Sassou peut-il contribuer positivement à un après-Sassou apaisé ?

C’est pour exercer mon devoir de citoyen libre que je m’engage à cet exercice périlleux: tracer les contours d’un après-Sassou apaisé en partant de la situation sociopolitique actuelle. Je me distancie d’emblée de nos compatriotes convaincus du fait que la liquidation ou la disparition de Sassou signifieront automatiquement un soulagement pour le Congo. Je m’éloigne tout autant de ceux qui croient à l’immortalité de Sassou et en profitent pour se comporter de façon irresponsable. Que Sassou meure demain ou dans 20 ans, l’après-Sassou reste une évidence qui devrait interpeller tout Congolais quelle que soit son appartenance politique. Sassou lui-même serait logiquement le plus concerné par cet exercice car son leg à la nation en dépend fortement. Aura-t-il un mausolée au Congo ou au contraire sa tombe sera un coin perdu sur lequel, comme dans le roman de Boris Vian, certains n’hésiteront pas à aller cracher ou pisser? ‘’J’irai cracher sur vos tombes’’ est un roman où transpire la vengeance la plus cruelle.

Peut-on projeter l’après-Sassou pendant que Sassou est encore vivant? Doit-on associer Sassou à cette démarche?

Aux sources de la tragédie congolaise

Combien de Congolais pensent que tous les malheurs du Congo viennent d’un seul homme? Pour eux, Sassou est le prince du mal et sa disparition prochaine ouvrira une ère de paix et de prospérité au pays. Sa mort naturelle ou son assassinat sont attendus par certains avec la même ferveur que la venue libératrice du Christ. Combien de Congolais achètent du champagne chaque fois que Sassou est à ‘’l’article de la mort’’ dans un hôpital occidental. Malgré leur christianisme affirmé et affiché, ils ne se gênent même plus et déclarent avec délectation leur hargne sur les réseaux sociaux.

Celui qui a créé le problème ne peut pas faire partie de la solution?

Je serai le dernier à nier les difficultés que traverse notre pays depuis des décennies, dont 40 de règne de Sassou. Comment fermer les yeux sur l’évaporation des 14.000 milliards (20 milliards de dollars) du Fonds des générations futures? Peut-on ignorer l’impunité et la corruption qui gangrènent la société congolaise? Que dire du tribalisme, du népotisme, de l’incompétence qui hypothèquent l’avenir du pays ?

En revanche, il m’est difficile d’accepter que Sassou soit l’unique responsable du drame sociopolitique et économique du Congo. Peut-être que ma lecture de la situation et mon traitement du ‘’cas-Sassou’’ contribuent plus au problème qu’à la solution. Une chose est sûre, chacun de nous, consciemment ou inconsciemment, à sa manière et à son niveau, a apporté sa contribution à ce pourrissement généralisé.

On peut reprocher à Sassou d’être un adepte cynique de la théorie de Charles Pasqua. Ce célèbre politicien français affirmait sans ciller: « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien. » Mais si Sassou est capable de créer une affaire dans l’affaire d’une affaire, toute la nation congolaise ne participe-t-elle pas d’une façon ou d’une autre à cette dramaturgie ?

Sassou serait-il aujourd’hui président si Youlou n’avait pas été chassé du pouvoir comme un malfrat en août 1963 ? Si Massamba-Débat n’avait pas été déposé par le mouvement insurrectionnel du 31 juillet 1968? Si Ngouabi n’avait pas été abattu le 18 mars 1977? Si Yhombi n’avait pas été chassé comme un chien le 5 février 1979? Si Lissouba n’était pas contraint d’abandonner le pouvoir le 15 octobre 1997 ?

Sassou avait quitté le pouvoir en 1992, suite aux élections libres et démocratiques préparées par la Conférence Nationale Souveraine. Qui a permis son retour en 1997? Nous devons assumer que la lente ascension de Sassou jusqu’en 1979 ainsi que son brutal retour au pouvoir en 1997, sont le résultat de la félonie des uns et de la complicité des autres dans une société profondément divisée où l’alternance politique s’inscrit dans une violence endémique. A ce titre, nous devons tous avoir le courage de reconnaître notre contribution individuelle et collective à l’impasse actuelle. Le dire est-il une façon de disculper Sassou et de diluer sa responsabilité ? Ce n’est pas du tout mon avis !

Ma contribution citoyenne à la recherche d’une sortie à la crise actuelle est simple et constante: Une fois qu’on a posé le diagnostic et constaté que tout le monde a participé au développement de la maladie, nous devons apprendre à appliquer le traitement ensemble. Mais pour cela, il importe de trouver ensemble le traitement et la posologie puis passer à l’application rigoureuse du traitement. Mon intime conviction est que tant qu’il est vivant, Sassou peut et doit faire partie de la solution. Il peut apporter sa part d’éclairage sur le passé obscur de notre pays et contribuer à baliser un futur apaisé. J’y crois fermement, mais cela n’engage que moi.

Faire partie de la solution et non du problème

Les problèmes du Congo sont connus. Face à notre tragédie collective, chacun a le devoir d’apporter sa contribution. Dans un élan pacifiste, j’invite tous les Congolais, à commencer par Sassou, à sortir du paradigme problématique pour entrer dans celui de la solution. Pour ma part, je m’engage solennellement à choisir, contre vents et marrées, le camp de la solution.

Ahimsa, la non-violence gandhienne

On soupçonne Sassou de se cramponner au pouvoir pour ne pas subir le sort qui a été réservé à l’ex-président angolais Dos Santos. Dès que ce dernier a cédé le pouvoir à son successeur, son avenir s’est assombri. Il est mort en quasi exil tandis que le malheur s’est abattu sur sa famille et certains de ses fidèles. Est-ce la vision de ce sort qui a fait dire à un général congolais lors d’un retentissant procès qu’il s’inquiétait de l’avenir des Mbochis ?

La violence subie par Dos Santos n’aurait pu avoir lieu dans le cadre d’une nation engagée dans la non-violence gandhienne.  Tout le monde admire le trajet parcouru par l’Inde depuis son indépendance. Ce trajet aurait-il été possible sans l’attachement de Gandhi à l’ahimsa (non-violence), l’une des grandes doctrines de l’hindouisme? Si le Mahatma (littéralement la grande âme) ne s’était pas totalement investi dans la croyance au caractère sacré de toutes vies, humaines ou non humaines ?

Malgré tous les crimes qui lui sont reprochés (à tort ou à raison), Sassou serait très inspiré de mettre le Congo sur la voie de la non-violence et de remettre le caractère sacré de la vie humaine et non-humaine au centre de l’action sociopolitique. Il en serait le premier bénéficiaire puisque sa vie ne serait plus menacée. Le plus grand bénéficiaire sera le peuple congolais qui verra s’ouvrir devant lui une ère de paix, de justice, de prospérité et de fraternité. A quoi sert un ‘’Vivre ensemble’’ dans lequel la vie humaine n’a aucune valeur? Où les pauvres meurent de faim sur une terre bénie? Où les maladies les plus banales et qui ont disparu ailleurs tuent les plus démunis comme des mouches ?

Sassou peut-il initier un climat sociopolitique dans lequel plus jamais un seul cheveu ne tombera de la tête d’un Congolais dans la lutte pour l’accès au pouvoir et sa conservation ?

J’ai fait un rêve…

On me reprochera de rêver, de faire preuve de naïveté et d’utopie face au cynisme patent de Sassou enfermé dans sa tour d’ivoire. Je connais la chanson, mais j’assume mon rêve, dans le sillage de Gandhi et de Martin Luther King. En plein apogée de la ségrégation raciale aux USA, Martin Luther King avait osé partager son rêve. Que nous coûte-t-il aujourd’hui, à l’aide du flambeau reçu de ce grand pasteur, d’allumer et d’entretenir la flamme de la non-violence au Congo? Plus de 60 après ce discours historique, L’Amérique n’est pas encore totalement sortie des affres du racisme, mais peut-on imaginer ce qu’elle serait sans ce grand rêve:

‘’ J’ai fait un rêve, qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra la vraie signification de sa croyance : « Nous tenons ces vérités comme allant de soi, que les hommes naissent égaux. »…..

J’ai fait un rêve, qu’un jour même l’état de Mississippi, un désert étouffant d’injustice et d’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice….’’

Rêvons tous ensemble d’un Congo non-violent, apaisé et ayant définitivement tourné le dos aux démons de la division.

Pascal Malanda

LE CONGO ÉTERNEL

12 thoughts on “Sassou peut-il contribuer positivement à un après-Sassou apaisé ?

  1. ghys fortune bembe-dombe, pascal malanda, …,
    VOUS ÊTES DES JOURNALISTES MAL FORMATÉS.
    VOUS AIMEZ LES HISTOIRES DE CANIVEAUX.

  2. pour creer un mouvement republicain il faudrait que la majorite accepte de financer la politique d une maniere republicaine meme s ils sont revolutionnaire dans un etat republicain le vote a un prix cela permet au mouvement de se rembourser des depenses effectuees et surtout un status clair pour les responsables de l opposition meme avec ce type de lois il faudra plusieurs annees pour un mouvement republicain d atteindre son objectif car il lui faudra acquerrir un tresor pour faire face a toutes ses depenses formation education organisation communication et enfin implantation dans tout les districts du pays comment? ex pour sa creation apres avoir signe la charte republicaine chaque membres du mouvement devra planter un ou des manguiers dans son district le but et d avoir dans plusieurs annees une production industrielle bien sur a chaque anniversaire du mouvement li faudra planter organiser et gerez cette entreprise sera un lieu de formation et de promotion pour les futurs responsables du pays mais seul la majorite peut permettre que ce mouvement puisse voir le jour. .au dela du mouvement faire du congo le premier producteur de mangues naturelle du monde

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