Biens mal acquis : de la Syrie au Congo, petit tour du propriétaire

Outre Rifaat al-Assad et Teodorin Obiang Jr, Goulnara Karimova, fille de l’ex-président de l’Ouzbékistan, et les familles Bongo au Gabon et Sassou-Nguesso au Congo sont suspectés d’avoir des «biens mal acquis».

A l’heure où s’ouvrent deux procès liés aux «bien mal acquis» en France, tour d’horizon des magnats étrangers suspectés de spoliation.

Rifaat al-Assad

Sa fortune offshore frise le milliard d’euros, essentiellement en Espagne (600 millions) et en France (100 millions), et principalement dans la pierre. Un «patrimoine immobilier particulièrement important», pointe le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke dans son ordonnance de renvoi en correctionnelle pour blanchiment, «mis à l’abri via des sociétés immatriculées dans des paradis fiscaux» : Curaçao, Panamá, Gibraltar, Liechtenstein et Luxembourg.

Dans l’Hexagone, il y a essentiellement son manoir de 600 m2 situé à Bessancourt (Val-d’Oise). En exil depuis vingt ans, tonton Al-Assad a une famille nombreuse à entretenir (4 épouses, 16 enfants) et une armada de petites mains : «Il y avait des militaires, des conseillers, des gardes, des jardiniers», a témoigné l’une d’entre elle. Rifaat al-Assad plaide la générosité du prince puis roi saoudien Abdallah ben Abdelaziz, finançant son exil dans l’espoir d’un hypothétique retour au pouvoir. Mais cette bienveillance culmine à 75 millions d’euros, insuffisant pour expliquer le reste. Ses rivaux syriens, eux, dressent l’inventaire suivant : «Exportation clandestine de biens culturels syriens», «commerce de tous les produits interdits en Syrie»…

Lors de son ultime audition devant le juge, Al-Assad aura eu ce cri du cœur : «Si je pouvais donner tous mes biens à l’Etat français, je le ferai. Prenez tout, qu’on en finisse.» Noble déclaration contredite par une écoute téléphonique avec un gestionnaire de fortune : «On vend tout et on achète à Londres. En France, faut plus rien avoir.» Son procès débute ce lundi.

Teodorin Obiang Jr

Sa fortune totale est évaluée à 300 millions d’euros, dont la moitié en France. Le fils de l’un des plus anciens potentats africains, au pouvoir depuis trente ans, a des goûts de luxe : un yacht intégrant un aquarium à requins, une collection de 16 voitures fastueuses – dont une Maserati à 700 000 euros. Et surtout cet invraisemblable penthouse avenue Foch, à Paris : 101 pièces réparties sur 4 000 m², incluant une salle de ciné, une discothèque et un hammam. Les policiers parisiens ne mettront pas moins d’une semaine à perquisitionner le tout.

Les revenus déclarés d’Obiang Jr, 100 000 dollars par an comme ministre de la Défense sont loin de permettre une telle débauche de luxe. «Nul doute qu’il s’agit de détournement de fonds publics, relevant parfois de la corruption», observe le jugement de première instance le condamnant à trois ans de prison avec sursis. Les enquêteurs français ont ainsi mis la main sur un chèque de 56 millions d’euros du trésor public local, encaissé sur son compte bancaire personnel. «Ce procès est une mascarade, un complot colonial de la France», peste l’intéressé depuis Malabo. Niveau mascarade, il en connaît un rayon, pour avoir apposé en cours de procédure pénale une plaque «Ambassade de la Guinée-Equatoriale» sur son extravagant pied-à-terre, puis traîné la France devant la Cour internationale de justice pour violation de l’immunité diplomatique. Entraînant, de facto, le report de la confiscation du bien. Le procès en appel débute ce mardi.

Goulnara Karimova

Encore une fortune évaluée à 1 milliard d’euros. La fille aînée de l’autocrate ouzbek Islam Karimov, mort en 2016, se présente comme une femme d’affaires, présidente du Medef local, investissant dans des secteurs aussi variés que le coton ou les stations thermales. Avec une prédilection pour les télécom qui la perdra : après avoir repéré un colossal retrait en liquide en Suisse, la justice helvète remontera la piste d’un pot-de-vin de 300 millions de dollars versés par un opérateur suédois pour l’attribution d’une licence de téléphonie mobile. En partenariat avec la justice française, les gels des avoirs fusent : 750 millions de francs suisses (685 millions d’euros) outre-Léman, 60 millions d’euros de ce côté-ci.

Il y a cette merveille immobilière parisienne, classée art déco, au sommet des «immeubles Walter» : un triplex de 700 m² agrémenté de 200 m² de jardins suspendus dans le XVIe. Karimova l’avait acheté en 2009 pour 30 millions d’euros à l’animateur Arthur. Confisquée par le PNF, sa mise aux enchères, en 2017, n’en a rapporté que 17. Il y a aussi le château de Groussay, dans les Yvelines. Faute d’avoir pu le vendre, l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc) le loue aux producteurs de l’émission Top Chef. Il reste une villa tropézienne, occupée par des squatteurs.

Famille Bongo et Sassou Nguesso

Premières visées par la plainte initiale déposée en 2007 par l’ONG Transparency, les enquêtes les visant paraissent traîner. Parce qu’avec le Gabon et le Congo-Brazzaville (à la différence de la Guinée-Equatoriale) on est au cœur de la Francafrique ? Les policiers de l’Office central de répression de la grande délinquance financière avaient pourtant rondement mené leur enquête en relevant classiquement les comptes bancaires, les voitures de luxe, les biens immobiliers «dans des quartiers à forte valeur marchande».

Feu Omar Bongo disposait de pas moins de onze adresses parisiennes. Son fils et successeur, Ali, se contente modestement de trois bolides (Ferrari, Mercedes et Porsche) d’une valeur de 335 000 euros. Dans la famille Sassou, Denis, le patriarche au pouvoir depuis 1979, ne possédait rien en France. Tout juste a-t-on déniché une facture de 1,2 million d’euros de costumes sur mesure, réglée depuis la Suisse. Mais son fils Christel, dirigeant de Société nationale des pétroles du Congo, outre ses sept bolides, aura claqué 8 millions dans la seule rénovation d’un hôtel particulier acheté en 2005. Wilfrid, son neveu, le dépasse d’une courte tête avec ses neuf voitures de luxe. Au total, les enquêteurs estiment à 60 millions d’euros les dépenses en France de la famille Sassou, en bijoux, montres ou appartements.

Renaud Lecadre

1 thought on “Biens mal acquis : de la Syrie au Congo, petit tour du propriétaire

  1. ou sont les palais de mobutu a nice?

    Mais son fils Christel, dirigeant de Société nationale des pétroles du Congo, outre ses sept bolides, aura « claqué » 8 millions dans la seule rénovation d’un hôtel particulier acheté en 2005. Wilfrid, son neveu, le dépasse d’une « courte tête » avec ses neuf voitures de luxe. Au total, les enquêteurs estiment à 60 millions d’euros les dépenses en France de la famille Sassou, en bijoux, montres ou appartements.

    ENTRE NOUS qui parle et qui sadresse a qui? RENAUD LECADRE MON OEIL

    CE NEST PAS AINSI QUE LON SADRESSE AU CONGO BRAZZAVILLE NOUS NE SOMMES PAS DES AMIS DES BANLIEUSARDS LARGOT CE NEST PAS ICI

    DANS LA FAMILLE SASSOU NG IL YA DESORMAIS OMAR DENIS BONGO ODIMBA'(FILS DEDITH ET DOMAR) ¨PEUT ETRE FUTUR PRESIDENT DU CONGO BRAZZAVILLE EN ATTENDANT NOUREDDINE VALENTIN BONGO ODIMBA DEJA DIRECTEUR DE CABINET DALI BONGO ODIMBA QU IL VIENNE A PRETER SERMENT

    Denis, le patriarche au pouvoir depuis 1979, ne possédait rien en France. Tout juste a-t-on déniché une facture de 1,2 million d’euros de costumes sur mesure, réglée depuis la Suisse

    DENIS SI VOUS FAITES ALLUSION A DENIS SASSOU NG DEJA IL NEST PAS VOTRE AMI ALORS DENIS SASSOU NG SAPPROVISIONNE EN COSTUMES AUPRES DE LHABILLEUR FRANCO CONGOLAIS CONNIVENCES HABILLEUR OFFICIEL DE LETAT CONGOLAIS.IL N Y A AUCUN MAL A CELA.TOUS LES MINISTRES SHABILLENT AUPRES DE CONNIVENCES.CEST ENTRE NOUS CONGOLAIS DE BRAZZAVILLE EVIDEMMENT

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