Congo-Brazzaville, la dette des générations futures

« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient », ainsi nous peuple congolais sommes en train de devenir le peuple le plus « bête du monde » à cause des multiples promesses non tenues de monsieur Denis Sassou Nguesso, le patriarche de la tribu mbochi.

Le Fonds des générations futures de 14 milles milliards de Francs CFA, soit 28 milliards de dollars américains d’alors, évaporés, s’est transformé en une dette des générations futures léguée par la chefferie mbochi à nos enfants et petits-enfants. C’est le comble de la gestion clanique du Congo-Brazzaville, un drame financier congolais où l’irresponsabilité et l’incompétence des dirigeants congolais a atteint des sommets.

Le Fonds des générations futures, jadis présenté comme une manne providentielle, a disparu dans les poches d’une oligarchie clanique. En lieu et place d’une prospérité transmise aux enfants du pays, ces derniers héritent d’un gouffre financier semblable à un puits sans fond.

La dette publique congolaise est désormais à des niveaux vertigineux jusqu’à atteindre le point culminant de l’Himalaya alors que les caisses de l’État sont vides. C’est un désastre ! Au 31 décembre 2023, la dette publique se chiffrait à 8 497,28 milliards de FCFA représentant 87,94% du PIB (produit intérieur brut) contre 8 149,54 milliards FCFA soit 93,77% du PIB en 2022. La dette publique en 2023 se décomposait en dette intérieure soit 5 017,51 milliards FCFA correspondant à 59,05% de l’encours total contre 3 479,77 milliards FCFA de dette extérieure soit 40,95% dudit encours. Les chiffres de 2024 sont en attente.

En 2024, le Congo-Brazzaville n’avait été autorisé à emprunter que 100 milliards de Francs CFA soit 150 millions d’euros sur le marché des titres publics de la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale). Pour contourner la difficulté, les financiers véreux du gouvernement congolais ont fait appel à la vache à lait du clan Sassou Nguesso, la Société Nationale des Pétroles du  Congo (SNPC) pour faire des emplettes à leurs place. Les différents déplacements en Azerbaïdjan sous la houlette de madame François Joly, qui a une main mise sur la gestion du pétrole congolais, n’avaient pour but que d’endetter davantage notre pays en hypothéquant notre pétrole contre monnaie sonnante et trébuchante afin de payer les salaires des miliciens et fonctionnaires congolais, la seule tâche que sait exercer monsieur Denis Sassou Nguesso en 42 ans cumulés de pouvoir dictatorial.

Le gouvernement congolais, incapable d’inspirer confiance sur les marchés financiers, se rabat sur des montages financiers douteux, utilisant la SNPC comme une caisse noire. Hypothéquant les richesses pétrolières du pays, monsieur Denis Sassou Nguesso et son clan empruntent à tour de bras, non pour développer le Congo, mais pour entretenir un régime fondé sur la prédation et le clientélisme.

Dans le cadre du programme global « Performance 2025 » qui vise à mobiliser 300 milliards de Francs CFA de dettes supplémentaires, la SNPC a mobilisé 100 milliards de Francs CFA auprès d’investisseurs gabonais avec pour objectif de financer le développement de nouveaux permis onshore Nanga I et Mayombe II. Le paradoxe est que le Gabon est lui-même très endetté , et peine à se financer sur le plan sous-régional. Nous sommes sans conteste devant une opération de blanchissement d’argent sale découlant des multiples détournement des Fonds congolais. Ces opérations ne visent qu’à réinjecter dans le circuit financier normal les sommes volées au peuple congolais. Les 200 milliards de Francs CFA restant seront financés par le biais d’émissions obligataires successives initiées par le directeur général du Trésor.

La Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) fait face à d’importants défis liés à sa dette, en grande partie due à des prêts adossés au pétrole, où les revenus futurs du pétrole servent de garantie. Sur son niveau d’endettement en 2019, des rapports ont révélé que la SNPC avait jusqu’à 3,3 milliards de dollars américains de dettes pétrolières non déclarées, augmentant potentiellement la dette publique totale du pays à près de 13 milliards de dollars. Parmi ces dettes, environ 2,7 milliards de dollars étaient dus à des compagnies pétrolières comme TotalEnergies, Chevron et Eni, principalement pour des coûts d’exploitation avancés au nom de la SNPC.

Dans le cadre de la restructuration et de la gestion de la dette, Trafigura, une entreprise de rang mondial de courtage pétrolier et d’affrètement maritime spécialisée dans le courtage et le transport des matières premières, est intervenu en février 2025 pour financer la SNPC afin de lui permettre de rembourser sa dette envers Glencore, une importante entreprise anglo-suisse de négoce, courtage et d’extraction de matières premières, un geste qui a attiré l’attention des institutions financières internationales. Malgré ces efforts, le Congo-Brazzaville demeure en situation de surendettement. Une analyse conjointe Banque mondiale – FMI (Fonds monétaire international) a mis en évidence que, même après restructuration, la dette publique extérieure reste insoutenable, avec des indicateurs de service de la dette dépassant largement le produit intérieur brut.

En plus des quelques centaines de millions de dollars américains versés par Trafigura à la SNPC pour épurer la dette envers Glencore, une somme excédentaire dont le montant reste inconnu permettra à l’État d’obtenir un peu de cash frais pour les prochains mois. La SNPC a déjà gagé de nombreux cargos futurs, et en premier lieu avec Trafigura, à qui la société d’État devait, avant la signature du 27 décembre 2024, encore au moins 210 millions de dollars américains. Le Fonds monétaire international (FMI), plutôt allergique aux préfinancements pétroliers, suit avec inquiétude la situation financière du pays.

De plus, pour ne pas arranger la situation financière du pays, la production pétrolière au Congo-Brazzaville a tendance à se contracter graduellement. Aujourd’hui de 270 000 barils par jour (b/j), elle tutoyait encore les 300 000 b/j en 2019 grâce au projet géant de Moho Nord, de TotalEnergies.

À titre d’illustration de la mauvaise gestion à la SNPC, « le rapport 2019 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives, avait révélé que le Congo-Brazzaville avait vendu pour 7,27 milliards de dollars américains de pétrole  en 2019. Pourtant, seuls 624,5 millions de dollars (361,3 milliards de Francs CFA ) avaient atterri dans les caisses du Trésor public, soit à peine 8,6 % du total. Si l’on additionnait l’ensemble des revenus liés aux hydrocarbures, y compris les paiements sociaux et environnementaux des sociétés extractives, les parts nettes d’impôts de la SNPC et divers prélèvements fiscaux, l’État congolais n’a capté que 1,6 milliard de dollars américains, soit 21 % des ventes totales. » L’évaporation fiscale est le jeu préféré des hommes politiques congolais au détriment du peuple qui vit dans une misère innommable. Les chiffres accablent, un hold-up d’État savamment orchestré sous le regard impuissant du peuple.

Tout ceci illustre le refus de monsieur Denis Sassou Nguesso de procéder à l’audit de la SNPC comme réclamé par le FMI.

À cette gabegie dans la gestion de la chose publique s’ajoute le récent scandale du gaz naturel liquéfié (GNL) congolais. En effet prévu à 600 000 tonnes en 2024, Tango FLNG, le navire d’exportation du GNL congolais vendu par  Exmar en 2022 à Eni bat les records de production sur le champ gazier d’Eni au Congo-Brazzaville. Cette performance remarquable devrait entraîner l’application d’une clause d’ajustement de prix prévue dans le contrat de vente du Tango FLNG avec un bonus de 44 millions de dollars américains pour Exmar au détriment de l’État congolais dont les parts restent opaques. Ainsi, 600 000 tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) représenteraient approximativement 391,76 millions de dollars américains (244 821 080 668,56 de Francs CFA), en se basant sur un prix de 14,25 USD par MMBtu sur le marché asiatique JKM. Il est important de noter que cette estimation peut varier en fonction des prix du marché, de la composition exacte du gaz et des conditions de vente spécifiques.

Pour la période 2025-2026, la production du GNL au Congo-Brazzaville est estimée à 3 millions de tonnes.

Le gouvernement congolais ne communique pas sur les recettes gazières conséquentes bien que la société pétrolière italienne Eni ait fait validé en catimini par un comité restreint au parlement l’apport des cinq (5) milliards de dollars américains investis dans l’économie congolaise sans réel impact sur la vie de nos concitoyens. Encore une opération de blanchissement d’argent sale savamment menée au Congo-Brazzaville. C’est un recyclage d’actifs volés au peuple congolais.

Le scandale du gaz naturel liquéfié vient enfoncer le clou. Le Congo-Brazzaville brasse des milliards en exportations, mais l’impact sur le quotidien des Congolais est nul. Pendant que l’élite s’enrichit dans l’opacité, la majorité du peuple croupit dans une misère révoltante.

Autant de chiffres vertigineux pour le commun des mortels qui auraient permis d’améliorer la vie des Congolaises et des Congolais. Que nenni !

À noter que lors du dernier Conseil des ministres du 12 février 2025, il est ressorti que : « La pratique de programmation qui a prévalu jusqu’au précédent exercice est proscrite. Les différents ordonnateurs doivent prendre des dispositions pour conjurer la culture de l’urgence qui s’est installée au sein de l’administration. Cette « culture de l’urgence » est en déphasage avec les règles élémentaires de la gestion de projet, la roue de Deming (PDCA) qui impliquent la planification, le déploiement (la réalisation), le contrôle (l’évaluation) et l’action (la correction). L’exemple patent de cette culture de l’urgence est le résultat des municipalisations accélérées suivies des dégradations accélérées.

Monsieur Denis Sassou Nguesso n’est pas au Congo-Brazzaville pour servir les intérêts des Congolaises et des Congolais, mais plutôt pour défendre ses propres intérêts et ceux des Occidentaux, ses maîtres.

Un peuple qui ne se rebelle pas contre l’injustice est un peuple condamné à subir l’humiliation.

Face à tant de cynisme, l’histoire jugera sévèrement ceux qui, par incompétence et cupidité, ont transformé un pays aux ressources abondantes en une nation sous perfusion financière. Mais elle jugera aussi un peuple qui, par sa passivité, tolère l’inacceptable.

« Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui coopère avec lui » disait le Révérend Martin Luther King Jr. qui marquait son engagement contre l’injustice et l’oppression, insistant sur la responsabilité individuelle et collective face aux dérives du pouvoir.

Le seul legs de la tribu mbochi au peuple congolais est une dette abyssale pour les générations futures.

Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA

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