Congo – France : les réels enjeux cachés des reports successifs du voyage de M. Sassou à Paris et de l’affaire Dabira

Annoncé initialement pour la fin du mois de février, puis pour les 26 et 28 mars, le voyage en France de M. Sassou a été reporté au 4 et 5 avril 2025. Le 26 mars, un nouveau report sine die a été publié. Que se passe-t-il entre ces deux pays et quel en est l’onde de choc ? pourquoi la résurgence de l’affaire des disparus de beach ?

M. Sassou a reçu le mardi 18 mars 2025 à sa résidence du plateau, le Sénateur américain, Ronny Jackson soi-disant pour des échanges sur la crise sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), ainsi que sur les perspectives de coopération bilatérale entre Brazzaville et Washington. Trois jours avant, nous avons prévenu que ce Sénateur était un usurpateur. Il a fallu qu’un journal qui nous a plagé en parle pour que les gens se rendent à l’évidence. Comment croire à un envoyé de Donald Trump au Congo alors que le même jour, une rencontre se tenait à Doha (Qatar) entre Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda, accusé de soutenir les rebelles du M23 et l’alliance du Fleuve Congo.

La rencontre surprise de Doha a poussé l’Angolais João Lourenço  à lever le pied sur la médiation dans le conflit RDC-Rwanda, même si Tshisekedi s’est rendu à Luanda le 26 mars 2025.

Ces différentes séquences démontrent la reprise en main de la sous-région Afrique-centrale par les USA de Donald Trump. Devant ce bulldozer, les attitudes trop engagées de M. Sassou risquent de lui porter préjudice. Il est de notoriété publique que la mise en place du corridor de Lobito place le centre de gravité économique de la sous-région vers le duo RDC-Angola, avec, à la clé pour cette dernière, le rôle de gendarme sous-régional assumé. Les chances de M. Sassou, pour une initiative rêvée de prendre le leadership d’une conciliation est nulle.

Quand les intérêts français, congolais et américains divergent dangereusement

La convergence temporelle des différentes initiatives diplomatiques, impliquant à la fois Washington, Doha, Luanda et désormais un panel conjoint des chefs d’États, illustre la complexité de la situation à l’Est de la RDC. Le dialogue direct entre Tshisekedi et Kagame sous l’égide discrète du Qatar reflète une évolution stratégique majeure : une tentative de contourner les impasses rencontrées dans les cadres traditionnels. Cette nouvelle dynamique intervient à un moment où la région connaît une reconfiguration diplomatique significative, exacerbée par les difficultés rencontrées par la SADC-EAC. Le retrait de Luanda marque une inflexion notable, soulignant la fragilité et les limites des médiations régionales face aux réalités politiques et sécuritaires sur le terrain. Dans ce contexte, jouer la carte française à travers M. Sassou devient pour la France un viatique sans réelles perspectives et dans lequel M. Sassou et le Congo deviennent des outils superflus.

En effet, à court terme, la multiplication des médiateurs et des initiatives parallèles pourrait compliquer davantage les négociations en fragmentant les efforts diplomatiques. Toutefois, le récent consensus autour d’une feuille de route commune entre les processus de Luanda et de Nairobi, appuyé par les anciens chefs d’États de la SADC et l’EAC, offre une opportunité cruciale d’harmoniser et de renforcer la réponse régionale à la crise, sous le parapluie des USA. Exit donc la France, la Belgique et toutes les autres puissances d’intérêts moyens. Le rôle émergent du Qatar pourrait s’intensifier, apportant une nouvelle dimension internationale au processus de médiation. Cela pourrait inciter d’autres acteurs internationaux, comme les États-Unis, à renforcer leur engagement politique et sécuritaire dans la région, augmentant ainsi les chances d’une solution diplomatique durable.

Pour le Congo, cette situation représente à la fois une opportunité diplomatique et un défi majeur, exigeant de sa part une diplomatie proactive et nuancée pour préserver sa position stratégique dans la médiation régionale, tout en tentant de renforcer ses partenariats, notamment avec les États-Unis. Pourvu que  Anatole Collinet Makosso, le colonel – major Landry Simplice Olita et, les généraux Jean Dominique Okemba et Florent Tsiba ne laissent pas Joly la rwandaise conduire les destinées de l’institution présidence de la république qu’elle humilié au quotidien.

Des reports du voyage

Certes, la question a été effleurée, mais il sied de citer d’autres facteurs : bruits de bottes, multiplication des grèves comme ce fut le cas en 1989, tension de trésorerie, contrat d’affermage entre le gouvernement et la SENELEC qui suscite de brouhaha jamais vu dans d’autres contrats au point où Denis Sassou Nguesso demande de revoir toutes les concessions, convocation d’Antoinette Tchibota par le juge français Serge Tournaire dans le cadre de l’affaire des biens mal acquis et perquisition de sa résidence en litige. Avant cet incident, nous avons alerté sur les relations crispées entre le Congo et la France : le refus des visas d’entrée en France au conseiller le plus proche du premier ministre ACM et de l’aide de camp de madame Sassou. Sur la liste des refus : il convient d’ajouter un dignitaire de Brazzaville (qui est pourtant répertorié comme les deux autres dans les fichiers français car ils effectuent plusieurs allers retours annuellement entre Brazzaville et Paris) ; ajoutons aussi des dizaines d’étudiants qui n’ont pas pu quitter le Congo récemment, faute de visas…

Dans le ciel nuageux plane également, l’ombre de la libération d’André Okombi Salissa et Jean-Marie Michel Mokoko réclamée plus d’une fois par certains officiels français, Belges et un Sénateur américain, la sécurité renforcée de Ghys Fortune BEMBA DOMBE et de Norbert Dabira en France. Cette dernière raison a fait émerger la spéculation et la réalisation de fausses fiches. Or, Dabira ne s’est plus jamais présenté devant un juge et encore moins pour le dossier « affaire des disparus du beach» c.f dossier n° du parquet 1209672605. De même, le procès de Ghys Fortune a été renvoyé pour complément d’informations, changement de conseils et recomposition du tribunal. Pour ne pas brouiller les pistes et gripper la machine franco-congolaise déjà rouillée, toutes les parties au procès ont convenu de ne pas médiatiser l’affaire jusqu’au 18 juin. Les situations que le Congo traverse sont dues à des années de légèreté et d’immaturité dans la gestion des affaires économiques, de la prospective géo-transversale et géopolitique bref, de l’État. De nombreuses affaires finissent par causer grands torts au couple Sassou. Le courrier envoyé par M. Sassou lui-même le 24 novembre 2024 n’aura influencé personne, traduisant une escalade avec montées aux extrêmes que M. Sassou ne peut se permettre actuellement contre la France. Bref personne ne dira que c’est pour l’affaire Antoinette Tchibota ou encore des problèmes familiaux (décès) que M. Sassou a  reporté son voyage.Les initiés savent que M. Sassou s’en fiche des cadavres qu’il fait souvent attendre. Même en mars 2009, il n’avait pas annulé ses rdv dont celui avec Nicolas Sarkozy le 25 mars 2009 soit 11 jours après la mort d’Édith Lucie Bongo.

Haut les cœurs aux hommes de bonne volonté.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

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