L’université Marien Ngouabi, la dérive tribaliste mbochi au Congo-Brazzaville

Après la récente nomination d’un nouveau ministre mbochi des Finances, du Budget et du Portefeuille public, oups, l’université Marien Ngouabi censé être le haut lieu de la transmission du savoir et de la formation de nos futures élites, a vu la passation de service entre deux Professeurs mbochis à la Présidence de cette institution publique qui a pour devise Travail, Progrès, Humanité ; et nous rajouterons Tribalisme, Régionalisme et Affairisme dans la pratique.

Un mbochi en chasse un autre. Ainsi, monsieur le professeur Parisse Akouango a succédé à monsieur le professeur Gontran Ondzotto. Au premier abord cela ne semble pas anormal car ce sont deux Congolais. Mais à bien y regarder, l’on se rend compte que ce sont seulement nos compatriotes du Nord, avec des noms commençant par des voyelles, qui trustent les postes de responsabilité au Congo-Brazzaville. C’est le tribalisme effréné de monsieur Denis Sassou Nguesso dans toute sa splendeur qui ne se gêne même plus, et qui gère notre pays comme les habitants de sa bourgade d’Oyo.

À l’université Denis Sassou Nguesso, le président n’est autre qu’un autre ressortissant mbochi en la personne de monsieur le professeur Ange Antoine Abena. Les noms à voyelle ont la côte au Congo-Brazzaville. À ces âmes mbochis bien nés la valeur et la compétence ne sont pas nécessaires pour accéder à des postes de responsabilité ; seule la proximité géographique avec les décideurs compte.

Notre système éducatif est délabré et à l’agonie à cause de ces manigances. Un constat s’impose. Avant l’accession de monsieur Denis Sassou Nguesso à la magistrature suprême, le taux d’alphabétisation au Congo-Brazzaville était quasiment de 100 % avec un enseignement de qualité. Mais à l’avènement de ce dernier au pouvoir, comme il l’avait si bien dit sur la chaine de télévision Africa 24, il a détruit l’enseignement public afin de rendre des générations entières ignares et à sa solde.

Jadis, il fut un temps où l’université Marien Ngouabi était la fierté des Congolais, recevant d’autres africains qui venaient s’y instruire. Dorénavant, devenu un foutoir, les Congolaises et les Congolais s’exilent pour acquérir un savoir décent.

Le saccage de l’enseignement public fait que l’université Marien Ngouabi ne figure même pas parmi les 200 meilleures universités d’Afrique. Ce temple du savoir est devenu un lieu de débauche, de passe-droit où les notes accordés aux étudiants et aux étudiantes se font contre des faveurs sexuelles. Ce népotisme a précipité le déclin d’un système éducatif jadis exemplaire, désormais submergé par la corruption et un « SIDA* intellectuel » qui minent certains de nos universitaires. C’est la déliquescence, une décadence complète de notre société qui n’a plus rien à proposer à sa jeunesse sacrifiée.

À cette allure si nous ne prenons garde, le mbochi deviendra la langue d’enseignement dans les universités Marien Ngouabi et Denis Sassou Nguesso, deux dirigeants mbochis du PCT (Parti congolais du travail) qui ont brillé par le tribalisme dans l’exercice du pouvoir.

Ces signaux faibles du délabrement de notre société n’augurent rien de bon. Ainsi il nous revient, intellectuelles, intellectuels, universitaires, citoyens engagés, femmes et hommes politiques, et membres de la société civile, de nous insurger contre ces nominations claniques, tribalistes, régionalistes qui mettent à mal nos valeurs d’Unité, de Travail et de Progrès au profit du clientélisme avilissant.

Nous ne cesserons de rappeler à monsieur Denis Sassou Nguesso, le tribaliste en Chef du Congo-Brazzaville, que nous avons ce pays en partage ne lui en déplaise ! En aucun moment, nous n’accepterons les dérives sectaires qui mettent à mal le vivre ensemble auquel nous sommes tant attachés dans la concorde nationale. Comme le rappelle un proverbe africain : « Une pirogue ne reconnaît pas de roi ; si elle chavire, tous sont engloutis. » Ce proverbe souligne que les divisions et l’aveuglement du pouvoir finissent par nuire à l’ensemble de la société, donc de tout un peuple. C’est un avertissement pour ceux qui sont pris par l’hubris du pouvoir.

Monsieur Denis Sassou Nguesso, vous avez changé les armoiries de la République du Congo sans avoir consulté le peuple. Rappelez-vous que c’est vous à la Conférence nationale souveraine qui aviez remis en place le drapeau vert, jaune rouge de notre pays en lieu et place du drapeau rouge des pseudo-marxistes. « L’Histoire ne se répète pas, elle bégaie », a-t-on fait dire à un certain Mark Twain autrement dit « … aucun évènement est unique et solitaire, mais c’est simplement la répétition d’une chose qui s’est passée avant et peut-être souvent. » Autrement dit, on peut s’attendre dans le futur à des choses similaires à ce que l’on a observé dans le passé.

Cette génération spontanée d’universitaires minoritaires mbochis que vous vous employez à promouvoir au détriment d’autres Congolaises et Congolais aussi brillants est une expérimentation hasardeuse, et un mauvais signal envoyé au reste de la population qui souffre déjà de votre politique ségrégationniste digne de l’apartheid pratiqué jadis par Peter Willem Botha en Afrique du Sud. Nous y sommes contre. La quintessence, l’essence même de la fonction de Président de la République c’est d’être un rassembleur au-delà de son propre camp politique une fois les élections gagnées.

Le népotisme à l’université Marien Ngouabi est tel que monsieur le professeur Gontran Ondzotto avant son départ a fait recruter le 13 janvier 2025 au poste d’assistant en ORL (otorhinolaryngologie) dans cette institution son fils sans aucune expérience professionnelle, ceci une semaine après que ce dernier ait obtenu son diplôme de médecine. Le poisson pourrit par la tête, mais force est de constater qu’ici c’est tout le poisson Congo-Brazzaville qui est pourri donc impropre à la consommation.

Des sieurs Daniel Abibi à Jean Rosaire Ibara, en passant par Gontran Ondzotto, maintenant c’est le tour de Parisse Akouango à la Présidence de l’université Marien Ngouabi. Attendent dans les starting-blocks messieurs Itoua, Oko, Obara, Ayessa, etc., pour la Présidence de l’université Marien Ngouabi. Tout ceci est sans fin jusqu’à la fin de la nuit des temps, un savant mélange entre le passé et le présent, mais il s’y joue le sort de l’enseignement supérieur dans notre pays.

Nous en appelons à un sursaut patriotique afin que toutes et tous ensembles, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre, nous puissions êtres des acteurs actifs de la reconstruction dans l’unité de notre beau pays, le Congo-Brazzaville. Cette discrimination patente dans les nominations discrédite les récipiendaires qui ne doivent leurs postes qu’à la proximité clanique, tribale, et régionale avec leur bienfaiteur monsieur Denis Sassou Nguesso, aux antipodes de la méritocratie dans une République.

En politique, le tribalisme est une voie sans issue. À défaut d’une nation congolaise, l’État congolais que nous partageons du fait que nous habitons toutes et tous sur une aire géographique bien délimitée se doit d’être administré en tenant compte des besoins de toutes les citoyennes et de tous les citoyens pour n’en laisser aucun sur le bord de la route.

Le Congo-Brazzaville est dans un gouffre, et il serait temps de revoir certains logiciels de management devenus surannés. L’évaluation est une étape importante dans la gestion des projets afin de corriger ses erreurs.

À monsieur Denis Sassou Nguesso nous disons que « l’erreur est humaine, mais persister dans l’erreur est diabolique et maléfique ». N’ayez pas une vision étroite ni étriquée dans la gestion de notre pays. Si vous êtes submergé par le poids de la tâche, il est plus que temps de rendre votre tablier pour le plus grand bonheur de toutes les Congolaises et de tous les Congolais qui tirent le diable par la queue depuis longtemps et ne savent plus à quel saint se vouer sous votre magistère.

Un sage chinois, il y a de cela plusieurs siècles, conseiller de son empereur, confia à ce dernier ceci : « Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter cher en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre vingt ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs. Il vous sera très facile de les vaincre. »

Nous y sommes, et à la merci des prédateurs dont le Rwanda.

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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