Préfinancement pétrolier : au Congo, une histoire sans fin

Des pays producteurs d’or noir gagent leurs futurs barils pour se procurer des liquidités auprès des traders. Le cas du Congo est emblématique.

Des ressources pétrolières qui se transforment en montagne de dette. C’est pour empêcher aux pays producteurs d’or noir d’être entraînés dans cette spirale que le Fonds monétaire international (FMI) s’attaque aux abus du préfinancement. De quoi s’agit-il ? Le système du préfinancement conduit des Etats à hypothéquer leur future production d’or noir en échange d’argent frais. Les prêts sont octroyés par des négociants en pétrole (Glencore, Vitol, Trafigura…) qui eux-mêmes se tournent vers des banques pour financer ces opérations. En théorie, le contrat est bénéfique à toutes les parties. Le producteur a la garantie d’avoir un acheteur. Le négociant sécurise ses approvisionnements futurs et les banques savent que des actifs physiques garantissent leurs prêts.

Livraison de barils

En réalité, les pays dont l’économie dépend de cette ressource naturelle entrent souvent dans ce type de transactions lorsque les cours sont bas. Et si les prix ne se redressent pas, ils sont condamnés à une fuite en avant. Ils doivent emprunter toujours plus, à des taux élevés, et livrer davantage de barils pour rembourser leurs créanciers. Autre effet pervers du système : il peut alimenter la corruption quand il fait intervenir une chaîne d’intermédiaires difficiles à identifier.

Le cas du Congo est l’un des plus emblématiques. En 1986, lorsque le prix du baril de pétrole dégringole à 15 dollars, le pays déjà présidé par Denis Sassou-Nguesso est obligé de gager sa production pour se procurer des liquidités. Le système du préfinancement prend son essor. Il ne s’arrêtera plus. Ainsi, entre 1995 et 2000, 75 % des emprunts congolais seront adossés au pétrole, selon l’ONG Global Witness.

Des proches de Sassou-Nguesso dans les montages

Dans les années 2000, alors que les cours de l’or noir grimpent, Brazzaville continue de gager ses barils, à travers des montages complexes et opaques. Trois sociétés, dont deux appartenant à un officiel, qui est non seulement conseiller spécial de Sassou-Nguesso et PDG de la compagnie pétrolière nationale (SNPC), s’intercalent dans les transactions lucratives de cargos effectuées entre la SNPC et Glencore. Le fils du président joue lui-même un rôle trouble dans le montage. Global Witness pointe une autre opération assez similaire, avec Vitol.

Le FMI, qui apporte son soutien financier au pays, veut éradiquer ces pratiques. Le Fonds exige que Brazzaville stoppe tout recours au préfinancement. Mais les promesses ne sont pas respectées, comme il le constate en 2003. Ce qui n’empêche pas le pays de bénéficier de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) : en 2010, avec le feu vert du FMI, le Club de Paris (groupe de pays riches) efface 100 % de la dette du Congo, soit 2,5 milliards de dollars.

L’histoire pourrait s’arrêter là. Sauf que la situation s’est de nouveau dégradée sur fond de chute des cours depuis 2014. Le FMI est appelé au chevet de Brazzaville. Problème : malgré les promesses faites en 2010 lors de l’initiative PPTE, le Congo a encore eu recours à des préfinancements. L’ONG Public Eye a révélé les contrats faramineux passés avec le négociant Gunvor, rémunérés pour des services parfois sans rapport avec les infrastructures pétrolières.

En septembre, S & P Global Ratings a attiré l’attention sur  une « dette cachée » liée à d’« importants arriérés » envers Glencore, Trafigura et Worldwide. Une dette que le FMI a dû réintégrer dans ses estimations et qui explique en partie sa révision de 77 % à 110 % du PIB entre mars et octobre ! Alors que les négociations sont en cours, le Congo a promis d’« améliorer sa gouvernance et de s’attaquer à la corruption ». Denis Sassou-Nguesso a pris un conseiller de choix : Dominique Strauss-Kahn, l’ancien patron du FMI… qui était justement en poste en 2010, lorsque l’effacement de dette a été accordé à Brazzaville.

Isabelle Couet

Les Echos (France)

7 thoughts on “Préfinancement pétrolier : au Congo, une histoire sans fin

  1. A mon avis, les congolais sont tres distraits et perdent de vu le fil d, idee.
    Que Sassou ng soit reçu ou pas par le francais macron , ptit frere de Hollande, ca change quoi? Avons nous oublier l, hypocrisie
    Des francais? Qui a donner a Sassou le feu vert, la france.Qui lui a donne le feu vert de tuer au pool? La france. Avant l, election de Macron , il etait bien au parfum de ceci, et avait promis au congolais proches de lui qu, il changerait les choses, mais depuis qu, il est la qu, a t il fait? A t il leve un seul ptit doigt? Niet
    En fait, ca veut dire que la france, ou ses dirigeants , ce systeme est d, accord avec ce monstre qui securise leurs interets, c, est tout.
    Maintenant, question de savoir si macron va le recevoir, oui bien sur, derriere la maison ils vont continuer a traiter, c, est des grands partenaires. Arretez de polemiquer sur des futilités , creuser plutot les maninges en mettant sur la tables des strategies que l, opposition dechiquetees n, arrive a trouver pour degager le Kadiampemba!

  2. @ VAL DE NANTES,

    J’ai lu ton post. Nous n’allons pas disserter sur la problématique de la vraie ou fausse opposition au Congo. Pour moi, il y a une opposition qui n’est ni vraie ni fausse.

    Il y a tout simplement à l’intérieur de cette opposition ceux qui croient à un changement et se battent pour et ceux qui font éternellement le jeu de Sassou pour la soupe et s’amusent avec les esprits des Congolais non avertis pour se dire être en opposition à Sassou, mais qui se font démasqués chaque jour par l’incohérence de leur itinéraire politique et leur attitude, d’où les errements que nous vivons au sein de notre opposition.
    Mais puisque c’est cette opposition que nous avons, elle qui a choisi de faire de la politique leur métier, croisons simplement les doigts pour qu’un jour elle comprenne qu’il faille sortir le Congo des mains du clan Sassou.

    Nous devons continuer à la soutenir tout la critiquant pour manifester notre mécontentement quand nous estimons qu’elle déraille pour espérer sortir la vraie de l’ivraie, mais de grâce, parfois nos attitudes un peu injurieuses à l’endroit de cette opposition ne sied pas avec ce que je pense n’être pas la bonne méthode parce qu’après tout, rien n’interdit à tout citoyen Congolais de faire de la politique. Ceux des politiques Congolais qui sont dans cette opposition n’ont eu quitus d’aucun d’entre nous pour y être.

    D’autres en ont fait même un métier pour semble t-il pour notre bien être, mais à l’évidence ce sont nos pires ennemis, rien qu’à voir comment le pays est géré par ces politiques

    Nous pouvons donc faire aussi de la politique et choisir aller soit à la soupe chez Sassou, soit se battre pour faire changer les choses. Mais si nous avons choisi d’être spectateurs, analystes ou observateurs, gardons nous de nous verser dans l’injure à l’égard de ceux qui ont choisi de se jeter à l’eau même en nageant dans le contre courant, bien au contraire nous devons les aider à mieux prendre la bonne direction si nous estimons qu’ils se battent pour le bien de tous.

    Je n’oublierai pas de passer par Cologne lors de mon prochain séjour en Europe même si ça ne me fait pas chaud au cœur pour avoir subit tant d’hivers, oh il y a bien des années de cela. Je préfère la chaleur de mon village en ce moment où on est toujours réveillé par le chant d’un Touraco ou d’un Emerald Cuckoo.

    1. @OYESSI , je serais très heureux de t’y recevoir ;;car les allemands sont experts en la matière ;;ils sont certes froids , mais délicieux dans l’art d ‘y recevoir des étrangers , oui j’ai choisi l’Allemagne à l’instar de JOHNNY qui a choisi ST BARTH pour l’éternité ;;;

  3. Qu’est ce qu’il est malin, ce Zamba de Zenga mambu. Il applaudit ce groupe 242 en les poussant dans les rues de Paris pour conspuer Sassou pendant que lui Zamba bouffe l’argent de Sassou par l’intermédiaire de Innocent Peya. Salut l’artiste. Chapeau bas!

  4. Terminée l’aide dédiée au pétrole dès 2019. C’est la fin de la place importante de l’or noir. Si le Congo est en retard, c’est parce qu’un bouffon putschiste et incompétent est au pouvoir.

    Finalement le pétrole n’aura enrichi et profité qu’au clan, aux valets et à Sassou. Même les étudiants, ceux à qui le Congo sera confié, n’ont pas eu leur compte. La jeunesse du pays est à l’abandon. Seuls importent, les fêtes personnelles, les anniversaires coûteux, les détournements, la corruption ou encore l’achat des immobiliers à l’étranger.

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