Argumentaire pour un large débat national au Congo-Brazzaville

Pourquoi doit-on se parler : une nouvelle Doctrine du dialogue national

Il est désormais acquis que la solution du Congo- Brazzaville ne réside pas fatalement dans l’affrontement comme cela fut souvent le cas à de trop moments de notre histoire. Les évêques, à travers leur contribution, ont mis un point d’honneur sur la question du dialogue national, indiquant ainsi la voie à suivre pour se soustraire de la violence aveugle.

Les recommandations et résolutions optent sans ambages pour le dialogue comme moyen vertueux de résolution d’une crise qui mine l’existence de la collectivité et s’enracine de plus en plus, mettant à mal la cohésion nationale.

Ainsi réaffirment- ils la foi en l’idée que la raison transcendante doit triompher des logiques partisanes, suicidaires, qui anéantissent les peuples et civilisations quand ils n’ont eu comme seule réponse que le nombrilisme, donc le rejet de l’autre.

En mettant en avant cette idée, les ecclésiastes postulent à la réaffirmation de la sagesse humaine laquelle conduit l’homme à ne point sombrer dans l’irrésolu et la barbarie mais de conforter le génie qui est en lui à trouver des solutions pacifiques aux problèmes qui minent son existence.

Ainsi le dialogue s’interprète non comme une faiblesse mais comme une force de l’esprit voyant dans le voisin plutôt un frère, un compatriote qu’un ennemi.

La sagesse et la lucidité doivent donc se conjuguer pour ne point tomber dans la bêtise autrement dit le péché. L’église estime ainsi indispensable que les parties en présence manifestent leur volonté de trouver une solution intelligente, convaincue à l’idée qu’il n’y a pas d’autre voie que celle du renoncement à la violence. Que les protagonistes doivent se prêter à l’ouverture d’esprit, en direction de tout ce qui peut concourir à construire la paix. Le temps est venu pour les congolais de s’engager dans une véritable réconciliation qui réponde aux attentes, et sans exclusive.

Face aux nouveaux drames qui nous guettent, l’invitation des évêques est donc sans équivoque. Elle sonne le tocsin.

Car la violence est péché et destructive. Cette vision, d’essence biblique, quasi romanesque a trouvé et rencontre encore, dans les populations, un écho plus que favorable. Pour preuve, la déferlante dans la lecture et divulgation de ce texte que l’on peut d’ores et déjà considérer comme un document de référence.

Mais cette vision, bien qu’idyllique et apaisante, humaniste et réconciliante, demeurerait incomplète si on ne lui accolait pas un versant politique. Tant le contentieux est d’essence politique. Il revient donc aux politiques que nous sommes de définir cette dimension des choses, de verser des éléments politiques, de formuler la problématique dans des termes qui lui soient propres, au risque de se figer dans le registre de l’affectif.

Il revient ainsi aux acteurs politiques de réaffirmer leur engagement aux cotés des évêques en consolidant l’idée du dialogue comme nécessité historique, en y apportant leur touche.

En cela, tout se résume à un questionnement. Peut-on véritablement dire que les élections de 2016 aient connu un dénouement ? Les choses sont restées en l’état. Nul vainqueur n’a eu la légitimité des urnes. La question demeure et demeurera au vu de la contestation qui a couvé et qui continue de miner la question politique.

Ceux qui étaient censés être les dépositaires de la légitimité n’ont pu aller à bout de leur dessein. La présidentielle est allée à vau-l’eau. Le contentieux électoral est ainsi demeuré !

Le dire ou l’évoquer ne signifie nullement faire dans la surenchère, produire une contre-vérité mais restituer les faits dans leur vérité première telle que le pensent d’ailleurs des milliers de congolais.

Se pose, en réalité la problématique de l’accouplement de la légitimité et donc de la légalité/légitimité, de l’exercice plein du pouvoir.

Force est de reconnaitre que le pouvoir en place a une légalité, car détenant de fait la signature du Congo et représentant le Congo dans les instances internationales mais la question de la légitimité demeure. Car elle fut battue en brèche, n’ayant guère connu d’issue. Les dépositaires potentiels sont en souffrance.

Or, La plénitude de l’exercice d’un pouvoir, quel qu’il soit, suppose que les deux mamelles que sont la légitimité et la légalité se doivent d’être ensemble.  Ce n’est nullement le cas aujourd’hui.

Il faut donc que le détenteur de la légalité, entendu le pouvoir en place, se retrouve avec le détenteur de la légitimité qu’est le peuple souverain dans un dialogue afin d’atteler la légitimité à la légalité.

Et ainsi rétablir l’autorité dans toutes ses composantes.

Ainsi formulée, la problématique du dialogue est donc définie et posée sur des bases saines et solides, dépouillée de tout préjugé et déconsidérations. Le dialogue est, ainsi, loin de s’assimiler à une quelconque grâce ou faveur du pouvoir à l’endroit de la résistance, pas plus à une demande d’aumône de la part de cette dernière. Mais comme une ligne de compromis donnant au pays l’occasion de se sortir du bourbier. Cet argument présente l’avantage de désenclaver le sujet, de mettre les parties sur un même piédestal et de porter le destin du pays au pinacle.

Le dialogue apparait alors comme une nécessité devant conduire à un compromis historique, évitant aux populations de demeurer otages.

Partant, le dialogue national s’assimilerait à une mesure de salut public.

Nul doute que les problèmes risqueront de nous rattraper en 2021 !

Quand bien même 2016 semble loin, derrière nous, la question risque de resurgir, avec le risque de conflit, à nouveau. Or le Congo, notre pays n’est pas une fatalité.

Il nous faut donc en toute responsabilité, poser les termes du débat, maintenant, aller vers le dialogue politique le plus large possible comme l’entend tout le monde, pour définir le cadre et institutions de demain et donc fixer les règles.

Tant Les contradictions non résolues ont pour propriétés principales de revenir en boomerang et de paraitre comme des points de non-retour pour la suite de l’histoire des peuples. C’est à l’aune des difficultés que l’on mesure la grandeur d’un peuple et la maturité de ses dirigeants.

 L’argument me parait suffisamment plausible pour être vendu à la communauté internationale et ainsi solliciter le soutien nécessaire. Il va sans dire qu’obtenir le soutien de la communauté internationale devrait permettre de franchir les paliers.

Cicéron MASSAMBA, libre penseur, membre influent de la Diaspora congolaise de France

9 thoughts on “Argumentaire pour un large débat national au Congo-Brazzaville

  1. Toujours aussi pertinent dans ses analyses,Cicéron,une nouvelle fois,fait montre d’une intelligence supérieure et d’un patriotisme sans faille.Il livre une réflexion qui n’a d’égale que le mérite de son auteur.Il est de tous les combats sur le registre des droits de l’homme et du citoyen voire de la démocratie
    N’avait il pas déjà initié le « Manifeste » pour le respect de la constitution!.
    L’opposition devrait s’emparer de cette analyse et faire sienne ces axiomes.Car la demande de dialogue ne doit pas ressembler à de la supplication.Au contraire,l’exigence de dialogue est un droit qui devra s’exercer dans le cadre d’une crise institutionnelle.Et l’absence de légitimité de ce pouvoir en est une.Bravo,Cicéron. Tu ne cesseras pas de nous surprendre.

  2. Brillante analyse de ce monsieur. Il exprime un message de grandes finesse et sagesse sur lequel nos compatriotes devraient méditer, particulièrement ceux qui ont une activité influente dans la sphère politique. A ces derniers, je demanderais, chers frères, soeurs, pères et mères, quel héritage spirituel et philosophique allons-nous laisser aux générations à venir? Travaillons-y. Le message de Monsieur Ciceron Massamba doit interpeller nos consciences pour un sursaut national. Personne n’y perdra. La nation triomphera. Philippe DOULA

  3. Je suis d’accord avec des congolais qui prônent le dialogue pour résoudre une crise .Tous les conflits à travers le monde se terminent par le dialogue .
    Ne perdons pas notre temps ,du sang ,des larmes et la sueur .Vite mettons nous dans la recherche de la solution par le dialogue.Je suis déformé par la nature de ma formation en médiation au Cnam de Paris .Et par ma culture de KONGO-Lari du Mbongui .
    Mais aussi je dis aux Congolais le dialogue oblige aussi d’écouter et comprendre les autres.Ne pas être figé ,faire des concessions ….sinon il n’ ya pas dialogue .
    Quand on dialogue , on laisse d’abord les ressentis , les passions et on accepte la solution qui se dégage de ce dialogue .Dans le dialogue on accepte le statut de son adversaire .
    Le combat , la guerre….ne donne rien , la victoire issue de la guerre ne dure jamais dans le temps .Elle s’efface dans le temps .
    C’est la guerre du pool , qui dure 20 ans .En 1945 les alliés et les Nazis ont signé des accords politiques .Le Dialogue toujours le dialogue .Au Congo BRAZZAVILLE les Congolais se battent depuis 1959…..ils ne trouvent jamais de solution viable .
    Les Ange -DIAWARA , les KIGANGA ,les ressortissants des pays du Niari , les originaires d’OWANDO …..que des combats , alors dialoguons sûrement il ya un problème , je ne pense pas que ,cétait le soif du pouvoir .
    Je suis psycho-sociologue et médiateur en cette qualité je crois qu’il ya un problème récessif .Est ce que la répartition des richesses , du pouvoir ? je m’interroge au quotidien .IL ya de la frustration dans l’air ,pourquoi on s’accepte pas? est ce le tribalisme ? Est ce parce que il ya des gens qui mangent et les autres non ? est ce que tous nos frères et sœurs originaires du Nord sont au lait et au miel? et que les sudistes souffrent comme le disent certaines langues .
    Est ce qu’ avant le pouvoir de 1968 tous les sudistes étaient bien ? et la nouvelle génération de 1970 , 1980 ….ont ils vécu le lait et le miel d’avant ?
    je me demande les raisons de la prise d’armes de combat par les jeunes , contre le pouvoir en place ? je ne connais pas les raisons alors instaurons le débat -politique dans le pays .
    En France le président Macron a écouté les gilets jaunes à travers tout le pays .Et maintenant le mouvement s’est affaibli dans le temps .Il y avait des revendications des gilets jaunes ,et quand le président MACRON les a écouté , des solutions ont été prises .Le calme est revenu .
    Non au Congo BRAZZAVILLE , le conflit politique est trop permanent et çà perdure des générations en génération .Depuis 1960 en arrive pas à installer la nation .Honte à nous !!!!

  4. Le dialogue tant imploré par certains hommes politiques ne sera jamais le moyen pour résoudre les crises multiformes du Congo. Pourquoi a-t-on besoin du dialogue? Connaissez vous un pays où les institutions de la république fonctionnent correctement, la population et les cadres politiques réclament le dialogue? C’est la faute de qui si les institutions de la république du Congo Brazza ne fonctionnent pas comme dans d’autres pays? lorsque l’incompétence devient un facteur d’ascension aux grands postes de l’état, lorsque la loi souffre des exceptions et la soumission devient une porte de réussite, c’est l’insécurité qui s’installe et par conséquent la violence. Qui trouble la paix et exerce la violence au Congo? N’est ce pas, le pouvoir avec lequel vous voulez dialoguer? Que faire si le pyromane est le pompier? Lorsque Cicéron dit : » C’est à l’aune des difficultés que l’on mesure la grandeur d’un peuple et la maturité de ses dirigeants », oui c’est vrai mais, avons nous des dirigeants mâtures? Un dirigeant qui utilise les moyens de l’Etat pour détruire son peuple est-il mâture? Quand un dirigeant va reconnaître l’échec de sa politique et son incompétence à l’étranger est-il mâture? Lorsqu’il accepte avoir des insomnies à la fin des mois et que pour payer les fonctionnaires, il prend « un peu là et un peu là-bas » où est la république qui a un trésor et un gouvernement? Dans ce pays où on entend de telles déclarations, on voit tout s’écrouler sous ses pieds, quel espoir et quelle confiance la jeunesse peut avoir en ces dirigeants? Et comment réclamer un dialogue aux responsables qui ne détiennent pas la légitimité et qui n’ont la légalité que par l’usage de la force? s’ils étaient conscients, la seule issue c’est la démission ou l’abandon du pouvoir car le pouvoir actuel n’a jamais été légitime depuis qu’il existe comme l’est son incompétence bien avérée aujourd’hui. Quand on prend le pouvoir par un coup d’Etat on n’est pas légitime. Gardons nous donc de demander un dialogue ou même une sortie honorable à un homme qui ne connait que la force pour régner et le goût du sang humain pour vivre.

  5. Le dialogue trouvera ici un sens .Qui dira mieux Cicéron rajoute une corde à l’arc.De quoi donner du poil de la bête à une opposition qui paraissait désarmée et donc essoufflée.

  6. Une contribution majeure.Tous les conflits au monde se sont toujours soldés par des pourparlers pourvu que les belligérants s’y prêtent.Les accords d’Evian ont mis fin à la guerre de l’Algérie.Les exemples sont légion de par le monde où les gens ont dépassé les haines les plus irréductibles.pourquoi voulons -nous que cela ne fasse pas au Congo.Tout est entre les mains du prescient sassou.Il suffit qu’il s’ y mette pour que les choses se résolvent du jour au lendemain..Il devra faire appel à la communauté internationale comme gage pour que ce dialogue ne ressemble pas aux autres.Il y va de son intérêt s’il veut laisser à la postérité une meilleure image de lui meme.En aura t-il le sursaut!
    Le texte de Cicéron est remarquable car pondéré sans agressivité coutumière à la communauté.
    voilà une réflexion dont devrait s’inspirer et donc faire bon usage le conseil national du dialogue et son président Martin Mberi ,s’ils veulent donner tout honorabilité à leur démarche.A vous de jouer ,Mr Mberi Aux grands hommes,la nation reconnaissante.

  7. J’adhère à l’analyse de Cicéron..Il faut lier l’idée de crise à une crise de légitimité. Les élections se sont terminées en queue de poisson .Moukoko et Kolelas qui étaient en ballottage favorable n’ont pas pu aller au second tour.Ils en ont été empêchés. Il s’agit donc d’une légalité sans légitimité..une légalité forcée .
    ça ressemble à l’histoire de quelqu’un qui construit sur un terrain autrui ,qui ne lui appartient pas.mais il faut bien trouver une solution.
    Excellent,Cicéron

  8. C’est une véritable plongée dans la crise.Le tableau qui ressort de cette analyse de Mr Massamba Cicéron est celui d’un vrai patriote qui veut voir son pays sortir du gouffre qui affecte toute la société congolaise..il n’a de parti pris pour personne ,renvoyant dos à dos ,tous ceux qui s’y prennent mal pour le dialogue.car le dialogue n’est une honte pour personne pour peu qu’il soit sincère et porte sur les vrais problèmes,c’est à dire un débat de fond.Les signes alarmants se multiplient pour ne pas se convaincre de la crise.Et cette crise bien que plurielle et /ou multidimensionnelle ,pour admettre une élocution souvent employée,a pour origine d’abord et avant tout institutionnelle autrement dit elle est une crise de légitimité qui part du changement de constitution et qui trouve son paroxysme dans l’édulcoration de l’élection.

  9. Le fantôme du dialogue provoque un vent de panique au sein de l’opposition.
    voici de quoi ressouder les rangs.Cicéron verse au débat de quoi nourrir l’espoir à ce sujet.
    C’est une fenêtre de tir insoupçonnée,incroyable pour peu que les hommes intelligents sachent l’utiliser

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