France-Congo : les non-dits sur les amitiés en trompe-l’œil

Fin février, la résidence de madame Antoinette Sassou Nguesso a été perquisitionnée en France. A Brazzaville, cet acte fait grincer les dents. Pendant ce temps, Paris ne bronche pas. Plongée dans les abysses des relations diplomatiques crispées entre l’Elysée et Mpila.

Il y a deux semaines, pendant que nous parlions du report de voyage de M. Sassou, la Républic’ du trio Abulangando (Collinet-Moungalla-Claudia), au lieu de se tasser, a cru utile de nous contredire en parlant de bonne relation entre la France et le Congo. Aujourd’hui cette dernière parle des mauvaises relations. Trouvez l’erreur.

La brouille entre la France et le Congo

Depuis deux mois, les relations entre la France et le Congo sont en dents de scie. On relève quelques différents ou non-dits :

1) Le brouhaha occasionné par la signature de la convention d’affermage entre le gouvernement Makosso III et la SENELEC, couplé au refus d’Antoine Félix Tshisekedi Tsilombo d’écouter Denis Sassou Nguesso, a dissuadé le n°1 congolais de quitter Brazzaville la fin du mois de février. Selon nos sources, M. Sassou redoutait un complot prétendument soutenu par la France et une riposte des voisins de l’autre rive du fleuve Congo ;

2) La France, soutient historique du Rwanda, lève le pied sur ce pays en le condamnant ouvertement d’entretenir une connivence avec le M23 et l’Alliance du Fleuve Congo dans son œuvre de déstabilisation de la RDC et la sous-région. Mais le Congo ne suit pas la mère patrie à cause de Françoise Joly qui coopère avec Ominga pour endetter et hypothéquer le pays (heureusement que le PCT s’impose de temps à autre) ;

3) M. Sassou serait suspecté de jouer à un double jeux ou veut se passer de la France en se tournant ces derniers temps vers l’Italie (Denis Sassou Nguesso a été reçu deux fois en 2024 à Rome pour divers accords), Azerbaïdjan (reçu deux fois en 2024 par le numéro 1 Azerbaïdjannais), le Moyen Orient (deux fois), la Russie (deux rencontres entre Sassou et Poutine en 2024), la Chine;

4) La France coincerait le Congo par les réserves d’échanges;

5) Certains dignitaires de Brazzaville, qui ont le bilan de santé de M. Sassou, ont soufflé à l’oreille des officiels français de conseiller M. Sassou de ne pas rempiler en 2026 et, surtout, de gracier André Okombi Salissa et Jean Marie Michel Mokoko. Ces conseils ont provoqué l’ire de M. Sassou qui prétend jouir d’une bonne santé. Et d’ajouter qu’il ne peut interférer sur les décisions de justice au nom de la séparation des pouvoirs.

Réponse du berger à la bergère

Récemment, l’ambassade de France au Congo a rejeté plusieurs demandes de visas d’entrée en France aux collaborateurs du couple présidentiel et du Premier ministre (le cas du plus proche conseiller du Premier ministre ACM qui, pourtant, se rend constamment en France et jouit d’une situation professionnelle confortable ; et de l’aide de camp de madame Sassou, pour ne citer que ces deux qui font constamment des allers et retours entre Brazzaville et Paris).

Dans la même logique, la France a mis son véto sur le rejet de la candidature de M. Sassou à la médiation dans la crise entre la RDC et le Rwanda, au profit du Président angolais Joâo Lourenço.

En outre, la France ne trouve pas d’excuses à présenter au Congo après la perquisition effectuée au domicile de l’épouse du Président Denis Sassou Nguesso situé sur l’avenue Niel dans le XVIIè de Paris. Ce d’autant que le domicile qui a abrité la première dame congolaise n’est pas une ambassade ou propriété du gouvernement congolais. Cette propriété payée par dame Tchibota Antoinette via une société française de décoration n’est pas couverte par l’immunité diplomatique ; mieux, la première dame n’était pas en mission d’État, mais pour des soins médicaux.

Si les autorités congolaises avaient construit des hôpitaux dotés de plateaux techniques complets et gèrent convenablement leur pays, madame Sassou ne devrait pas être ridiculisée en terre étrangère. Aux gouvernants de plonger dans les jarres du patriotisme et d’y puiser les valeurs de bonne gouvernance, en référence aux modèles Burkinabè, Nigérien et Malien. Autant dire que l’impunité et le tribalisme doivent être combattus au sommet de l’État pour éviter de plomber le pays. Pourquoi, par exemple, la justice et la police s’abstiennent-elles d’interpeller, jusqu’à ce jour, les diplomates et juristes chargés de suivre les dossiers du Congo, au point d’exposer Antoine Sassou N’Guesso à l’humiliation bien qu’elle soit visée par l’enquête sur les biens mal acquis ? Et que dire des responsables de E2C et de ses sous-traitants qui se la coulent douce ? Citons les cas de : Adou Danga, Mweaba Ndinga Oba, Cyriaque Obili (directeur des achats),Roger Grando (DGA), Cyriaque Mossongo (Directeur commercial), Akoli Hydevert Mesmin (DF)…

Le glas vient de sonner, il importe à présent de privilégier les cerveaux gris et non bleus, moins encore la tribu et le clan tels que nous le voyons à E2C et au ministère des affaires étrangères où tous les postes clés sont occupés par les ressortissants de la cuvette.

Il sied de dire haut et fort, qu’au nom de la séparation des pouvoirs que prônent les deux pays, Nicolas Sarkozy a été interpellé, jugé et condamné. Madame Antoinette Tchibota qui est dans le collimateur des BMA depuis 2016, devrait simplement expliquer l’origine des fonds qui lui ont permis d’acquérir ce bien. Certes, les non-dits dans les relations humaines et diplomatiques, sont des silences qui conduisent souvent à des sentiments de distance et d’incompréhensions.

Mais une chose est sûre, M et Mme Sassou ne s’aventurieront plus désormais en France sans ordres de mission. A l’ambassadeur directeur national du protocole , Colonel-major Landry Simplice Olita de prendre les précautions.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

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