Le conseil des ministres de mercredi 26 février 2025 a rendu son verdict : rien au sujet de la fameuse convention de concession à E2C. La veille, la réception du Premier ministre, Anatole Collinet Makosso (ACM) par le Président Sassou s’est avérée délétère crispée et chargée de regrets au regard des dégâts créés par le premier Ministre Décryptage.
La communication gouvernementale est loin d’être un exercice de simple rhétorique. Comme dans tous les sérieux, la forme doit toujours rejoindre le fond. Et lorsqu’il n’y a pas de fond, il n’y a plus de forme… Cela s’est constaté́ dès la diffusion non-professionnelle d’un avis de réunion n°0010/PM-CAB du 25 février 2025 invitant les responsables syndicaux du secteur de l’électricité sans objet clairement exprimé. Les invités à cette « réunion » (Concertation/Négociation/Conciliation aurait été plus approprié) ont été placés tous au même pied d’égalité : ministre d’État, ministres, représentants des syndicats, conseillers des ministres (!?). Conformément aux règles protocolaires élémentaires, des conseillers ne peuvent-ils venir « discuter » avec leurs propres patrons ? Cette simple lecture démontre l’incapacité de certains dirigeants congolais à résoudre des problèmes d’envergure stratégique.
Le scandale E2C braque les projecteurs sur la faible gouvernance du Premier Ministre
En recevant ACM mardi 25 février vers 12h55, M. Sassou avait le visage des jours sombres. Seuls son flegme habituel et sa capacité de résilience l’empêchaient d’exprimer des émotions de colère ouverte. Ses attentes de proposition de stratégie de sortie de crise intégrant la dimension de changement organisationnel n’ont pas été comblées. Au contraire, ACM à qui revenait l’obligation de se saisir de cette opportunité pour reprendre l’initiative est arrivé sans solution. Eu égard à cela, instruction de suspension définitive de l’ensemble des initiatives liées à ce dossier a été délivrée par M.Sassou. Ce dernier a intimé l’ordre d’arrêter ce désordre sans délais.
La suite donnée par ACM a été totalement incongrue et inopportune. En effet, proposer une « réunion » après le conseil des ministres avec des responsables syndicaux était annonciateur d’une pusillanimité au sommet de la pyramide du pouvoir congolais. Pire encore, l’invitation des conseillers de défense et de sécurité démontrait une fébrilité de la primature, doublée d’une tentative grossière d’intimidation des responsables syndicaux forts de leurs droits. Ainsi, un simple problème de réforme économique de l’État s’est vu transformer en pseudo crise politique et de sécurité grave. Malgré des intimidations voilées, au cours de ladite réunion, les syndicalistes ont campé sur leurs positions :
1/ refus de la convention d’affermage en vue de la vente de l’électricité par la SENELEC car, elle ne présente aucune garantie ;
2/ refus de l’augmentation du tarif du kwh et celui du transport et la vente de l’électricité ;
3/ obligation des gestionnaires délégués (investisseurs) de construire des centrales hydro-électriques sur divers cours d’eau ;
4/ paiement des factures par l’État et différentes personnalités. Avant la fin de la réunion, le bouc émissaire Émile Ouosso a été appelé en urgence par M. Sassou à sa résidence.
De son côté, ACM clôturant la séance, a demandé la mise en place d’une commission technique pour scruter les conventions afin de procéder à des avenants si possible.
Les éléments clés d’une feuille de route pour la fin du mandat
A moins d’un an de la mascarade électorale de 2026, il importe que des réponses institutionnelles sérieuses soient apportées dès à présent. Elles s’appuieraient toutes sur la mise en place d’un Haut-commissariat à l’intelligence économique auprès de ACM chargé de la prospective. Une réflexion urgente sur une loi fixant les domaines stratégiques de l’État et relevant d’un patriotisme économique doit être engagée en urgence. Dans 10 ans, la planète entière va manquer d’eau douce et sera face à une crise énergétique gigantesque. Brader les actifs de E2C ou de la LCDE relève d’une stupidité stratégique rare ! L’énergie hydraulique permet de concilier ces deux thématiques apparemment opposées en une seule, en y adjoignant la fusion froide des atomes d’hydrogène, réel futur eldorado économique.
Les réformes de ces actifs stratégiques de l’État que sont E2C ou LCDE sont à la portée d’une gouvernance sérieuse. La vigueur d’un conseil d’administration trié sur le volet et d’un exécutif sélectionné internationalement sont possibles. Nul besoin d’une fuite en avant avec des réformes prescrites par le FMI ou la Banque Mondiale au nom d’un capitalisme sauvage qui a détruit le Congo avec les Plans d’Ajustements Structurels des années 80. Il faut passer au consensus de Washington élargi, en récusant les approches de marché dans les domaines stratégiques de l’État. Comment le Congo aura des ingénieurs en eau, électricité ou énergie sans outil stratégique sous la main ?
Le fait que dans les mêmes temps et heures le ministre de l’Économie, du plan et de l’intégration M. Ludovic Ngatsé et la Banque Africaine de Développement signent deux accords dans le cadre de la mission 300, sous la houlette du ministre d’État, de l’aménagement du territoire et des grands travaux M. Bouya, démontre que l’initiative en matière d’Energie est perdue par la primature au profit de ces derniers.
Des temps de réformes dures et sérieuses, longtemps ajournées doivent maintenant s’engager, car à défaut de bilan à défendre, M. Sassou devrait présenter un agenda sérieux et solide de réformes institutionnelles et sociales pour l’horizon 2030 ! Espérons aussi que les agents de E2C que nous félicitons, feront convenablement leur job et accepteront un audit sur la gestion d’Adou Danga. Le glas vient de sonner pour ACM de limoger les canards boiteux de son cabinet et de tirer les bretelles de son Okio.
Enfin, nous présentons des excuses pour n’avoir pas réagi aux nombreux appels et mails mais aussi, pour la doublure de texte dans le lead (chapeau) de notre dernier article. Cette gène a été occasionnée par une attaque à énergie dirigée qui a endommagée nos ordinateurs et appareils téléphoniques.
Ghys Fortuné BEMBA DOMBE
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