« Bannir la complaisance, le clanisme et le tribalisme pour qu’enfin avance le Congo, sans quoi, il sera très difficile d’émerger»

Beaucoup trop de maux entravent le développement du Congo.

A la mauvaise gouvernance devenue endémique et connue de tous, il faut y ajouter la complaisance, le favoritisme, le clanisme et le tribalisme dans l’attribution des faveurs, des bourses, des postes et d’autres privilèges, au détriment du mérite, du savoir-faire et de la compétence.

Plutôt que l’objectivité, c’est la subjectivité qui l’emporte sur quasiment tous les secteurs à dominance étatique. Seul donc le secteur privé international échappe à cette gangrène où les critères de sélection sont formellement établis et respectés dans le choix ou la désignation des personnels à différents niveaux.

Comment voulons-nous que notre Pays avance dans cet état de fait ?

Tenez, c’est avec une grande consternation que nous avons appris la défection puis le retour annoncé au Pays de plus de deux cents cinquante étudiants Congolais envoyés à Cuba pour des études de médecine. Après moult négociation et rachat, c’est finalement cent quarante-deux qui vont rentrer au bercail.

En réalité, si l’on scrute très bien, ce chiffre de ces étudiants congolais en situation d’échec total à Cuba serait même doublé, au regard du format de notre jeunesse d’aujourd’hui, moulée dans le favoritisme, la facilité et les passe-droits institués par quelques responsables politiques qui abusent de leurs positions fonctionnelles, avec tous les risques en perspective que cela représente.

Quel héritage éthique, quelles ressources humaines voulons-nous disposer pour l’émergence de ce Pays ?

Pour un Pays, la première ressource qui vaille, c’est l’homme. Ce ne sont donc point les ressources de son sous-sol, riche soit-il, mais la qualité de ses ressources humaines.

C’est ainsi que nous ne devrions pas transiger avec la formation, ou faire preuve de complaisance dans la formation de nos étudiants ou de nos cadres, par ce que tôt ou tard cela vous revient à la figure comme un boomerang. Or, dans l’entretemps, le Pays aura perdu son temps, ses ressources financières et sa crédibilité vis-à-vis des partenaires extérieurs.

De plus en plus des jeunes congolais bénéficiaires des bourses de complaisance sont en situation d’échec scolaire ou universitaire, par ce que les choix à la base n’ont pas été faits sur des critères objectifs de mérite, mais sur des critères subjectifs et d’affinité à tel ou tel autre responsable, et cela n’appelle aucune explication ou remise en cause, en l’absence d’un suivi-évaluation conséquent dans la gouvernance du Pays.

Sous d’autres cieux, les responsables de tels actes devraient répondre de leurs crimes.

C’est donc point étonnant, dans le Pays, de constater la montée inexorable de la médiocrité, et à contrario, la régression de l’excellence, et des valeurs qui jadis nous caractérisaient : le génie, l’excellence, la conscience professionnelle, la probité.

Je plaide pour un ressaisissement, pour une prise de conscience collective, pour la promotion de l’excellence et du mérite dans le choix des personnels, sans tenir compte de leur appartenance politique ni de leur origine, par ce que le Pays a besoin de tous ses meilleurs enfants, les excellents, les méritants, les brillants, et non ceux qui sont acquis à la cause politique.

Le Plan National de Développement (PND 2017-2022) mis en place par le Gouvernement actuel, fait de la promotion du capital humain un axe majeur parmi les trois axes stratégiques retenus dans ce PND. Mais pour quelle mise en œuvre ? Si c’est telle que les choses ont toujours été faites jusque-là, il sera un énième Plan sans résultats probants.

Tous les Pays qui ont récemment émergés ont dû régler premièrement le problème du capital humain, des ressources humaines de qualité, donc de la formation sans complaisance. De ces Pays, on peut citer la Chine, les deux Corées, l’Afrique du Sud, et même le Rwanda s’est inscrit dans ce schéma accordant toute la primauté aux ressources humaines de qualité.

Donc, pour nous, le retour au Pays de nos étudiants partis à Cuba sans parvenir au bout de leur formation, est un échec et une honte pour le Congo.

Dans le Pays, la plupart des secteurs présentent un déficit avéré de compétences ; C’est le résultat de ce que nous aurons semé ces dernières décennies.

Le secteur de l’enseignement qui fut l’un de nos fleurons, est en queue de peloton sur l’échiquier continental.

Quant à celui de la santé, que des grincements de dents de la part des familles congolaises sur les tâtonnements du personnel médical dans nos hôpitaux et centres de santé, sur la qualité des soins administrés, sur la prise en charge et l’accueil par ceux-là même qui auraient pourtant « prêté serment » de soigner sans discrimination ni recherche systématique de leur propre gain… et toutes ces insuffisances sont transposables d’un secteur à l’autre dans le Pays ; pas un seul secteur n’échappe à la gangrène.

De la même façon qu’il faudra lutter contre la corruption dans ce Pays, de même, il faudra lutter contre la complaisance, le favoritisme, le tribalisme, le clanisme, le clientélisme, le népotisme … et promouvoir l’excellence, le mérite, et la concorde nationale.

Nous avons, à l’évidence, encore pas mal de grains à moudre.

                                                                                        Diop MAHOUCKOUS

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