L’incongruité du temps de travail des administrations

La question a été soulevée dans un post sur facebook par Paul Marie Mpouele. Le problème posé est important et invite à une réflexion prospective à intégrer dans le cahier de charge du changement après le régime défaillant du PCT et assimilés. Il s’agira de réhabiliter la valeur travail pour de meilleurs rendements.

Quelques observations:

1 – Aujourd’hui, la question du temps de travail se pose a) non seulement en terme de productivité, les congolais se rappellent du slogan inappliqué  » sept heures de travail et non sept heures au travail  » du temps de Marien Ngouabi et de Yhombi, mais surtout b) en terme d’utilité et d’adéquation au fonctionnement d’un monde de plus en plus globalisé, on parle de village planétaire.

2 – Les congolais doivent savoir que partout dans le monde, le temps de travail s’étale sur la journée : début 8h-8h30 et fin entre 16h30 et 17h avec une pause déjeuner entre 12h30 et 13h30.

Si l’on prend en compte les décalages horaires, on réalise vite que le Congo qui concentre le temps de travail de 7h à 14h, s’exclut des relations internationales. Par rapport à  de nombreux pays importants, il est clair que le Congo s’arrête de travailler quand d’autres commencent leur journée.

3 – En plus, rarement les heures sont respectées. En réalité au lieu de 7h, les gens arrivent à 8h et au lieu de 14h  les administrations se vident progressivement à partir de 12h30. Soit en réalité à peine 4 à 5 heures au travail pour en fait 3h de travail. Les ministres, DG et directeurs centraux sont les premiers coupables de cette mauvaise pratique, sous prétexte de réunions, de commissions…etc.

4 – Il est fondé de relever que l’absentéisme dans notre pays qui bat tous les records en Afrique est aussi lié aux conditions de vie des gens. Quand un pays laisse ses travailleurs affamés parce que sans salaires des mois durant, ceux-ci sont obligés de trouver des activités d’auto subsistance (petits commerce, prestations de services dans le privé, cas très remarquable des agents de santé et de l’éducation nationale).

5 – Pour revenir au caractère incongru du temps de travail actuel, prenons par exemple le cas des hommes d’affaires étrangers. Ils sont souvent pressés et ont un temps de séjour très court dans un pays (moins de 24 h). Donc, celui qui arrive au Congo à 9h doit tout faire pour visiter les administrations avant 14h. Imaginez le désarroi de ces investisseurs qui doivent attendre le lendemain pour boucler leur mission. S’imposent à eux des frais supplémentaires de séjour (hôtel, restauration….). Sur cette base, le Congo s’avère une destination coûteuse.

6 – De même, la concentration en 7 heures continues du temps de travail est contraire au développement des activités économiques de la branche des services. Un peu partout en Afrique, les journées continues ont permis l’émergence de la restauration collective car les travailleurs se restaurent à midi dans les restaurants de proximité ( restaurants d’entreprises, ngandas, sandwicherie…etc.). Autant de branches d’activités mal exploitées.

Il y aurait  à dire et à redire sur cette incongruité congolaise, mal inspirée par les syndicalistes du PCT au début des années 80 et qui ont ainsi escamoté le rapport au travail des fonctionnaires pour des raisons idéologiques farfelues (donner la possibilité aux fonctionnaires de s’adonner les après-midi aux activités agricoles).

Rappelons que dans les années 60 et 70, les congolais travaillaient le matin et l’après-midi. Ce n’est pas un hasard que cette période se soit avérée la plus florissante, tout au moins dans la première décennie après l’indépendance.

Mais,  je m’arrête là pour ne pas épuiser les arguments sur la question posée.

Alexis Miayoukou

 

1 thought on “L’incongruité du temps de travail des administrations

  1. Il n’est pas facile de travailler sereinement quand les températures avoisinent 35°C à l’ombre. la journée continue se justifiait aussi pour garantir l’efficacité aux heures les plus fraiches de la journée. Evidemment comme toujours au congo la mesure a été dévoyée. On travaille 4 à 5h/jour au lieu de 7h.les raisons sont nombreuses, conditions de travail déplorables, salaires insuffisants et impayés, impunité etc…

    C’est aussi une incongruité de voir que dans de nombreuses régions du monde, le travail se fait pendant les périodes de températures basses (printemps, automne, hiver, ) chez nous c’est aux périodes les plus chaudes de l’année que nous sommes au travail et en vacance pendant l’hivernage (mai à septembre).
    A mon avis, au congo on devait être à l’école entre mai et décembre. Les températures sont supportables à cette période donc les esprits mieux disposés à l’apprentissage.

    Il y a peut-être une volonté d’harmoniser les périodes de travail avec le reste du monde pour diverses raisons (pour les élèves et étudiant par exemple). Dans ce cas, il est nécessaire de mettre en place les mesures d’accompagnement qu’exige le travail en milieu difficile ou hostile pour garantir l’efficacité. je pense par exemple à installation de la climatisation dans les administrations et les salles de classe.

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