Le Congo à la croisée des richesses : transformer le pétrole en prospérité durable

Riche en pétrole, en forêts et en minerais, le Congo détient tous les leviers pour devenir l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique. Pourtant, la prospérité reste inégalement partagée. Le dernier Rapport de suivi de la situation économique et financière de la République du Congo, publié par la Banque mondiale le 25 septembre 2025 sous le titre  » Améliorer la gestion du capital produit, humain et naturel pour accroître le niveau de vie en République du Congo « , dresse le constat d’une économie en reprise, mais encore fragile. À la croisée des richesses et des choix, le Congo doit désormais transformer la rente pétrolière en véritable prospérité durable.

Une croissance encourageante, mais fragile

Avec une croissance de 2,6 % en 2024, tirée par le redressement du secteur non pétrolier, le Congo semble renouer avec une dynamique positive. Ce chiffre, salué par les institutions financières, témoigne d’une certaine résilience face aux crises récentes. Mais derrière ce rebond se cache une réalité plus complexe : la dépendance structurelle au pétrole reste profonde, les tensions sur la dette intérieure persistent, et les réformes de gouvernance avancent lentement.

Repenser la gouvernance du capital national

Le rapport de suivi économique plaide pour une refonte du modèle congolais autour d’un concept clé : la gestion du capital global, naturel, humain et institutionnel. Il ne s’agit plus seulement de produire et d’exporter, mais de transformer, investir et préparer l’avenir. La dépendance au pétrole n’est pas qu’économique : elle est psychologique. Elle influence les politiques, oriente les choix budgétaires et bride la créativité entrepreneuriale.

Sept leviers pour un nouveau départ

Le rapport identifie sept priorités pour bâtir une économie plus résiliente et inclusive :

  1. Créer un fonds souverain de stabilisation pour amortir les chocs pétroliers.
  2. Accroître les recettes non pétrolières, grâce à une fiscalité modernisée et à une meilleure mobilisation des ressources domestiques.
  3. Renforcer la transparence budgétaire et la gestion de la dette publique.
  4. Investir massivement dans le capital humain, éducation, formation et santé, pour bâtir une main-d’œuvre qualifiée.
  5. Valoriser le capital naturel, notamment par la gestion durable des forêts et la finance verte.
  6. Améliorer le climat d’affaires afin de soutenir les PME locales et attirer les investisseurs.
  7. Promouvoir une gouvernance participative et redevable, en impliquant davantage la société civile et les citoyens.

De la richesse du sol à la richesse du peuple

Le véritable défi du Congo n’est pas de produire davantage, mais de mieux transformer. Transformer la rente pétrolière en investissements productifs. Transformer les ressources naturelles en infrastructures durables. Transformer la richesse du sol en richesse du peuple. Car une économie ne se mesure pas seulement à son PIB, mais à sa capacité à offrir de l’emploi, des soins et des perspectives à sa jeunesse.

Oser la transformation durable

Le Congo est à la croisée des chemins. Soit il reste prisonnier de la dépendance pétrolière, soit il s’engage résolument sur la voie d’une prospérité partagée et durable. Ce choix demande du courage politique, de la transparence et une vision claire de l’avenir. Les réformes proposées ne sont pas un luxe : elles sont une nécessité historique. Le pays dispose des ressources, des talents et de l’énergie pour réussir. Encore faut-il oser les mobiliser, avec lucidité et détermination. Le Congo a tout pour devenir un modèle africain de transformation durable. Le moment d’agir, c’est maintenant.

Somme toute, le Congo a l’opportunité de transformer ses richesses naturelles en prospérité durable. Pour cela, il est essentiel de mettre en place des réformes profondes et de promouvoir une économie plus résiliente et inclusive. Le temps de l’action est venu.

Charles Abel Kombo

Économiste et observateur des politiques publiques, passionné par l’analyse et la politique économiques.

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