Proclamation de la république le 28 novembre 1958, à Pointe-Noire, capitale politique du Moyen-Congo, actuel Congo- Brazzaville

Réflexion sur le mythe des « Pères » de l’indépendance

Une société dont les repères sont brouillés par une histoire confuse, marche indéfiniment dans un labyrinthe.

Le concept de république mérite qu’on s’y attèle pour en faire l’exégèse quant à son expérience dans notre pays, mais d’autres occasions nous seront plus propices pour cela. Pour l’instant, il me semble plus approprié, par rapport à la date du 28 novembre 1958, de mettre l’accent sur certaines articulations de notre Histoire, autrement dit de substituer la Raison à l’Émotion car la République est sous-jacente à la Raison.

Il s’agit surtout de revisiter notre propension d’affecter la dénomination de  « Pères » de l’indépendance aux premières élites politiques congolaises, notamment celles qui ont vécu l’évènement de l’indépendance, ou assumaient de hautes fonctions d’état à cette époque. Quels sont les faits qui nous en donnent l’autorisation ?  Pourquoi enfouir sous les collines de l’oubli les résistances des populations qui ont refusé la domination pendant la pénétration coloniale dans notre pays et en ont payé un lourd tribut ? On peut par exemple faire allusion aux Bafourous qui se sont opposés à De Brazza, lequel se vantait, de manière cynique, dans ses carnets de voyage de les massacrer avec les armes à feu, et d’autres encore qui ont fait preuve du même courage et de la même détermination au nord du pays. Mais également les chefs Vilis qui ont  signé en 1883, sous la contrainte d’armes à feu, au village Tchimbamba, actuel quartier de Pointe-Noire, l’acte mettant le royaume de Loango sous le « protectorat » de la France. De même dans le Pool où, entre autres, Mabiala ma Nganga, un Hangala, fut tué en octobre 1896. Décapité, sa tête fut exhibée au public par les troupes coloniales comme trophée, puis André Grenard Matsoua, dirigeant de l’Amicale des Ressortissants de l’Afrique Équatoriale Française, dont la mort, en 1942, dans la prison de Mayama, n’a jamais été élucidée par les autorités coloniales, d’ailleurs  sa dépouille n’a jamais été retrouvée et sans oublier les violences perpétrées à l’encontre de ses partisans (matsouanistes) avant et après sa mort. Il faut également évoquer les Bembés qui ont énergiquement défendu leur territoire contre la pénétration coloniale jusqu’en 1910, alors que tout le territoire du Congo actuel était conquis. Leur pays était redouté par les colons d’autant que ses chefs refusaient de le céder malgré les multiples négociations. De Brazza et Léon Jacob, en 1882, le traversèrent mais en prenant soin de le contourner. En 1903, des interlocuteurs français qui s’y sont risqués pour négocier l’abdication des populations furent assassinés. En 1911, face à une attaque minutieusement préparée avec une lourde armada, le pays bembé, pris en étau à partir de Sibiti et Loudima par les troupes coloniales, fut conquis et vaincu. Mais la résistance se poursuivit et prit véritablement fin dans les années 1930 après une féroce répression sur les populations, suivie de nombreuses exécutions sommaires et déportations. Le cas du grand chef Nkombo Ntakou est très illustratif : vers 1925, il fut emprisonné pour avoir dénoncé le recrutement des siens pour la construction du chemin de fer, et mourut en 1929 des stigmates de son enfermement après sa sortie de prison. Mapira Albert, un autre grand chef bembé, pour avoir dénoncé les exactions des colons à l’égard des populations, fut emprisonné d’abord à Mouyondzi, puis à Brazzaville et ensuite à Gamboma où il mourut de maltraitance. Nombreux subirent un sort similaire dans le pays bembé mais également dans d’autres régions du Congo.

Le refus de ces populations d’être dominées, de ne pas accepter l’occupation de leurs terres, voire cette conscience de la résistance, n’était-ce pas l’expression de leur attachement à leur indépendance, à leur liberté ?

À l’évidence, l’indépendance de notre pays est l’aboutissement d’un processus historique long et complexe, dont certains signaux ont été perceptibles lors de la conférence de Brazzaville, en 1944, en dépit du refus ferme du général De Gaulle sur l’éventualité de l’indépendance des pays africains. D’ailleurs, il n’en avait même pas fait état et n’avait invité aucun représentant des populations locales, voire aucun Noir, sauf, bien sûr, Félix Éboué, originaire de la Guyane et gouverneur général de l’AEF (Afrique Équatoriale Française).

Après la seconde mondiale, il y a eu l’éclosion de ce qu’on a appelé le nationalisme africain qui, multiple et protéiforme, réclamait les mêmes droits et l’équité dans les colonies entre les Colons et les Colonisés.

Le congrès de Bamako, en 1946, auquel prirent part des députés africains siégeant au Palais Bourbon tels Jean-Félix Tchicaya, député du Moyen-congo-Gabon, Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire, Fily Dabo Cissoko du Soudan français (actuel Mali), etc., s’est inscrit dans la dynamique de ce nationalisme africain, et a abouti à la création du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) qui aura des représentations dans presque toutes les colonies francophones d’Afrique. Rappelons que Jean-Félix Tchicaya n’avait de cesse dénoncé, lors de ses interventions musclées à l’assemblée nationale française, le pillage des ressources de son pays, l’accaparement de ses terres par les Colons et la maltraitance des populations. Il est vrai que, face au rapport de force dans le contexte du système colonial, l’idée d’indépendance ne constituait pas la pierre angulaire de la majorité des nationalistes mais elle n’était pas moins présente dans leur esprit.

Tenant compte du nationalisme africain naissant et du contexte mondial survenu à l’issue de la seconde guerre, mais également des effets de la guerre d’Indochine et celle de l’Algérie, la loi-cadre de 1956, sur les réformes dans les territoires d’outre-mer, va être une étape supplémentaire dans le processus d’indépendance, quand bien même son objectif était de maintenir les colonies dans l’empire français, sous le prétexte d’une union française de façade. Seul Sékou Touré de la Guinée a daigné s’opposer à cette enfumade, en se prononçant pour le « Non » au référendum organisé à cet effet, alors que tous les autres dirigeants des colonies françaises y avaient souscrit en battant campagne pour le « Oui », y compris tous ceux que nous nommons par « Pères » de l’indépendance au Congo-Brazzaville. D’ailleurs au Congo-Brazzaville, le « Oui » pour l’Union française l’avait emporté à 99%.

Il ne s’agit pas, loin s’en faut, de raturer ou minorer l’action de ceux qui sont considérés comme les pères de l’indépendance au Congo-Brazzaville. Car, face au système colonial, ils se sont battus avec les outils de leur époque, et, de surcroît, après l’indépendance, se sont distingués dans la gestion de la chose publique par une éthique de responsabilité et un profond attachement à l’intérêt général. C’est en ce sens d’ailleurs qu’ils incarnent pour beaucoup de Congolais les modèles de patriotisme et de bonne gouvernance. Mais les couvrir pour autant du substantif de « Pères » de l’indépendance, est un pas que l’on franchi trop vite.

Le présent ne saurait être compris et l’avenir envisagé sans la force de la réalité des faits. De même que chaque brique est disposée à sa place dans l’armature d’une maison, de même chaque fait doit être situé dans la trame de son historicité. Une société dont les répères sont brouillés par une histoire confuse, marche indéfiniment dans un labyrinthe.

L’absence de clarté sur cette période cruciale de notre Histoire, ne doit pas se traduire par la construction d’une mythologie sur les « Pères de l’indépendance » comme catharsis face aux tragédies que vit notre pays depuis des années. À l’évidence, nos atermoiements actuels révèlent une profonde crise de regard sur notre Histoire. Re(situer) cette Histoire au bon endroit est une des clés qui permettra d’ouvrir sereinement la porte de l’avenir et de bâtir ensemble durablement…

Gilbert GOMA

10 thoughts on “Proclamation de la république le 28 novembre 1958, à Pointe-Noire, capitale politique du Moyen-Congo, actuel Congo- Brazzaville

  1. MOKOKO PARTIRA COMME TSOUROU SI SES PARTISANS CONTINUENT DE FAIRE SENBLANT DE SOLLICITER LA CLÉMENCE DE L’INDUSTRIE DU CRIME.
    PLUTÔT VOUS VIENDREZ RENFORCER LA FÉDÉRATION KONGO ET L’USK, PLUTÔT. NOUS SERONS CAPABLES D’EXERCER UN RAPPORT DES FORCES SUSCEPTIBLE DE NUIRE À L’INDUSTRIE DU CRIME QU’EST LA franceAFRIQUE.
    LA DIFFICULTÉ RÉSIDE DANS LE FAIT QUE NOMBREUSES DES MACHINES DE CETTE INDUSTRIE DU CRIME SONT AFRICAINES. L’IDIOT sassou EN EST UNE. LES PIÈCES DE SES MACHINES SONT SOUVENT NOS PROPRES PARENTS. MOKOKO EN FUT UNE.
    VOUS TROUVEREZ ENCORE DES INDIVIDUS QUI DÉFENDENT MOKOKO QUÎ SONT TRÈS EMBARRASSÉS PARCE QU’ILS N’ONT PAS PRIS LA PEINE DE RAISONNER QUAND ILS ONT SERVI EUX-MÊMES À UNE ÉPOQUE L’IDIOT sassou.
    IL FAUT QUE LES SOUTIENS DE MOKOKO SOIENT COURAGEUX COMME LUI POUR ROMPRE AVEC LEUR PASSÉ SOMBRE ET SE CONSACRER À LA VRAIE RÉSISTANCE.
    C’EST AINSI QUE TOUS LES KONGO ET LES HUMANISTES AFRICAINS DÉTRUIRONT L’INDUSTRIE DU CRIME.

  2. Et voilà. Pointe Noire était capitale politique du Congo. Mais les gens du Pool, dès 1960, ont obligés tout le monde à accepter son implantation à Brazzaville. Pourquoi ? Parce que c’est à proximité de leurs quartiers ethniques de Bacongo, Makélékélé et Kinsoundi.

  3. FRANGIN,
    IL NE FAUT PAS SPÉCULER SUR RENCONTRES DE L’INDUSTRIE DU CRIME.
    À MOINS QUE TU SOIS DANS LA BANALISATION DU CRIME.
    L’IDIOT sassou EST UN CRIMINEL. LES usa SONT DANS LE CRIME BIEN AVANT QUE JE SOIS NÉ, ET ILS N’ONT JAMAIS ARRÊTÉ CETTE ENTREPRISE.
    POURQUOI PENSES-TU QUE L’IDIOT sassou D’ALLER CHEZ LES CRIMINELS. MÊME SI EN CHIMIE, LON DIT QUE DEUX CORPS DE MÊME NATURE ( exception pour nos soeurs ET frères homsexuels) SE REPOUSSENT.
    L’IDIOT sassou A UN REPRÉSENTANT AUX usa. IL N’A JAMAIS ÉTÉ INQUIÉTÉ.
    ÉVITONS LA DISTRACTION.
    N’ATTADONS PAS QUE D’AUTRES CRIMINELS FASSENT NOTRE DEVOIR.

  4. CONGO-BRAZZA: POURQUOI LES DÉCÈS LIÉS AU CANCER SE MULTIPLIENT À VITESSE EXPONENTIELLE?
    Les études et les rapports scientifiques s’accumulent pour désigner le rôle des perturbateurs endocriniens (PE). Ils sont à l’origine du déclin de la biodiversité et l’explosion des maladies chroniques. Entre autres les cancers, l’infertilité, le diabète, l’obésité et les troubles comportementaux.
    Pour l’intérêt général et de la vulgarisation des sciences de l’environnement par Isidore AYA TONGA, Intellectuel, Philosophe et Scientifique environnementaliste ! https://www.youtube.com/watch?v=uRerfqSDs3M

  5. TU COMPRENDS POURQUOI L’IDIOT sassou EST UN IDIOT.
    NOUS NE POUVONS QUE FAIRE DES CONSTATS ET DES DÉNONCIATIONS.
    LES CAUSES ET LA PREVENTION SONT IMPOSSIBLES AVEC L’INDUSTRIE DU CRIME.
    POUR UN ÉVEIL EFFICACE DE NOS FRANGINS, IL FAUT LEUR DIRE, DE MANIÈRE SIMPLE ET EXPLICITE, LES RESPONSABLES DE CETTE INDUSTRIE, LES MACHINES QU’ILS UTILISENT, LES PIÈCES DONT ILS ONT BESOIN.
    LES SOLUTIONS SONT À NOTRE PORTÉE. ÉVITONS SIMPLEMENT LA DISTRACTION.
    LE SCIENTIFIQUE A BESOIN D’UN ENVIRONNEMENT SÉCURISÉ POUR APPORTER LE MEILLEUR DE LUI-MÊME.

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