Depuis la décision prise par l’administration Trump de restreindre l’octroi de visas à certains pays africains, dont la République du Congo, un climat de tension et d’incompréhension s’est installé dans certaines couches de la population congolaise. Si les raisons officielles évoquées par Washington sont liées à des problèmes migratoires et au non-respect des délais de séjour, des voix s’élèvent localement pour accuser, à tort, certaines communautés étrangères, notamment la communauté libanaise.
Une mesure américaine, des conséquences locales
Le 05 juin 2025, l’administration de Donald Trump a mis en place des restrictions de visas à l’encontre de plusieurs pays, citant des problèmes liés à la sécurité et à la gestion des durées de séjour. Le Congo-Brazzaville figure sur cette liste après que de nombreux Congolais ayant obtenu des visas de tourisme ou d’affaires aient dépassé la durée légale de leur séjour, se retrouvant en situation de séjour illégal.
Selon le Département d’État américain, une proportion significative de voyageurs congolais ne respectaient pas les conditions de leur visa, ce qui a contribué à la décision d’interdire l’obtention de visas.
Une frustration mal orientée
Malheureusement, dans ce contexte de frustration, des discours empreints de soupçons et de ressentiment ont émergé à Brazzaville. Une partie de la population en est venue à accuser la communauté libanaise d’avoir influencé, voire favorisé, cette interdiction. Ces accusations, fondées sur des rumeurs, ignorent les raisons profondes de la décision américaine et contribuent à une dangereuse stigmatisation.
Pourtant, aucun élément tangible ne permet d’affirmer que la communauté libanaise — historiquement bien implantée au Congo et souvent active dans le commerce — ait eu un rôle quelconque dans la politique migratoire des États-Unis. Ces accusations semblent davantage refléter une volonté de trouver un bouc émissaire que d’analyser objectivement la situation.
Une responsabilité partagée mais claire
Il convient de rappeler que la décision américaine repose principalement sur le comportement des bénéficiaires de visas eux-mêmes. De nombreux Congolais ont abusé de leur statut de visiteur pour tenter une installation clandestine aux États-Unis, espérant régulariser leur situation sur place ou échapper aux difficultés économiques dans leur pays d’origine.
Plutôt que de blâmer des communautés étrangères qui n’ont rien à voir avec ces choix individuels, une prise de conscience collective s’impose : le respect des lois migratoires est une condition sine qua non pour maintenir des relations diplomatiques équilibrées et préserver l’accès aux visas pour tous.
Appel à l’unité et à la lucidité
Dans un contexte international de plus en plus rigide en matière d’immigration, le Congo-Brazzaville doit se tourner vers l’éducation civique de ses citoyens en matière de voyage, de droit international et de responsabilité individuelle. En parallèle, les autorités congolaises gagneraient à dialoguer avec leurs partenaires étrangers afin d’assainir la situation et regagner progressivement la confiance des chancelleries occidentales.
La stigmatisation d’une communauté étrangère ne peut en aucun cas constituer une solution. Pire, elle risque d’attiser les divisions et de ternir l’image du Congo, connu pour sa tradition d’hospitalité et de coexistence pacifique.
La question des visas américains est un sujet sérieux qui mérite d’être abordé avec rigueur et maturité. Ce n’est qu’en regardant les faits en face — sans céder aux raccourcis faciles ou aux théories du complot — que la société congolaise pourra avancer vers une solution juste, durable et respectueuse des uns et des autres.
Marcel Loumingou Bamanissa
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