Le ministre congolais des Télécoms Léon Juste Ibombo au centre d’une polémique suite à la coupure Internet du 16 janvier

 

Suite à la rupture du câble sous-marin Wacs (West Africa Cable System) le 16 janvier, le réseau en fibre optique Central african backbone (CAB), qui relie le Congo Brazzaville au Gabon, aurait dû prendre le relais pour assurer la connectivité du pays. Enquête de Jeune Afrique Afrique+ sur les dysfonctionnements qui ont privé le Congo d’Internet pendant une demi-journée. 

Dans un note confidentielle adressée au ministre des Grands travaux, Jean-Jacques Bouya, que Jeune Afrique Business+ a pu consulter, le coordinateur du projet CAB Yvon Didier Miehakanda, explique que si ce tronçon de 500 kilomètres de fibre optique n’était pas opérationnel c’est parce qu’il n’a jamais été mis en exploitation ni même entretenu par le ministère des Postes, Télécommunications et de l’Economie numérique (MPTEN).

Construit dans les règles de l’art avec des équipements fournis par le chinois Huawei entre mai 2015 et décembre 2017 pour un coût d’environ 13 milliards de F CFA (19.8 millions d’euros) financé par un prêt de la Banque mondiale, le réseau avait pourtant été transféré en 2018 du CAB au MPTEN. Mais dans son exposé, Yvon Didier Miehakanda relève un certain nombre de dysfonctionnements expliquant le fiasco.

Si le ministère avait par exemple bien conclu un accord de gré à gré avec la société Skytic Telecom, fondée en 2014 par Jean-Serge Ngouma pour assurer l’exploitation et la maintenance de l’infrastructure, aucune clause du contrat ne protégeait les intérêts de l’Etat et n’imposait des obligations au délégataire. Ce dernier ayant constaté que la fibre optique demandait d’importants travaux de remise en état avant de pouvoir être commercialisée avait demandé qu’un montant de 180 millions F CFA lui soit versé. La somme n’ayant pas été débloquée, sa société n’a jamais assuré l’exploitation, la maintenance ou la surveillance du réseau. L’entretien nécessite des interventions permanentes pour un coût estimé entre 65 et 130 millions F CFA par an.

Au troisième trimestre 2019, le MPTEN a finalement résilié le contrat avec Skytic et un nouvel accord a été signé avec la société MAMBS Services créée par Sybel Mambeke, qui gère déjà la maintenance des réseaux mobiles et de fibre optique de MTN et Airtel dans le pays. Ce nouveau délégataire a obtenu six mois à compter de novembre pour rendre le réseau opérationnel en investissant 500 millions F CFA. Charge à lui de le commercialiser pour se rémunérer.

La missive de Yvon Didier Miehakanda, très dure à l’endroit du ministre des télécoms, Léon Just Ibombo intervient dans un contexte de fortes tensions entre les deux hommes. En effet, le ministre – qui n’était pas disponible pour répondre à nos questions au moment de la publication de cet article – a informé par un courrier daté du 6 décembre la BAD via son Directeur pour l’Afrique centrale de son souhait de mettre un terme fin décembre au contrat du coordonnateur. Il reproche notamment à ce dernier ne de pas avoir informé correctement ses services de la situation, ce que l’intéressé dément. Dans sa réponse, l’institution, qui finance actuellement le projet CAB (extension du réseau vers le Cameroun et la RCA), désavoue en termes diplomatiques le ministre demandant à obtenir les évaluations du coordinateur depuis la signature de son contrat avant de prendre une décision.

3 thoughts on “Le ministre congolais des Télécoms Léon Juste Ibombo au centre d’une polémique suite à la coupure Internet du 16 janvier

Répondre à Samuel Noko Annuler la réponse.