Capitalisation de la dette congolaise et les dessous du voyage de M. Sassou en France

Le voyage de M. Sassou le 22 mai en France a tourné au ridicule

Aux Invalides, M. Sassou a été reçu par un ministre délégué, sans tapis rouge. De nombreux rendez-vous tels que la visite au Havre ont été annulés, surtout que sa santé ne lui permet plus de tenir de longues heures. Au MEDEF, la partie congolaise a eu de la peine à vendre la destination Congo. Bien que, la société Seureca (filiale de Veolia) se soit engagée dans la modernisation du réseau électrique du Congo, mais d’une manière générale, les sociétés françaises ne font plus confiance à l’État congolais qui paie difficilement leurs créances.

Sur le site de l’Elysée, rien ne faisait paraître une rencontre comme à l’accoutumée. En dehors de RFI, Africa intelligent et très brièvement (une seule fois) BFMTV, aucun média n’évoque ce voyage.

Il fallait s’y attendre avec Claudia Sassou qui s’appuie sur Télésud, un média qui a presque la même audience qu’une plateforme animée par un congolais ou Jeune Afrique qui ne figure plus dans le top 200 des médias de France.

Tout bien considéré, la France ne pouvait satisfaire aux demandes du Congo où :

1) les libertés fondamentales ne sont pas respectées (les sévices sur Lassy Mbouity qui nous rappellent Kala Kala torturé et le maintien en prison des détenus politiques- Okombi Salissa et Jean Marie Michel Mokoko) ;

2) le climat des affaires n’est plus garanti témoins, la dette intérieure impayée, les multiples taxes ainsi que raquetteurs qui rendent l’activité commerciale impossible ;

3) la corruption érigée en mode de gestion comme le stigmatisent de nombreux rapports des Ong et autres ;

4) la France hésite de coter le Congo avec la Beac qui ne l’avalise pas ;

5 ) bien qu’il y ait eu une revue de coopération, mais l’épée de Damoclès est toujours suspendue sur la tête des dames Françoise Joly et Antoinette Sassou né Tchibota qui n’échappent pas à la justice française;

5) Les pseudo médiations de M. Sassou sur les pays des grands lacs ont été renvoyées aux calendes grec par Donald Trump.  M. Sassou s’est contenté des miettes en recevant Oligui Nguema et les Bongo au Bristol après le job de Joâo Lourenço.

En dehors des accords sur l’environnement piloté par Arlette Soudan Nonault qui ont abouti et l’accord de partenariat énergétique (Fexte Énergie), ce voyage n’a accouché que des promesses. Car, l’Occident ne veut plus prêter aux pays qui sont en pleine année pré-électorale et notamment ceux qui soutiennent la Russie. C’est le cas du Congo qui vient de signer le plus grand contrat de dupe avec la Russie. Un contrat qui dénote l’incompétence et le sadisme des gouvernants actuels à qui la dette donne du tournis.

 Capitalisation de la dette utilisée comme ressource politique pour s’imposer

La prépondérance de la dette intérieure et la structuration des titres du Trésor public permettent à l’exécutif de contrôler les flux, de récompenser les réseaux proches, et de stabiliser politiquement les élites financières locales. C’est la principale raison de l’éviction de Roger Rigobert Andely par Anatole Collinet Makosso avec les catastrophes que l’on voit maintenant comme ce fut le cas pour le professeur Antoine Gakosso limogé pour avoir exigé que les émoluments des ministres, des parlementaires et autres soient payés à la Banque afin de prélever leurs impôts à la source.

Avec des pratiques peu orthodoxes, le remboursement massif annoncé peut aussi être interprété comme un mécanisme de recyclage rentier, voire de blanchiment institutionnel de ressources extrabudgétaires, sous couvert d’assainissement. Il faut donc un audit commandité par le ministre des Finances Christian Yoka, pourvu qu’il s’arme de courage et de détermination.

Par ailleurs, plus d’une personne se demande si Christel Denis Sassou et Cie en quittant bientôt la France pour la Chine, la Russie et le Kazakhstan, puiseront sur leurs réserves pour résorber les problèmes financiers et énergétiques des Congolais ou braderont à nouveau le Congo. Les moutons qui étaient au festin de Kiki doivent s’arranger à payer tous les fonctionnaires au même moment et non ceux de Brazzaville et Pointe Noire en priorité comme ils le mijotent.

Les recommandations extrêmes et urgentes pour une gestion et réforme crédible s’imposent pour un recentrage stratégique :

  • Adopter un cadre légal de soutenabilité budgétaire intégrant règle d’or, plafonds conditionnels d’endettement et critères de sélection des emprunts ;
  • Auditer intégralement le stock de la dette intérieure pour identifier les fameux créanciers internes de la dette de trésorerie, évaluer les conditions d’émission et mesurer les coûts cachés ;
  • Supprimer les mécanismes opaques tels que les primes d’émission codifiées par l’arrêté ministériel n°1859 de 2017 ;
  • Créer un Fonds souverain de stabilisation pour lisser les revenus pétroliers et sécuriser les remboursements ;
  • Renforcer la reddition des comptes via des publications trimestrielles certifiées, intégrant l’ensemble du portefeuille d’engagements publics.

Stabiliser la trajectoire budgétaire en opérant un basculement par : le pilotage des flux au pilotage par les règles, et de la dette comme levier politique à la dette comme outil de souveraineté économique. Enfin, la survie du Congo passe par une mise à jour de plusieurs profils de compétences.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

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