En République du Congo, l’heure n’est plus aux demi-mesures, ni à l’analyse prudente ou à la diplomatie molle. Le peuple congolais vit sous un régime qui a méthodiquement détruit les fondements de l’État, étouffé les libertés, anéanti les droits sociaux, et dépossédé la nation de ses ressources. À l’approche de l’élection présidentielle prévue en 2026, une évidence s’impose : le Congo ne peut pas continuer ainsi.
Sous le règne sans partage d’un pouvoir dictatorial installé depuis quarante ans et plus, la République du Congo est devenue un paradoxe tragique : un pays immensément riche en ressources naturelles – pétrole, bois, minerais – mais dont la population est l’une des plus pauvres d’Afrique. Environ 52 % des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale (2023). L’espérance de vie stagne à 62 ans. Plus de 52 enfants sur 1 000 meurent avant l’âge de cinq ans. À peine 30 % de la population a accès à des soins de santé de base. Le taux de chômage des jeunes dépasse 40 %, condamnant toute une génération à l’exclusion, au désespoir ou à l’exil. Les hôpitaux sont délabrés, le personnel médical sous-payé, souvent en grève, et les zones rurales totalement abandonnées. Le système de santé congolais est aujourd’hui une zone sinistrée. Rien ne fonctionne, rien ne soigne, rien ne protège.
Et pourtant, dans ce pays déchiré, le pouvoir poursuit un agenda électoraliste cynique. Il prétend organiser une élection présidentielle en 2026, tout en excluant arbitrairement des partis d’opposition, en intimidant ou emprisonnant les voix dissidentes, en verrouillant un fichier électoral suspect et opaque, et en contrôlant tous les médias publics au profit du pouvoir en place. Le découpage électoral, injuste et déséquilibré, ne vise qu’à garantir un simulacre de pluralisme sans alternative réelle. Cette élection est une mise en scène, un théâtre sans public ni suspense. Une opération de légitimation d’un régime qui n’a plus rien de légitime.
Depuis la publication officielle de la liste des candidats et partis autorisés à participer à l’élection présidentielle, le spectacle offert est une provocation de plus : le pouvoir, en quête de diversion, y a intégré la candidature surprenante du pasteur Frédéric Bintsamou, alias Ntoumi. Cette décision suscite un tollé, non pas uniquement en raison de son passé controversé, mais parce qu’elle brouille délibérément les lignes de la confrontation politique. Alors que de nombreuses candidatures de l’opposition ont été écartées sans justification crédible, celle de Ntoumi est instrumentalisée pour semer la confusion et détourner le débat des véritables enjeux.
L’opposition, au lieu de dénoncer d’une seule voix l’illégitimité du processus dans son ensemble, se disperse dans une cacophonie de querelles internes et dans une vaine recherche d’un candidat unique. Elle semble prisonnière d’un agenda électoral dont elle n’a ni la maîtrise ni les garanties minimales d’équité. La société civile et la diaspora politique congolaise, longtemps silencieuses, sortent timidement de leur torpeur, mais s’engluent dans un débat stérile autour de la « probité morale » de certains candidats, oubliant que le problème est systémique, structurel, et profondément antidémocratique.
Or, la question cruciale n’est pas de savoir si tel ou tel candidat est moralement acceptable, mais bien si une élection crédible, équitable et transparente peut avoir lieu dans les conditions actuelles. La réponse est non. Tout le monde s’accorde à dire que les conditions minimales d’une élection libre et transparente ne sont pas réunies. Mais qui agit en conséquence ? Qui exige haut et fort l’annulation ou, à tout le moins, le report de cette élection jusqu’à ce que les conditions suivantes soient remplies : Un nouveau découpage électoral équitable ; la révision complète et indépendante du fichier électoral ; La mise en œuvre d’une carte électorale biométrique ; un accès égal aux médias publics et un arbitrage électoral indépendant et crédible.
Dans un tel contexte, parler de démocratie est une insulte à l’intelligence collective. Quand l’oppression devient la loi, la résistance devient un devoir. La Déclaration universelle des droits de l’homme affirme que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Elle rappelle que la volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics. Mais que faire lorsque ce peuple est exclu de la volonté politique ? Que faire quand l’urne devient un cercueil pour la démocratie ? Que faire lorsque les institutions censées protéger se retournent contre ceux qu’elles devraient servir ?
Il ne reste qu’une voie : le sursaut populaire légitime. Non pas un soulèvement anarchique ou nihiliste, mais une mobilisation de la dignité. Une résistance pacifique, coordonnée, massive, déterminée. Fondée sur le droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes. Appuyée par le devoir moral de refuser l’injustice et l’humiliation systémique. Nourrie par la solidarité active entre le Congo d’en bas et la diaspora. Et soutenue par les peuples et institutions du monde libre qui continuent de croire aux droits humains universels.
Le peuple congolais n’est pas condamné à survivre dans la peur et l’indignité. Il a le droit et le devoir de refuser une élection truquée d’avance, imposée par une clique déconnectée, usée et sourde à la souffrance nationale. C’est ici le lieu de lancer un appel solennel à l’annulation de l’élection présidentielle de 2026 dans sa forme actuelle. Par ailleurs, l’organisation d’un dialogue national inclusif s’avère nécessaire, pour refonder les institutions, assainir l’administration électorale, garantir la liberté d’expression et établir un calendrier crédible de transition démocratique. A défaut, le soulèvement populaire s’impose.
Congolaises, Congolais, la liberté ne s’octroie pas. Elle se conquiert.
Non et non, à toute tentative de corruption des consciences d’où qu’elle vienne. Non, NTOUMI n’est pas le problème, le problème c’est SASSOU. Ce faisant, nous filles et fils du Congo ferions mieux de mutualiser nos intelligences et de mettre nos grades et qualités au service de la nation, en exigeant bien que tardivement, dès maintenant l’annulation et ou le report de l’élection présidentielle de mars 2026. Autrement dit, pas d’élection présidentielle en 2026 au Congo-Brazzaville. Stop aux « querelles des universaux », version Congolaise !
Bernardin DILOU
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