Congo-Gouvernance : un temps de haute mafia électrique annonciateur d’un soir crépusculaire à la Primature et…?

L’inconvénient majeur des pierres intaillables est qu’elles finissent par se briser en morceaux sous la puissance des coups d’un maillet. Ainsi en va-t-il du secteur de l’électricité et d’Anatole Collinet Makosso qui s’enfoncent tous deux dans leurs jours les plus sombres. Anatomie d’une faillite totale et systémique, De Profundis.

Lorsque Anatole Collinet Makosso (ACM) accède à la primature le 14 mai 2021, un murmure de surprise et de circonspection s’empare du Congo avant de laisser place à un timide vent de liesse. De Pointe Noire à Brazzaville, les universitaires, les chrétiens et les jeunes notamment de son quartier à Moukondo vont vite déchanter. Pas d’éclairage de cette avenue de Ngamaba pourtant stratégique, pas de curage de caniveaux, pas de réfection des nids de poules… rien ne laisse transparaitre qu’il dispose désormais plus de six cents millions mensuels de frais de souveraineté à sa volonté. Pire, il va s’enfuir de ce quartier et s’établir dans la somptueuse résidence d’Alexis Vincent Gomez au plateau centre-ville, impayée jusqu’à ce jour.

ACM est trahi par ses passions dévorantes incontrôlées emprisonné autrefois mais que l’argent et le pouvoir viennent de déverrouiller. Son retournement d’alliance en faveur de Jean-Jacques Bouya en 2022 aura scellé son statut de futur de vassal dans la conquête du pouvoir au prix de la trahison de son propre père spirituel Sassou-Nguesso qui lui a pourtant confié après moults tergiversations la supervision de la délégation générale des grands travaux. Tout comme le défénestrage successif des deux derniers ministres des finances, la validation récente d’un recrutement ubuesque de pseudos-enseignants à l’UMNG ou encore le démantèlement d’un actif stratégique comme E2C dans l’électricité confirment le dicton qui dit : les eaux douces sont les plus dangereuses ! Pour aider nos lecteurs à comprendre, récapitulons depuis le début :

1) Le projet fou d’éclater la Société Nationale d’électricité (SNE) a été enclenché par le duo d’enfer Jean Jacques Bouya (JJB) et Gilbert Ondongo (GO) le 14 juillet 2018. L’idée de ces deux compères était de se constituer un trésor de guerre financier en vue de la bataille pour l’accession à la magistrature suprême du premier contre le fils Denis Christel Sassou, JDO, le très discret Richard Mondjo qui avait trahi son bienfaiteur Marcel Tsourou. Il en sera de même pour la Société Nationale de Distribution d’Eau (SNDE). L’idée de diviser les 2 sociétés nouvellement créée E2C et LCDE en 3 morceaux chacune est cachée mais activée en manipulant le benêt professeur de lycée en philosophie Honoré Sayi nommé Ministre de l’Energie et de l’Hydraulique et qui signe candidement ce salmigondis de partenariat-public-privé via des statuts hors-la-loi ;

2) En éclatant le patrimoine de E2C entre une société de production, une société de transport d’énergie et une de distribution, il a été écrit que les deux premières resteraient à la charge de l’État tandis que la dernière serait privatisée. En clair, les investissements colossaux de l’État en barrages, lignes THT et autres seraient payés et réparés par le budget de l’État, tandis que la société de distribution rémunérait exclusivement et tranquillement les nouveaux propriétaires privés ; Un tel schéma condamne l’ensemble du pays à l’arrêt car qui paiera les réparations et les investissements si l’argent s’en va dans des mains privées hors du Congo ?

3) Une myriade de sociétés écrans sont ainsi créés et détenues en réalité par JJB et GO pour financer le projet avec les fonds de l’état volés et placés à l’extérieur du Congo (Chine, Macau particulièrement) et des hommes liges du Sénégal (via Macky Sall) et du Congo (Paul Obambi). Mais tout s’écroule car Emile Ouosso est nommé à la place de Honoré Sayi en 2021.

4) Émile Ouosso, en prenant le ministère de l’énergie et de l’hydraulique fait le réel diagnostic dès la première année. Certainement sous pression, il choisit ne pas dénoncer des contrats de PPP léonins dont celui du dépècement d’E2C par les duo JJB-GO, Obambi-Itoua et Cie via leurs sociétés chinoises et celles de droit congolais (ENERGAZ) et autres qui ne veulent s’occuper que de la vente de l’électricité alors qu’ils n’ont jamais rien investi. La faute est que les administrations, les agents sous tutelle et lui-même Ouosso ne communiquent pas clairement ou à défaut le font maladroitement. La preuve, les justifications sur les délestages intempestifs sont des successions d’âneries : niveau d’eau trop faible sur la Léfini ; Vétusté du réseau ; Pluies torrentielles ; Révision des turbines ; Chute des pylônes, etc., alors que ce sont des aléas normaux de gestion !

Et tout récemment, devant le parlement, Emile Ouosso a déclaré que l’État avait reçu un financement de 100 millions de dollars de la Banque mondiale pour remédier à la situation énergétique désastreuse. Alors que les liquidités n’étaient pas encore disponibles et que JJB et GO s’apprêtaient à rapatrier les fonds pour racheter le bien des Congolais durement acquis !

Les non-dits sur E2C-SNEL-SENELEC

E2C génère un énorme cash, de l’ordre de 6 à 9 milliards par mois. Mais cette société est gérée d’une manière archaïque et mafieuse par des vautours qui se partagent la moitié des recettes et prennent les congolais pour des imbéciles. En dehors des bras cassés qu’elle compte, il y a des problèmes d’infrastructures qui ont été mal bâties malgré les milliards de FCFA que le trésor public a sorti et la dette contractée auprès des Chinois pour réaliser bon nombre des travaux. L’accord avec la société sénégalaise (SENELEC) attributaire du contrat concessionnel de distribution avait été réglé par les présidents Macky Sall et Sassou. Le fait que Habib Sy, a été porté à la tête du conseil d’administration de cette société, en remplacement de Serigne Mbaye Dia, protégé de Macky Sall a créé des problèmes de ressources sérieuses.

Ne disposant pas de cash, SENELEC se tourne vers  » la blancherie BSCA Congo  » pour obtenir 40 milliards de FCFA pour racheter notre propre société E2C ! Incroyable mais tristement vrai ! Une société sérieuse ne peut pas venir chez vous prendre le Beurre, l’argent du Beurre et la Fermière en plus ! Il faudrait plutôt tourner les regards vers ceux qui sont chargés de la gestion de la dette et des montages financiers au niveau du cercle présidentiel, dont un certain Rodrigue et Cie (nous y reviendrons). Pourtant aujourd’hui ACM a signé ce plan consacrant le bradage criminel des biens de l’État selon l’article 193 de la constitution.

Exhiber les factures impayées de E2C des dignitaires dans les réseaux sociaux, est une bonne chose. Sauf celles   des résidences principales d’Émile Ouosso et des agents de la SNE protégé par les textes :  » tout agent de la SNE et les anciens directeurs généraux jouissent de la gratuité du courant « . Cela peut paraître aussi comme une distraction pour masquer la gravité de la situation et empêcher le peuple de savoir qu’il n’aura plus jamais accès à l’électricité comme avant ! Les chefs de syndicats sont devenus muets.

Enfin, pour punir les Brazzavillois de leur soutien à Paul Kagamé, la SNEL de la RDC réduit constamment la fourniture en électricité au Congo, prétextant que Brazzaville ne respecte pas les échéances de paiement de sa dette. Ce, nonobstant les milliards de recettes encaissées par E2C.

Du fond de sa tombe, le Congo nous appelle pas seulement à prier comme recommandé dans 1Tim : 2 : 1-4 et 2 Chronique 7 : 14-16 mais aussi, à un sursaut d’honneur et de vérité !

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

Laisser un commentaire