Un semblant de pluriel ministériel dans la Bouenza ?

Il y a bien belle lurette que les filles et fils du département de la Bouenza attendent de la fumée blanche du côté de Brazzaville. Plus exactement, le district de Mouyondzi courant après une deuxième circonscription électorale aux élections législatives ; et, de son côté, le département de la Bouenza attendant d’avoir au moins deux ministres dans la même équipe gouvernementale.

Pendant que les mouyondziennes et les mouyondziens continuent de caresser l’espoir d’avoir un deuxième député, eu égard au nombre d’habitants à Mouyondzi ; il se trouve que le département de la Bouenza a quant à lui récemment eu gain de cause, suite à la nomination de M. Rigobert MABOUNDOU au gouvernement, concomitamment au maintien de Mme Jacqueline Lydia MIKOLO. Toutefois, fait surprenant, l’accueil réservé à cette nomination par les populations de la Bouenza n’a pas été des plus folichons. Les questions suivantes poussent aux dilatations des axes cérébro-spinaux avertis :

– Serait-ce le signe ultime d’un ras-le-bol des populations vis-à-vis de la politique ?

– Est-ce la réponse des populations dépitées par le repêchage d’un homme du passé et du passif, alors que la Bouenza compte d’innombrables cadres dignes et compétents, souhaitant se mettre au service de la collectivité nationale ?

En réalité, faire de la géopolitique interne dans le cadre des nominations au gouvernement n’est en rien un problème en soi. En effet, les connaisseurs de l’histoire politique française en savent un rayon sur le sujet, car ils se souviendront assurément des expressions évoquant « la recherche des grands équilibres régionaux » ou « la géographie du gouvernement » lors des désignations des gouvernements français depuis des années. Mais, quitte à intégrer une dimension géopolitique dans sa stratégie de nomination des cadres congolais au Gouvernement de la République, le Président de la République devrait penser à diversifier ses choix de cadres à promouvoir. Parce que, à toujours vouloir « recycler » les mêmes cadres, qui ont de surcroit l’outrecuidance de se prendre pour les primus inter pares alors que le bilan de leur passage au gouvernement nous dit malheureusement le contraire, le Président de la République risque de se couper définitivement des attentes et espérances des populations ; celles de la Bouenza comme celles des autres départements du pays.

En outre, cela à la conséquence de donner de la voix à ceux qui l’accusent d’être plus le chef d’un clan qu’un Chef d’Etat.

Qu’à cela ne tienne, M. MABOUNDOU est dorénavant l’un des deux enfants de la Bouenza au Gouvernement, avec sa jeune sœur et collègue, Mme MIKOLO. D’autant plus que ces nominations sont faites de toute évidence au nom de la géopolitique nationale, il est possible de se questionner sans pour autant faire œuvre de tribalisme ni de régionalisme, en ces termes :

– que peuvent en attendre les filles et fils de la Bouenza ?

– faut-il craindre une guéguerre permanente destinée pour l’un(e) comme pour l’autre à s’assurer que continuellement il ou elle sera dans les bonnes grâces du Président de la République ?

– ⁠Et si le hasard des choses pouvait faire que ces deux cadres transcendent leurs égos pour travailler aussi bien pour le Congo que pour leur département d’origine ?

Il y a des voix qui sembleraient attribuer à M. MABOUNDOU la réputation d’un manœuvrier et d’un homme d’intrigues. En vérité, cette coexistence au Gouvernement avec Mme MIKOLO est une opportunité pour lui de montrer que cette réputation est erronée et biaisée voire montée de toutes pièces et qu’il sait faire preuve d’humilité et surtout de sagesse lorsque l’intérêt général est en jeu.

Quant à Mme MIKOLO, il est à espérer qu’elle n’a pas vu d’un mauvais œil l’arrivée récente au gouvernement d’un frère de la Bouenza et qu’elle fera ce qu’il convient afin que leur coexistence gouvernementale soit hautement productive, aussi bien pour le pays que pour le département de la Bouenza. Cela pourrait passer, à titre illustratif, par l’élaboration et l’impulsion d’un projet commun pilotable à deux, impliquant et fédérant toutes les filles et les fils de la Bouenza ?

Tout bien considéré, en notre qualité de bon observateur averti, nous voudrions éviter qu’à l’orée des échéances électorales à venir en 2026, le département de la Bouenza, à l’instar d’autres départements, ne devienne un théâtre de tensions et de conflits orchestrés par les partisans des uns et des autres, en écho au positionnement et aux appétits de leurs leaders respectifs. L’ensemble des départements du Congo a besoin de vivre une période électorale majeure paisible, sans tensions mais avec plus de cohésion afin de réfléchir sereinement aux destinées de ce département dans le cadre du grand dessein du pays.

Dieuveil MAKAYA-MAKOSSO

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