Le Congo du leader Simon-Pierre Kikhounga-Ngot (1920-2015) : Transmission de la sagesse en trois proverbes et deux aphorismes

Le Congo se souviendra de Simon-Pierre KIKHOUNGA-NGOT. Sans aucun doute,  reverra-t-on ainsi l’homme politique et le syndicaliste auquel les gouvernants d’aujourd’hui ainsi que des citoyens et des citoyennes de divers bords ont rendu un hommage à Paris, à Brazzaville, à Dolisie puis à Makabana. Comme dans ces événements que certains avaient pu vivre suite à son décès survenu le 8 avril 2015 dans la région parisienne. Mais, lui-même ne reviendra-t-il toujours  pas nous rappeler  qu’il était avant tout un Nzonzi, un Sage ?  En ces jours du quatrième anniversaire de sa mort puis de ses obsèques, il est bon de méditer sur quelques balises de la sagesse  qu’il avait su transmettre.

Trois proverbes et deux aphorismes. Cinq repères, cinq comme le nombre des doigts de la main.

Premier proverbe :

« Si tu penses à ta solution au sujet d’un problème, pense également à ce qu’en pense l’autre »

(En langue kunyi : « Wu bala diaku, ku balaa di ku bala mbatsi »).

Deuxième proverbe :

« D’une manière ou d’une autre, les méchants paient leur dette pour tout le mal qu’ils ont fait ».

(«  Bi tuta bi sa mbi, mi kanu miawu ku futa »).

Troisième proverbe :

« L’œuf sait/peut apprendre à sa mère poule comment l’éclore »

(« Di kia di tsutsu ku longuisa ngudi ntetolo »).

Un premier aphorisme :

« Le malheur n’arrive pas à un moment choisissable»

( « Mbwilu diambu tangu ku solaa pé «

Un deuxième aphorisme : « Le pouvoir, oui. Mais,  que faire avec ? »                                                                   Transmis en langue française, cet aphorisme restera une question ouverte, notamment au sujet du Congo.

Et  le Sage Kikhounga-Ngot, homme du sud,kunyi (groupe kongo) prenait toujours soin de souligner que cette formule d’une sagesse inestimable était comme un leitmotiv dans les conseils que savait prodiguer  Jacques OPANGAULT, homme  du nord, mbochi. Celui-ci,    le Président de ce parti dont Kikhounga-Ngot  fut lui-même le Vice-Président, en l’occurrence le  Mouvement Socialiste Africain  (MSA)… de 1957 à 1963 . Cette  année-là, 1963, celle de la « Révolution congolaise » qui consacrera le monopartisme avec la création du « Mouvement National de la Révolution » en 1964. Les deux socialistes connurent alors l’épreuve du « Tribunal populaire » puis celle de la « résidence surveillée », comme tous les ministres du dernier gouvernement de l’abbé Fulbert Youlou, le tout premier Président de la République du Congo, lequel mourut en exil.

Auparavant Simon-Pierre Kikhounga-Ngot avait été au sommet de sa gloire, en 1957 et 1958, en tant que troisième personnage du tout premier  gouvernement, ministre de l’économie et du plan, le chef de ce gouvernement  étant alors son allié politique devenu un ami-frère, ce même homme si soucieux de « bonne gouvernance » et du devenir de toute la république. Le même Jacques Opangault.

Ces deux leaders avaient-ils pu transmettre le sens de la chose publique aux gouvernants des générations ultérieures ? Un sens partagé à travers une telle pensée sous forme d’un questionnement au sujet de la finalité du pouvoir politique et de la gouvernance: « Le pouvoir, oui. Mais, pour…quoi faire ? ».  Á l’époque actuelle, il pourrait être courant d’entendre des Congolaises et des Congolais répondre à cette dernière question en citant, pour s’en contenter ou pour s’en indigner, un autre aphorisme, en quelque sorte un autre proverbe :                                   « O temporo, o mores ! ». Traduite du latin, cette phrase signifie : « Autres temps, autres mœurs ! ». Ou mieux : « Quelle époque (vivons-nous) ! Quelles mœurs !? » – si l’on suit wikiquote : https://fr.wikiquote.org/wiki/Cic%C3%A9ron

Et ainsi parlait Cicéron… citant un poète au cours d’un procès. C’était en l’An 63 avant Jésus Christ. Noël Magloire NDOBA (Paris, le 8 avril 2019 … (après J. C.).

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