La France apporte son soutien au dictateur Denis Sassou Nguesso en vue de l’élection présidentielle de 2026

Les vieilles habitudes ont la vie dure, et TotalEnergies est là pour secourir.

Face à la crise financière du Congo-Brazzaville, un appui budgétaire de 500 millions de dollars a été accordé sous prétexte d’une exploitation pétrolière incertaine. Cela représente un véritable coup fatal pour le peuple congolais.

Tous les présidents français ont promis, la main sur le cœur, que la Françafrique était révolue sous leur mandat. Pourtant, les faits montrent que rien n’a changé. Il est difficile de renoncer à une source de revenus, et les dirigeants politiques français sont conscients de leur dépendance envers l’Afrique subsaharienne. Après les récents revers en Afrique de l’Ouest, avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la France souhaite renforcer son emprise sur l’Afrique centrale, notamment le Congo-Brazzaville, qui, malgré ses richesses souterraines, voit son peuple s’appauvrir.

Monsieur Denis Sassou Nguesso est le seul dictateur à avoir déclaré, sur une chaîne de télévision française, qu’il était au pouvoir pour protéger les intérêts de la France, au détriment des Congolais. Sa soumission à la France est proportionnelle à son incapacité à offrir un avenir meilleur à son peuple, qui endure depuis trop longtemps une misère indescriptible. Ce degré de dépendance est inégalé par son incapacité à sortir notre pays de la crise.

Après des tensions avec un juge français concernant les « biens mal acquis » (le bâton), monsieur Denis Sassou Nguesso est désormais soutenu par TotalEnergies avec une promesse de 500 millions de dollars (la carotte) pour une éventuelle exploration pétrolière, annoncée le 15 avril 2025 à Oyo par Patrick Pouyané, le PDG de TotalEnergies. Il convient de noter que paradoxalement TotalEnergies se désengage progressivement du secteur pétrolier congolais en cédant certains de ses actifs, tout comme l’ont fait Chevron et Eni.

Au passage TotalEnergies et Chevron Congo ont cédé le projet pétrolier Nkossa, situé en République du Congo à Trident Energy, une société qui possède désormais 85 % dans les permis Nkossa et Nsoko II. Par ailleurs la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) garde ses 15 % restants des parts dans ces permis. Il est à noter que ces participations ont été établies à la suite de l’acquisition par Trident Energy des actifs de Chevron Congo, sous réserve de l’approbation des autorités de régulation.

Monsieur Éric Delattre, DG TEPC de la direction générale de TotalEnergies écrivait à ses collaborateurs et collaboratrices Congolais ceci : « À l’occasion du Town Hall de ce jour, j’ai réaffirmé l’implantation de TotalEnergies au Congo tout en expliquant le contexte dans lequel nos activités se réalisent aujourd’hui : notre Compagnie se transforme (sélectivité accrue des CAPEX mis en œuvre,  investissements dans les nouvelles énergies, réductions des émissions, Sustainable program), nos champs opérés au Congo sont matures et surtout notre périmètre d’opérations se réduit (cession de Nkossa en janvier 2025). Dans ce contexte, il est nécessaire et urgent pour notre filiale de réduire ses coûts de fonctionnement pour assurer la pérennité de nos assets et rester compétitifs afin de conserver notre capacité d’investissement dans les opérations ». Pourquoi ce revirement soudain !

Le géant italien des hydrocarbures Eni avait annoncé le 19 mars 2025 un accord sur la cession de participations dans certains actifs en Côte d’Ivoire et en République du Congo à la société de négoce spécialisée dans les hydrocarbures Vitol pour un montant de 1,65 milliard de dollars.

En tant que citoyens congolais conscients et engagés pour l’avenir de notre pays, nous ne pouvons rester silencieux face à ce qui semble être une nouvelle manœuvre de soutien à la dictature de monsieur Denis Sassou Nguesso, orchestrée avec la complicité de la France et de TotalEnergies. Alors que le pays est financièrement exsangue, avec des fonctionnaires et des militaires en attente de salaires, des retraités maltraités et des étudiants sans bourse, 500 millions de dollars sont annoncés non pas pour revitaliser l’économie réelle ou améliorer le quotidien des Congolais, mais pour une exploitation pétrolière dont les contours restent flous. Cela représente pour nous un habillage financier d’un soutien politique évident, une bouffée d’oxygène en vue de la présidentielle de 2026 pour assurer la réélection de monsieur Denis Sassou Nguesso.

Cet appui financier intervient après l’échec de la visite de Monsieur Denis Sassou Nguesso aux Émirats Arabes Unis pour le Forum annuel de l’investissement, où il n’était accompagné que de sa famille.

Nous nous interrogeons sur la logique de ces 500 millions de dollars pour une opération qui semble dépourvue de fondement économique solide, sans respect du code des hydrocarbures et des investissements au Congo-Brazzaville. À nos yeux, il s’agit d’acheter la paix sociale, de consolider un régime impopulaire et de retarder un changement inévitable voulu par le peuple congolais. Ce financement pourrait également servir à renforcer l’arsenal militaire du régime et à réprimer un peuple déjà éprouvé.

Ces 500 millions de dollars ne seraient-ils pas des rétrocommissions du pétrole qui coule à flot sans contrôle de l’État congolais au terminal pétrolier de Djeno sous administration exclusive des deux principaux gestionnaires que sont TotalEnergies Congo et Eni Congo SA ?

Les Européens, notamment les Français, qui se plaignent de l’ingérence de la Fédération de Russie et des États-Unis dans leurs processus électoraux, ne se gênent pas quand il s’agit du Congo-Brazzaville. Nous sommes devant une indignation sélective que nous habituent les Occidentaux depuis fort longtemps avec les deux poids, deux mesures.

Nous, Congolaises et Congolais, sommes les témoins impuissants de l’exploitation brutale de nos ressources, sans jamais voir les dividendes sociaux, éducatives, sanitaires ou économiques. Ce partenariat incestueux entre le pouvoir de Brazzaville et certains intérêts étrangers est une forme moderne de néocolonisation économique. Pire encore, en 1997, ce soutien a contribué à une guerre civile dévastatrice qui a coûté la vie à 400 000 de nos compatriotes soit un dixième de la population d’antan. Cela constitue un crime contre l’humanité qui est imprescriptible au regard du droit international. Et aujourd’hui, l’histoire menace de se répéter.

Comme dans un couple mafieux la France apporte à travers TotalEnergies sa contribution à la pérennisation de la dictature congolaise après l’avoir aidé à retrouver le pouvoir après un guerre civile du 05 juin 1997. Martin Luther King Jr a dit : « À la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais du silence de nos amis. »

La France portera la responsabilité devant la communauté internationale des massacres que pourraient commettre monsieur Denis Sassou Nguesso pour maintenir son pouvoir en 2026, alors qu’il est largement rejeté par le peuple congolais. Si une nouvelle tragédie survient lors des élections de 2026, la France et TotalEnergies devront en rendre compte devant l’Histoire.

Aucun gouvernement ne peut gouverner contre le bien-être de son peuple, qui est la source de toute légitimité dans une démocratie. Nous avons confiance en notre peuple et en sa capacité à discerner le bien du mal. Comme l’a dit François Mitterrand : « Un dictateur n’a pas de concurrent à sa taille tant que le peuple ne relève pas le défi ». Nous croyons fermement que le moment est venu. Le Congo mérite mieux que la servitude, mieux que des élections simulées, mieux que la misère programmée. Nous avons droit à une nation digne, souveraine, bâtie par et pour ses enfants.

Le peuple congolais, conscient de la situation, est prêt à renverser le dictateur Denis Sassou Nguesso, un poids mort qui pèse sur le Congo-Brazzaville depuis 41 ans de pouvoir dictatorial.

La patrie ou la mort, nous vaincrons !

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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