila part sans partir.Il contrôle tout le système sécuritaire, juridique, politique…Ce n’est pas très loin de POUTINE.
    Felix TSCHEKEDI était le candidat caché de Kabila, qu’il avait introduit dans les rangs de l’opposition.Car les BALOUBAS étaient absents du pouvoir depuis comme les Bakongo chez nous.Pour avoir une majorité ethnique, il fallait cette alliance avec les majoritaires de la RDC. Qui avait placé Félix dans les rangs de l’opposition? C’est KABILA.à la veille des élections Félix se retire de l’opposition pour aller mesurer ses forces comme KOLELAS pendant la période transitoire au Congo.Afin de déstabiliser les fayulus.
    Mais est ce que Felix acceptera la main mise de Kabila sur son pouvoir? à suivre mon frère KIGANGA.

  6. Kabila le nouveau POUTINE de l’A frique centrale, il part sans partir car il tient tout le système de sécurité , politique et judiciaire.Si Felix ne joue pas le jeu, il sera vite mort. Car KABILA est un monstre froid.
    Mon frère Kiganga intègre cette analyse.La cohabitation entre les deux, dépend du comportement de Felix vis -à- de KABILA ou il marche ou il meurt.

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