Requiem pour la culture congolaise

A l’heure d’écraser une larme pour les funérailles du vieux Ganga Edo des Bantous de la capitale, serait-ce aussi le moment de se poser la question : Qu’est devenue la culture dans notre pays ? Qui peut aujourd’hui contester le vide abyssal du désert culturel qui nous interpelle ?

Depuis un matin de juin 1997, notre pays semble contrôlé par des potentats qui ont vendu aux enchères et sans scrupule tous les biens de la maison Congo. La peinture, le livre et la musique n’ont pas échappé à ce sordide karma. Tout ce que touche cette entreprise de démolition qui nous tient lieu de gouvernement, fond comme neige au soleil.

Le premier ministre est venu par goût du lucre perdre ce qui lui restait d’honneur. Dans les  décombres de la maison Congo, il faut fouiller au laser ce qui est à mettre à son crédit. Par générosité, nous ne l’accablerons pas plus, l’exercice est aisé tant il prête le flanc.

La seule culture valorisée dans notre pays est le tribalisme. La primature est devenue « Grand bois » pour ceux qui connaissent Sibiti. Filles, fils, neveux et extensions, fourmillent dans ce lieu d’affirmation ethnique. On y parle « Yaka » dans les couloirs, comme on parle « Mbochi » dans les couloirs de la présidence de la république.

Tout ça sur un air « d’embrassons-nous folle ville ».

Dans la déclaration universelle sur la diversité culturelle adoptée par l’Organisation des Nations unies pour la science, l’éducation et la culture (Unesco) en 2001, il est clairement stipulé dans son article premier, qu’en tant que source d’échanges, d’innovation et de créativité, «la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant.»

Malheureusement, les males dominants qui dirigent le Congo se fichent de l’attractivité de notre pays et ne sont guère impressionnés par le risque d’extinction totale de notre culture. Seule compte, la culture des coins lugubres où déhanchés torrides et endiablés des créatures aux formes généreuses rivalisent avec les cerveaux déraillés. Ne dit-on pas que : « le cerveau vide est la boutique du diable » ?

Comme un corps humain qui bouge encore un an après la mort, le cadavre Congo bouge encore !

Que Dieu bénisse le Congo.

                                                                                Laurent DZABA

                                                                                Président du Mouvement Panafricain et Citoyen

Laisser un commentaire