Congo-Brazzaville: les commerçants refusent les billets de banque déchirés

Depuis quelque temps au Congo, les Brazzavillois ont du mal à faire leurs courses chez les commerçants et à acheter du carburant avec des billets de banque mutilés ou déchirés, même s’ils sont rafistolés avec du scotch ou de la colle. Ils sont catégoriquement refusés, jusque dans certaines banques, sous prétexte qu’ils ont perdu leur valeur. Cette attitude freine les échanges au quotidien, avec des conséquences sur l’économie nationale. Elle est décriée par les Associations des droits des consommateurs et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), qui émet ces billets.

Au marché Total au quartier Bacongo au bout d’une allée avec des étals bien achalandés se trouve une mini-boulangerie moderne très fréquentée de jour comme de nuit. Un des gérants veille sur les billets apportés par les clients. Il rejette sans autre forme de procès tous les billets qui ont perdu leur forme. « La raison pour laquelle nous rejetons ces mauvais billets est simple : lorsque nous allons verser nos revenus à la banque, celle-ci refuse. Donc, nous sommes obligés d’exiger à nos clients d’avoir de très bons billets ; des billets normaux, pas déchirés ou portant du scotch », avance le boulanger.

À un pas de cette mini-boulangerie, Prisca Louzolo, la quarantaine révolue, vend de la friperie. Les billets de banque mutilés ne passent presque pas chez elle.

« Il y a des clients qui amènent des billets déchirés. Quand ils sont trop déchirés, je ne prends pas. Quand ils le sont légèrement, je prends et je mets de la colle dessus. Parce que quand je prends le billet déchiré il ne passe pas là je vais acheter ma marchandise », se justifie madame Louzolo.

L’attitude des commerçants écœure le photographe Bienvenu Salabandzi qui reste interrogateur. « J’ai ces billets déchirés dans ma poche, mais je ne sais pas quoi faire avec », lâche-t-il.

Déchiré ou non, un billet conserve sa valeur

À Brazzaville, c’est dans tous les secteurs d’activité que les billets de banque déchirés sont regardés avec dédain et rejetés. Secrétaire exécutif de l’Observatoire congolais des droits de consommateurs, Mermans Babounga sensibilise, tant soit peu, sur l’utilisation des billets. « En réalité c’est un peu regrettable que les gens se comportent ainsi dans la mesure où un billet qu’il soit neuf ou vieux, il garde sa même valeur monétaire », recadre-t-il.

Les billets gardent toujours leur valeur et ne perdent jamais leur vie tant qu’ils ne sont pas retirés de la circulation par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) qui les émet, affirme Michel Dzombala, son directeur national. « C’est à tort que ces billets sont refusés. Il n’y a pas de raison de refuser ces billets qui sont les billets de notre émission. Je dois vous avouer que le phénomène des billets mutilés ou fatigués est récent. Dans les prochains jours, nous allons intensifier une campagne de sensibilisation à l’endroit du public pour faire comprendre que ces billets n’ont aucun problème », déclare M. Dzombala.

La Banque centrale dispose d’un guichet spécial ouvert deux jours dans pour échanger les billets qui ont perdu leur forme.

Loïcia Martial

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